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Seynabou Dieng (EXEC M18) : « Je contribue au développement du Mali avec ma start-up sociale Maya »

Interviews

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01.29.2020

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Après avoir suivi le Mastère Spécialisé Strategy & Management of International Business de l’ESSEC Executive Education, Seynabou Dieng (EXEC M18) est rentrée au Mali et a fondé Maya, marque de condiments, pour soutenir la production agricole et l’emploi des femmes dans son pays.

ESSEC Alumni : Pourquoi avoir suivi le Mastère Spécialisé Strategy & Management of International Business de l’ESSEC Executive Education ?

Seynabou Dieng : Je voulais faire de grandes études, acquérir un savoir-faire et des compétences de pointe, et développer un réseau fort avant de retourner au Mali pour mettre toutes ces ressources au service du développement du continent africain.

EA : Comment en êtes-vous venue à lancer Maya? 

S. Dieng : Il y a très peu de marques d’agroalimentaire au Mali, et les producteurs locaux peinent à écouler leurs récoltes. Au point que beaucoup d’entre eux, notamment les femmes, sont contraints de venir travailler dans les villes pour compléter leurs revenus. C’est notamment le cas de ma cuisinière Maya… Son histoire m’a donné le déclic. Et m’a inspiré le nom de ma marque !

EA : Aujourd’hui, où en est le développement de Maya ?

S. Dieng : Maya est aujourd’hui une entreprise de transformation agroalimentaire qui valorise les produits locaux en produits d’épicerie. Nous avons investi dans une unité de production qui a une capacité de 15 tonnes de légumes par mois. Nous nous approvisionnons auprès des coopératives mais également des collectrices de légumes des marchés de la capitale. Nous avons développé toute une gamme de condiments de qualité dans le respect des traditions culinaires maliennes : sauce piment, chapelure aromatisée, vinaigrette aux herbes, préparation pour crêpes, sauce caramel à base de miel…

EA : Consommer local est-il une tendance forte au Mali ? 

S. Dieng : Consommer local a toujours été une tendance forte au Mali, surtout dans le domaine des épices, car nous en produisons beaucoup. Traditionnellement, la préparation des épices était confiée aux femmes et se transmettait de mère en fille. Aujourd’hui, 60 % des femmes maliennes sont actives et manquent de temps à consacrer à la cuisine. Cette transformation du statut de la femme, qui est aussi valable dans les autres pays de la CEDEAO, ouvre un marché important à une entreprise comme Maya.  

EA : Quelles difficultés les petits producteurs agricoles maliens rencontrent-ils ?

S. Dieng : Les producteurs maliens pratiquent une agriculture familiale essentiellement destinée à leur propre consommation. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux ne sont pas outillés pour accéder au marché. Ils ont besoin d’accompagnement, de formations et d’informations, pour formaliser leur activité et avoir accès à des financements.

EA : Quelles solutions leur proposez-vous ?

S. Dieng : Nous leur proposons un prix de vente supérieur au marché, en contrepartie duquel ils respectent un cahier des charges avec des bonnes pratiques de culture, de récolte et de stockage des matières premières. Nous les mettons aussi en relation avec des experts du secteur agricole pour les accompagner sur le long terme. Au Mali, les producteurs tendent à privilégier la relation de confiance plutôt que l’intérêt financier. Il est donc particulièrement important de respecter leurs valeurs et leur rythme.

EA : Vous vous engagez non seulement pour le développement du monde agricole, mais aussi pour l’employabilité des femmes et des jeunes… 

S. Dieng : Maya emploie aujourd’hui 10 personnes à temps plein et 6 journaliers. En tout, l’équipe compte 10 femmes avec une moyenne d’âge de 26 ans. L’employabilité des femmes au Mali se heurte à des contraintes sociales très importantes : beaucoup de femmes diplômées n’arrivent pas à trouver un travail classique. J’essaye pour ma part de leur garantir des conditions de travail favorables. Maya a aussi noué un partenariat avec une école de formation professionnelle et une association, dans le cadre duquel nous accueillons chaque année une trentaine de jeune filles qui ont du mal à s’insérer, auxquelles nous offrons un apprentissage en leadership et en entrepreneuriat.

EA : L’entrepreneuriat social est-il développé au Mali ? 

S. Dieng : Il y a des entrepreneurs sociaux au Mali mais ils ont souvent tendance à négliger la viabilité financière de leurs modèles. Pour éviter cet écueil et me mettre en position d’attirer des investisseurs, je viens de participer au programme de l’AFD « Social Inclusive Business Camp » à Marseille, ce qui m’a permis de rencontrer des prospects intéressants.

EA : Quelles sont vos perspectives et objectifs pour Maya ?

S. Dieng : 2020 sera une année d’ouverture pour Maya. Nous envisageons d’ouvrir notre capital à de nouveaux partenaires techniques et financiers, et nous prévoyons de distribuer nos produits au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Pour cela, nous pouvons compter sur les talents et la motivation d’une nouvelle équipe qui vient tout juste de nous rejoindre.


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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