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Fanny Fournier (E07), responsable mécénat à l’Opéra de Bordeaux : « Le mécénat pallie la baisse des subventions publiques dans la culture »

Interviews

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12.10.2018

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De l’Opéra Garnier à Paris à l’Opéra National de Bordeaux, Fanny Fournier (E07) compose une belle partition dans le domaine du mécénat depuis bientôt 10 ans. Rencontre.

ESSEC Alumni : Comment êtes-vous passée d’une école de commerce à l’Opéra National de Bordeaux ?

Fanny Fournier : J’ai intégré l’ESSEC en 2004, et à l’époque, contrairement à aujourd’hui, les écoles de commerce n’encourageaient pas forcément ce type de carrières… J’ai donc affiné mon profil en poursuivant par un master à Sciences Po Paris en communication, puis en prenant des cours du soir à l’École du Louvre. Après plusieurs expériences en marketing dans de grandes entreprises (Danone, Quiksilver, Bolloré), j’ai enfin rejoint le secteur culturel, en devenant chef de projet dans un cabinet de conseil en stratégie spécialisé, créé par Julien Bernard (E97). J’étais chargée d’aider des institutions comme le Château de Chambord, l’Opéra de Lyon ou la Mona Bismarck Foundation à mettre en place une politique de développement en utilisant les outils du secteur privé : gestion financière, marketing, communication… Puis l’Opéra national de Paris m’a offert le poste de responsable du mécénat d’entreprises. Au bout de quelques années, souhaitant me rapprocher du Pays Basque, ma région d’origine, j’ai proposé à l’Opéra National de Bordeaux de faire appel à mes services pour une mission d’audit et d’accompagnement sur la création d’une politique de mécénat ; j’ai ainsi pu en quelques mois leur démontrer l’utilité et le potentiel d’une telle approche. Un important contrat de mécénat, négocié avant la fin de cette mission, a achevé de convaincre la direction de me recruter.

EA : Quel plan d’action avez-vous mis en place une fois en poste ? 

F. Fournier : J’ai d’abord établi un diagnostic global de la situation et dressé un état des lieux des relations avec le secteur privé. Puis j’ai émis mes premières recommandations (structuration de l’offre à destination des entreprises, coordination des démarches existantes, identification des projets porteurs…) avec pour visée de consolider l’ensemble des démarches existantes et d’attirer de nouveaux mécènes. En parallèle, j’ai effectué tout un travail d’information et de pédagogie en interne comme en externe pour assurer l’adhésion au projet.

EA : Quels ont été les résultats de ces premières mesures ?

F. Fournier : Le nombre d’entreprises mécènes, tout comme le niveau de leurs contributions, ont largement augmenté sur la dernière année. Nous sommes désormais identifiés comme un partenaire de choix par les entreprises, pour développer leur image de marque ou mettre en place des opérations de relations publiques de prestige. Preuve de cette notoriété grandissante, certaines nous sollicitent désormais directement, via notre site Internet ou nos supports de communication. Autre indicateur de succès : une large adhésion à cette démarche en interne.

EA : Que vous reste-t-il à accomplir ?

F. Fournier : Le chemin est encore long ! La part du mécénat dans le financement global de l’Opéra National de Bordeaux doit encore être renforcée, dans un contexte de baisse des subventions publiques. De ce point de vue, nous gagnerions d’ailleurs à développer le mécénat des particuliers, aux côtés de celui des entreprises. Plus largement, nous souhaitons faire du Grand-Théâtre un lieu de rencontre et d’échange pour l’ensemble des acteurs économiques du territoire. Et pourquoi ne pas se tourner aussi vers des mécènes étrangers, sensibles à la culture française et à la région bordelaise ?

EA : Est-il différent de chercher des mécènes pour l’Opéra de Bordeaux et pour l’Opéra de Paris ? 

F. Fournier : À Paris comme en région, le mécénat est une source de financement de plus en plus importante pour les acteurs culturels, permettant de pallier la baisse des subventions publiques et d’accompagner l’émergence de nouveaux projets. Mais si dans les grands établissements parisiens la fonction mécénat est déjà structurée depuis de nombreuses années, en région, elle commence seulement à se développer – avec quelques exceptions, comme la Cité du Vin par exemple.
En outre, les échelles sont bien évidemment très différentes : globalement, les montants engagés sont divisés par 10 entre Paris et la province. Et s’il est possible de susciter l’intérêt des grandes entreprises et fondations implantées dans la capitale, notamment grâce à la forte attractivité de Bordeaux aujourd’hui, nous avons surtout à cœur de développer les liens avec les acteurs locaux, au premier rang desquels ceux du secteur du vin. Mais pas seulement : la métropole bordelaise compte également des fleurons de l’économie française dans les domaines du e-commerce, de l’aéronautique et du bâtiment.
Au-delà de ces différences, la passion pour l’institution que l’on sert reste la même. Certains lieux font rêver, et le Grand-Théâtre de Bordeaux en fait partie au même titre que le Palais Garnier : je ne me lasse toujours pas d’y entrer chaque matin pour rejoindre mon bureau.

EA : Que peuvent faire les ESSEC pour soutenir l’Opéra National de Bordeaux ?

F. Fournier : Vous pouvez tout d’abord nous aider à mieux faire connaître les activités de l’Opéra National de Bordeaux et l’ensemble de ses offres à destination des entreprises. Nous avons besoin de plus visibilité : un haut dirigeant d’Engie rencontré à mes débuts m’a avoué qu’il pensait qu’on ne donnait plus de spectacles au Grand-Théâtre !
Vous pouvez ensuite assister à nos représentations, partager notre programmation, louer nos espaces de réception, faire appel à nos services pour des soirées de relations publiques autour de nos spectacles ou encore à nos forces artistiques pour des performances…
Vous pouvez enfin aller encore plus loin en devenant vous-même mécène avec votre entreprise. Soutenir l’Opéra National de Bordeaux, c’est s’associer à une maison de tout premier plan et devenir acteur de son territoire. Nous sommes le premier employeur dans le secteur du spectacle vivant en Nouvelle-Aquitaine, et le seul opéra en région à disposer de 3 forces artistiques « maison » : un Orchestre, un Ballet et un Chœur. Qu’il soit affecté à la programmation de l’Opéra, à ses artistes ou aux grands projets de la maison (tournées en région, missions pédagogiques…), et quel qu’en soit le montant, votre soutien est essentiel pour assurer la vitalité artistique et le rayonnement de l’institution. Chaque partenariat est construit de façon personnalisée, en fonction des attentes du partenaire : nos mécènes et sponsors bénéficient ainsi de contreparties inédites et sur-mesure – visibilité, accès privilégié aux spectacles et aux répétitions, mise à disposition d’espaces de réception, rencontre avec les artistes, visites privées des coulisses…

EA : Au-delà du mécénat et de la vie culturelle, confirmez-vous l’attractivité de Bordeaux dont les médias se font écho depuis quelques années ? 

F. Fournier : De fait, les néo-Bordelais sont de plus en plus nombreux, et la tendance ne me paraît pas prête de s’inverser. Certes, le nombre d’opportunités professionnelles, tout comme le niveau de rémunération auquel on peut prétendre, ne sont pas les mêmes qu’à Paris. Mais je ne connais personne qui ait regretté son choix de s’installer à Bordeaux, tant la ville a des atouts, en termes de qualité de vie bien sûr, mais aussi de dynamisme économique, social et culturel. Je suis d’ailleurs régulièrement contactée par des anciens ESSEC qui souhaitent s’implanter dans la région. De fait, le réseau revêt une importance capitale ici : nous avons la chance d’avoir un club régional actif, il ne faut pas hésiter à s’en rapprocher. À noter d’ailleurs, ses membres se retrouveront en fin de saison pour une soirée de ballet exceptionnelle au Grand-Théâtre de Bordeaux !

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

 

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