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Claire Basini (E98), CDO du Groupe Canal+ : « Le digital impacte toutes nos activités »

Interviews

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03.07.2017

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Claire Basini (E98) a été nommée Chief Digital Officer du Groupe Canal+ en septembre. 6 mois après son entrée en fonction, elle nous livre ses premières impressions.

ESSEC Alumni : Le groupe Canal+ voit-il le digital comme un prolongement de ses activités ou comme une nouvelle activité à part entière ? 

Claire Basini : Les deux ! Le digital nous permet de diffuser nos contenus plus largement et de toucher un public différent de celui de l’antenne – d’autant que nous adaptons nos programmes aux codes et aux usages de chaque plate-forme : la durée d’écoute et la façon de consommer de la vidéo par exemple varient selon qu’on consulte Facebook ou Youtube. Sur nos programmes événements, nous poussons la logique plus loin en imaginant des dispositifs originaux. Pour le lancement de la série Création Originale The Young Pope, on a développé avec Watson, l’intelligence artificielle d’IBM, un Young Pope digital qui scannait les commentaires des internautes à connotation « péchés capitaux » et répondait en « prêchant la bonne parole » avec des versets de la Bible… Objectif : proposer une innovation qui crée de l’intérêt et de l’engagement.
Le digital nous permet également d’identifier de nouveaux talents – comédiens, auteurs, réalisateurs… C’est par exemple la mission de Studio Bagel, un Multi-Channel Network YouTube racheté en 2014, qui accompagne et développe des humoristes issus du digital. Ce côté laboratoire est également porté par nos chaînes digitales comme Clique sur la culture avec Mouloud Achour, Jack sur la musique ou Détours sur l’innovation.
De plus en plus, le digital et l’antenne s’enrichissent : le digital permet d’aller plus loin (versions longues d’émission, débriefs de match complémentaires…), de nouer une relation plus directe avec nos prospects et abonnés (développement des live avec nos incarnations antenne) et de tester des choses qui nourriront à terme nos antennes.

EA : Le groupe Canal+ mise-t-il sur le digital pour renouer avec la croissance ?

C. Basini : En tant que média, le digital impacte toutes nos activités : les contenus comme on vient de le voir, mais aussi leur distribution et la façon de les consommer. Le digital ouvre donc de nombreuses perspectives pour toutes nos activités.
Prenons l’exemple de l’expérience client : nous concentrons nos efforts sur MyCanal, plateforme vidéo unique déclinée en site et en application, qui donne accès à toutes les chaînes en live et en replay avec plus de 15 000 contenus disponibles à la demande, ainsi qu'à des fonctionnalités exclusives (download-to-go, retour 8h en arrière sur le live…). Mycanal a été téléchargé 10 millions de fois et est utilisé chaque jour par 2 millions d’utilisateurs. Pour le dernier Classico, nous avons eu des pics de conso à 600 000 streams… MyCanal est disponible sur les télés connectées et notamment sur les Apple TV avec une expérience enrichie sur le sport entre autres (multi-live possible jusqu’à 4 flux, statistiques, profils des joueurs, notifications personnalisées) et la commande vocale.
Depuis quelques mois, nous proposons également de nouvelles offres digital only, donnant accès à tous les écrans sauf celui TV, moins chères et sans engagement, qui ciblent des populations plus jeunes, plus mobiles et qui s’avèrent particulièrement pertinentes lors des grands événements en direct comme les matchs de foot, en facilitant l’achat d’impulsion.
Le digital est aussi un relais de croissance pour notre régie. On a des communautés très importantes sur les réseaux sociaux, avec 40 millions de fans sur Facebook, 14 millions d’abonnés et 50 chaînes sur YouTube, et 1,6 milliard de vidéos vues en 2016 (hors Facebook).

EA : En interne, comment le groupe Canal+ gère-t-il sa transition digitale ? 

C. Basini : Nous développons une approche globale et transversale de la question. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’ensemble des équipes et entités en coordonnant les initiatives et en mobilisant une équipe référente et experte garante de la cohérence, de la diffusion des best practices et des tendances émergentes… Bref, nous essayons d’être les plus agiles possibles et d’agir sur l’organisation, les process et les outils pour mettre l’utilisateur et le client au centre de toutes nos actions.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)

 



Illustration : Claire Basini

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