Back to news
Next article
Previous article

Sébastien Henry (E94), spécialiste de la sagesse en entreprise : « La pratique de la sagesse a changé ma vie »

Interviews

-

05.28.2018

Désolé, ce contenu n'est pas disponible en English

Sébastien Henry (E94) s’est donné pour mission de transmettre les principes de la sagesse et de la méditation aux hommes et femmes d’entreprise, pour les aider et les responsabiliser dans leurs activités et décisions. Rencontre à l’occasion de la sortie de son livre Ensemble : agir pour soi et pour les autres.  

ESSEC Alumni : Comment en êtes-vous venu à écrire cet ouvrage ? 

Sébastien Henry : Je me suis aperçu au bout de 20 années d’exploration active de notre héritage de sagesse (philosophie occidentale et orientale, traditions des peuples premiers, grandes religions…) que celui-ci représentait un véritable trésor pour les personnes tournées vers l’action. Il a en effet une dimension très pratique, avec de nombreux exercices permettant de trouver un enrichissement pour soi-même, mais aussi de nourrir son engagement pour les autres. J’avais envie avec ce livre de partager ces pratiques, dont certaines sont peu connues, avec le plus grand nombre possible de personnes.

EA : Dans votre préface, vous dites vouloir rapprocher les acteurs du changement, tournés vers l’action et le monde extérieur, et ceux du développement personnel, tournés vers l’introspection et l’intériorité. Comment réconciliez-vous ces deux démarches apparemment contradictoires ? 

S. Henry : Dans mon expérience, et celle de dirigeants que j’ai accompagnés, ces deux logiques se réconcilient très bien lorsque nous découvrons qu’accorder davantage d’attention aux racines intérieures de notre engagement permet à notre action et à nos paroles de gagner en justesse, mais aussi en puissance et en rayonnement. Se fixer des objectifs utiles aux autres ne constitue pour moi qu’une partie du chemin : l’autre moitié consiste à travailler sa propre intériorité. C’est ici que notre héritage de sagesse s’avère particulièrement précieux.

EA : Votre livre mêle traditions de sagesse du monde entier et enseignements des sciences cognitives. Quels sont les liens, les points communs entre toutes ces disciplines ? 

S. Henry : Ce qui est passionnant en ce moment, c’est que des travaux scientifiques récents redécouvrent et donnent une nouvelle crédibilité à des enseignements de sagesse ancestraux. C’est le cas par exemple pour la gratitude. La plupart des traditions de sagesse insistent sur l’importance de la gratitude. Mais ce postulat est souvent perçu comme un précepte moral, que l’on a alors envie de rejeter. L’apport de la psychologie positive au cours de la dernière décennie a été de montrer que les personnes qui s’entraînement régulièrement à la gratitude, notamment en faisant l’effort de prendre quelques minutes chaque jour pour identifier 3 choses pour lesquelles elles se sentent reconnaissantes, sont aussi plus heureuses.

EA : Appliquez-vous au quotidien tous les exercices que vous proposez à vos lecteurs ? 

S. Henry : Oui, c’est pour moi essentiel de ne parler que de ce que je connais par expérience directe. Ce qui ne veut bien sûr pas dire que je « réussis » toujours ces exercices. Je me sens en chemin moi-même – avoir la chance de rencontrer régulièrement des maîtres de sagesse donne d’ailleurs une bonne idée de l’ampleur du chemin restant à parcourir !

EA : Quel impact cela a-t-il sur votre vie ? 

S. Henry : Je peux dire avec certitude et sans exagération que ma vie s’est peu à peu transformée. Si je compare avec celui que j’étais il y a 15 et même 5 ans, je me sens beaucoup plus épanoui, plus profondément heureux, et en empathie avec un plus grand nombre de personnes. Ces exercices m’ont aussi aidé à renouer avec plusieurs engagements associatifs, comme lors de la décennie qui a suivi mes études à l’ESSEC. Dix ans d’entreprenariat en Asie m’ont ensuite éloigné de ces engagements, mais cela a été un vrai bonheur de m’y replonger. J’ai éprouvé une sensation de retour à moi-même, en fait.

EA : Parmi tous ces exercices, lequel conseilleriez-vous particulièrement aux ESSEC ? 

S. Henry : J’aime particulièrement un exercice qui s’appelle « Prendre et donner », issu de la tradition bouddhiste tibétaine. Je ne suis pas bouddhiste moi-même, mais j’aime beaucoup la dimension pratique que l’on peut trouver dans plusieurs traditions propres à cette philosophie. L’exercice en question invite à imaginer, en se calant sur son souffle, qu’à chaque inspiration on allège une personne en souffrance de tout ce qui lui pèse ou de tout ce qui est sombre pour elle ; puis, à l’expiration, qu’on lui envoie une force, une lumière, dont elle pourrait avoir besoin pour traverser cette période difficile. J’utilise beaucoup cette technique dans l’accompagnement de personnes en fin de vie, que je pratique depuis deux ans en tant que bénévole. Mais elle peut être aussi très précieuse pour des managers et dirigeants qui sont confrontés à des personnes en difficulté dans leur équipe. Tandis que les gens câblés pour l’action ont tendance à toujours vouloir tenter de résoudre les problèmes, cet exercice nous invite avant tout à veiller à la qualité de notre présence. C’est parfois ce qui compte le plus pour la personne concernée.

EA : Vous avez quitté une vie d’entrepreneur accompli pour vous consacrer à la recherche de la sagesse. Est-il possible d’intégrer votre approche et vos conseils dans une vie active plus « classique », entre travail à temps plein, famille et sorties ?

S. Henry : Je souris en entendant votre question. Entre mes engagements associatifs, mon activité professionnelle et ma famille, je suis exposé à beaucoup des risques et des contraintes d’une vie active « classique » : stress, agitation, surchauffe, manque de justesse dans mes paroles et dans mes actes… Et c’est précisément dans ces conditions intenses que l’attention à la pratique doit être renforcée. C’est pour cela que j’effectue notamment 20 à 30 minutes de méditation quotidienne. C’est vraiment précieux de se sentir relié à ces traditions de sagesse au cœur de l’action.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11), responsable des contenus ESSEC Alumni

 

En savoir plus :

www.sebastienhenry.fr

 

J'aime
720 vues Visits
Share it on

Comments0

Please log in to see or add a comment

Suggested Articles

Interviews

Reflets Mag #154 | Nathalie Joffre (E05) : l’art et la mémoire

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

November 12

Interviews

Sandrine Decauze Larbre (E09) : « Rien ne prépare à faire face à 30 élèves »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

November 12

Interviews

Mai Hua (E99) : « Mes docu-poèmes touchent à l'universel en explorant l'intime »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

November 12