Julien-Walid Goudiard (E03), JLL France : « Nous bâtissons la ville de demain »
Julien-Walid Goudiard (E03), directeur conseil & AMO de JLL France, a été distingué dans le classement Choiseul Ville de demain 2018 et 2019. Une récompense méritée pour cet électron libre de l’immobilier qui s’engage au quotidien afin de bâtir une ville plus durable, plus inclusive, plus responsable.
ESSEC Alumni : Votre diplôme d’école de commerce détonne dans le milieu professionnel où vous évoluez. Comment avez-vous fait pour vous imposer ?
Julien-Walid Goudiard : Le point de départ, c’est la confiance de JLL. Mon patron a considéré que j’avais ma place dans son équipe malgré le fait que je venais du conseil et que je n’avais jamais exercé dans l’immobilier. Il a eu l’intuition que cette originalité était précisément mon atout : quand on n’est pas expert, on se pose plus de questions, on privilégie le bon sens aux réflexes. De fait, le bagage analytique acquis dans le conseil – et avant cela, à l’ESSEC – m’a donné la souplesse nécessaire pour appréhender ce nouveau métier. Le bagage technique, je l’ai acquis par la suite, sur le terrain.
EA : Quelle a été votre évolution chez JLL ?
J.-W. Goudiard : J’ai eu trois vies au sein du groupe. Première vie : je me suis initié aux transactions immobilières. Deuxième vie : je me suis formé à la maîtrise d’ouvrage, c’est-à-dire au pilotage des développements immobiliers du montage jusqu’au chantier. J’étais le seul dans l’entreprise à assumer cette fonction sans être ingénieur ni architecte, et c’est là que j’ai pris la mesure de l’impact très concret qu’ont nos activités sur la ville et la vie des gens. Troisième vie : j’ai pris un poste de direction, et découvert le management, le recrutement, l’accompagnement des talents.
EA : Vous gérez des projets complexes, avec des équipes pluridisciplinaires. Comment ce dialogue s’opère-t-il ?
J.-W. Goudiard : Je crois beaucoup à la subsidiarité. Il faut que chaque collaborateur, quel que soit son niveau de séniorité, ait conscience de sa liberté comme de l’impact de ce qu’il fait, et donc de sa responsabilité. C’est un équilibre délicat à trouver entre l’incitation à l’esprit d’initiative et le respect des règles de la multinationale, JLL, pour laquelle nous travaillons. J’ai fait appel à une consultante interne de JLL spécialisée en conduite du changement pour déployer cette culture dans mon équipe.
EA : Quels projets vous ont-ils particulièrement marqué ?
J.-W. Goudiard : Si je fais ce métier, c’est pour créer de la valeur pour mes clients tout en contribuant à la ville de demain – amélioration de la qualité de vie, réduction de l’empreinte écologique, résorption des inégalités sociales et territoriales. Je suis donc particulièrement fier d’avoir participé à de grands projets de redéveloppement urbain comme celui de l’ancienne usine de Pernod à Créteil, qui a laissé la place à un éco-quartier de 600 logements, celui de l’ancien site de R&D de PSA à Garenne Colombes qui accueille désormais le futur siège d’Engie et de nombreux équipements et logements, ou encore nos nombreuses opérations qui participent à la régénération de la ville sur elle-même au sein du Grand Paris (renouveau des Champs-Élysées aux numéros 26, 79 et 150, redéveloppement de la Poste du Louvre, renouveau de La Défense…).
EA : Quelles réponses les acteurs du secteur immobilier peuvent-ils apporter aux enjeux de société actuels ?
J.-W. Goudiard : Côté construction, on peut privilégier le réemploi des matériaux, le développement des filières sèches et décarbonées, la rénovation… Bref, revoir l’intégralité de la matrice productrice des villes en France, pour accélérer la transition verte.
Côté usages, on peut revoir la conception même des espaces et optimiser leurs externalités postives, en intégrant mieux les parcours, le digital et les préoccupations RSE dans les cahiers des charges. Le mouvement est déjà en marche, mais les marges de manœuvre restent importantes !
EA : Selon vous, à quoi ressemblera la ville de demain ?
J.-W. Goudiard : La ville doit être mise au service de ses habitants. Les logements, les bureaux, les écoles, les lieux publics – tout doit être pensé dans l’optique d’offrir une meilleure qualité de vie. Transports mieux dimensionnés, habitats plus abordables, espaces plus accessibles, trajets optimisés… On ne peut plus concevoir la ville comme un stock immobilier, mais comme un ensemble de flux et d’usages. C’est la vraie révolution à mener.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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