Il est temps de changer de modèle: de Milton Friedman à Edward Freeman - Pour une entreprise "accountable"
04.30.2022
Adrian Zicari est professeur à l'ESSEC. Docteur en sciences de gestion (Universidad Nacional de Rosario, Argentine), MBA (Universidad Adolfo Ibáñez, Chile), Certication Chartered Financial Analyst (CFA). Il a été contrôleur de gestion des hôpitaux en Argentine.
Une démarche de transformation est avant tout une occasion d’aller à la rencontre de ses parties prenantes pour comprendre les effets de ses activités dans leur globalité et pour mieux les gérer, d’une façon plus responsable aux plans social et environnemental mais aussi plus durable économiquement.
Voir plus loin que la loi et faire de cette démarche un levier de performance, est bénéfique pour toute l'entreprise !
ESB: " Professeur Zicari, comment? comment changer le modèle d'affaire? Nous sommes tous informés des enjeux sauf à vivre dans une caverne. Pourtant, chacun de nous se retrouve démuni dans son organisation professionnelle pour proposer une transformation profonde sans mettre en danger l'entreprise qui fait vivre un écosystème, des familles, des citoyens. "
Adrian Zicari :"Si vous êtes en train de lire cette note, c’est parce que vous vous posez déjà la question, comment faire évoluer mon entreprise ? On part du principe qu’on est d’accord sur le besoin du changement, et qu’on n’a pas à débattre sur l’urgence climatique, la pollution ou le besoin de contribuer à la société. On serait aussi d’accord pour une évolution, certes graduelle, mais réelle, des modèles d’affaires (oui, les «business models »). Bien entendu, on veut aller au-delà de la conformité. On est conscient du besoin de respecter les normes, mais on sait bien que parfois l’important est ailleurs. On doit donc réfléchir à comment faire ce changement.
Je vous propose un modèle d’analyse qui peut vous donner des pistes pour votre démarche. C’est le modèle de parties prenantes (« stakeholders »), développé par R.Edward Freeman, à l’Université de Virginie. Je vous invite d’ailleurs à regarder cette vidéo que Freeman a enregistré lors de sa dernière visite à l’ESSEC :
https://www.youtube.com/watch?v=epxmG3YRgok&t=12s
"On the occasion of the IIES annual conference, the ESSEC Chair for Social entrepreneurship, along with the Center for Capitalist, Globalization and Governance were pleased to invite R. Edward Freeman, University Professor at the Darden School of Business; Elis and Signe Olsson Professor of Business Administration and foremost expert on issues related to stakeholder engagement and corporate ethics."
L’idée est assez claire. L’entreprise a besoin d’une multitude des parties, pas seulement des investisseurs. Certes, les actionnaires ont un rôle très légitime, et on ne peut pas s’en passer. Mais aussi les employés, les clients, les fournisseurs ont un rôle dans la vie de l’entreprise. Bien évidemment, la planète aussi. On ne peut pas avoir une entreprise réussie sans clients satisfaits, qui n’arrive pas à garder ses employés, qui peine à avoir des fournisseurs stables ou qui pollue.
Selon cette vision de parties prenantes, le rôle du manager est de trouver un équilibre entre tous ces parties, sans oublier pour autant les actionnaires. Certes, c’est une approche ambitieuse, qui demande beaucoup des managers. Pas seulement ils sont appelés à comprendre et à agir face à des demandes différentes, et potentiellement opposés des toutes les parties prenantes, mais aussi à faire réussir l’entreprise réussisse avec l’ensemble les parties prenantes. Voilà la réussite qui vaut la peine. La sorte de réussite qu’on voudrait pour un ESSEC alumni."
ESB: "Merci Professeur pour votre éclairage. Les sociétés doivent s'adapter, le but le plus profond n'est plus que le profit. Aussi les outils actuels sur lesquels nous comptons pour les résoudre (responsabilité sociale des entreprises, désinvestissement, investissement d'impact et contrôle gouvernemental) risquent d'aggraver nos problèmes: la pensée économique actuelle doit révéler une vérité pleine d'espoir : si nous pouvons rendre nos entreprises responsables d'un objectif plus profond, nous pouvons rendre le capitalisme à la fois prospère et bon.
Déjà des exemples motivants: le PDG d'Unilever, axé sur la durabilité, affrontant Warren Buffett, obsédé par l'efficacité; des étudiants d'Havard interrogeant le modèle de capitalisation de leur école; des entreprises de l'énergie pivotant vers le durable; les géants du bâtiment analysant les opportunités de l'économie circulaire et du facility management.
A chacun de nous de relever ce challenge."
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