« En ce début des années 1990, le diable grimé en général était toujours présent. Il me semblait qu’en le rencontrant, je pourrais comprendre ce qui le différenciait du reste du genre humain. Constater ce qui lui manquait, ou ce qui avait provoqué un changement de nature. Peut-être me rassurer à bon compte face à l’évidence de l’altérité. Et témoigner. »
Fils d’un père bolivien réfugié en France, l’auteur grandit entouré d’images de figures révolutionnaires devenues icônes. Il fantasme et s’interroge sur les hommes derrière les représentations. Parmi ces images, celle du dictateur chilien aux lunettes noires, Augusto Pinochet, incarne pour lui le mal.
En 1992, à 26 ans, il devient correspondant du Monde au Chili. Mû par une étrange obsession, il veut, par tous les moyens, rencontrer le général pour l’interroger : celui-ci a alors quitté la présidence mais reste le commandant en chef de l’armée de terre et limite drastiquement ses échanges avec la presse ; il est, sur le continent, l’un des derniers à avoir fait régner l’ordre par le sang avant que les armes ne soient troquées par les écrans et la surveillance.
Le jeune journaliste finit par obtenir un entretien. Trente ans plus tard – et cinquante ans après le coup d’État de Pinochet, le 11 septembre 1973 – il raconte ce rare face-à-face durant lequel il s’est efforcé de percer l’énigme du pouvoir, l’ambiguïté folle d’un monstre.
Un conte cruel où il finira par rire avec le diable.
Rire avec le diable
Bruno Patino (E90)
Éditions Grasset
96 pages
14,50 €
Du même auteur : Submersion, Tempête dans le bocal, La Civilisation du poisson rouge
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