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Jean-Michel Chalayer (C09), entrepreneur à Londres : « Le Brexit a cassé une dynamique »

Interviews

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03.31.2017

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Jean-Michel Chalayer (C09) s’est installé à Londres en 2014 pour lancer LeSalon, application de mise en relation avec des professionnelles de beauté freelance. Comment le Brexit impacte-t-il son activité ? Témoignage en direct d’outre-Manche.

ESSEC Alumni : Qu'est-ce qui a déjà changé pour vous et pour les entrepreneurs expatriés au Royaume-Uni depuis le Brexit ?

Jean-Michel Chalayer : Le Brexit a cassé une dynamique. Quand je suis arrivé ici, Londres était la capitale européenne des start-up. Des créateurs d’entreprises venus du monde entier s’installaient ici pour développer leur projet. Beaucoup y voyaient une étape indispensable pour l’expansion à l’internationale.
Maintenant, on constate que les entrepreneurs se tournent vers des destinations qu’ils n’auraient peut être pas envisagées auparavant, telles que Paris, Berlin ou Lisbonne, où l’écosystème semble offrir plus de dynamisme et de perspectives, et où les prix deviennent plus compétitifs – certains produits de grande consommation ont augmenté de 20 % dans les supermarchés britanniques !
Mais il ne faut pas dramatiser non plus. Selon KPMG, le montant des fonds levés en 2016 par des start-up à Londres reste plus élevé que celui des start-up en France et Allemagne réunies, grâce notamment à une accélération lors du T4 2016… Ironique.

EA : Comment gère-t-on l’incertitude liée au Brexit ?

J-M. Chalayer : Personne ne sait quelle sera l’issue des négociations mais il n’en est pas moins clair que la situation du Royaume-Uni dans l’Union Européenne ne sera pas aussi favorable qu’elle l’était avant. Dans le meilleur des cas il y aura peu de changement ; dans le pire des cas le pays se coupera complètement de l’Union Européenne.
Ceci étant posé, n’oublions pas que l’incertitude fait partie intégrante de la vie d’un entrepreneur. L’attentisme ambiant ne nous empêche pas d’avancer – bien au contraire ; c’est un contexte intéressant pour prendre des parts de marchés et se différencier. Par ailleurs, en ce qui concerne LeSalon, notre marché est très local et les entreprises innovantes comme la nôtre sont plus flexibles et agiles pour réagir aux nouvelles contraintes.
Et puis après tout, les gens ont besoin de se changer les idées ; et quoi de mieux qu’un soin de beauté à domicile pour décompresser ? (rires)

EA : Avez-vous dû réviser votre modèle à cause du Brexit ?

J-M. Chalayer : Le modèle LeSalon est déjà un modèle du futur puisque nous surfons sur l’ubérisation des prestations de services. En éliminant des charges fixes lourdes, nous offrons à nos clients des services de qualité à des prix abordables et à des heures et lieux convenant à leur emploi du temps. Nos prestataires de leur côté sont mieux payés qu’ils ne le seraient en institut et peuvent travailler quand ils le souhaitent.
Dans le contexte du Brexit, notre offre devient encore plus concurrentielle qu’auparavant car les clients sont plus regardants sur les prix ; or nous proposons des tarifs plus attractifs pour un niveau de qualité équivalent voire supérieur.
De plus, l’industrie des services de beauté est connue pour être anti-cyclique : les consommateurs ne pouvant plus se permettre de grosse folie, ils se tournent vers des services moins coûteux qui leurs permettent d’assouvir leur envie de bien être.
Nous avons cependant commencé à sonder les autres villes européennes pour compenser une possible baisse de la demande au Royaume-Uni. Paris est une destination de choix mais d’autres villes comme Amsterdam, Berlin ou Lisbonne s’avèrent aussi très dynamiques.

EA : Si vous lanciez votre entreprise aujourd'hui, choisiriez-vous encore le Royaume Uni ?

J-M. Chalayer : Je pense que le choix n’aurait pas été aussi clair qu’il ne l’a été en 2014, et que l’incertitude liée au Brexit et en particulier au sort réservé pour les travailleurs venant de l’Union Européenne m’aurait dissuadé de venir à Londres.
Surtout quand on regarde la situation dans les autres pays européens, où la croissance repart ! Je pense tout particulièrement à la France, où la perspective d’une présidence Macron me paraît extrêmement porteuse pour la prise d’initiative individuelle et la création d’entreprise.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)

 



Illustration : © Pixabay
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