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Comment les Outre-Mer tentent d'endiguer l'épidémie due au coronavirus ? Le Monde du 19 mars 2020

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Africa in France

11/04/2020

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Comment les outre-mer tentent d’endiguer l’épidémie due au coronavirus

La ministre, Annick Girardin, a incité les ultramarins résidant en métropole à ne pas retourner dans leurs régions d’origine. Quatre-vingt-dix cas ont pour l’instant été recensés. 

Par Patrick Roger  Publié le 19 mars 2020 à 10h30 - Mis à jour le 19 mars 2020 à 17h53

Mercredi 18 mars dans la soirée, le nombre de contaminations par le coronavirus dans les outre-mer n’était « que » de 90 cas, deux nouveaux cas ayant été confirmés en Polynésie française depuis la visioconférence de presse tenue à 19 heures par la ministre des outre-mer, Annick Girardin. Ce chiffre peut paraître peu élevé par rapport à l’expansion de l’épidémie en métropole. Pourtant, éviter la propagation dans les territoires ultramarins constitue aujourd’hui un enjeu majeur, compte tenu des fragilités du système sanitaire et de l’exposition aux risques que présentent les populations de ces régions pour la plupart insulaires.

La priorité, en conséquence, pour elles, est d’empêcher la pénétration du virus sur leurs terres. Selon les données communiquées par Mme Girardin, seuls Wallis-et-Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon sont, pour l’heure, épargnés. Le premier décès a été enregistré mercredi en Martinique, où on comptait 19 cas ; 33 en Guadeloupe ; 14 à La Réunion ; 11 en Guyane ; 3 à Mayotte ; 3 à Saint-Barthélemy et Saint-Martin ; 2 en Nouvelle-Calédonie et 5 en Polynésie française. « Les cas testés sont la plupart du temps importés », confirme la ministre des outre-mer. D’où l’importance de dresser des barrières sanitaires aux portes d’entrée dans ces territoires.

Mme Girardin a fortement incité les ultramarins résidant en métropole à ne pas retourner dans leurs régions d’origine. Cependant, ceux qui sont actuellement de passage en métropole pourront regagner leur territoire, à condition d’observer une stricte période de quatorzaine. Il n’empêche, ces mesures de précaution ne sont pas toujours accompagnées des moyens nécessaires. A l’aéroport de Mayotte, les passagers sont contrôlés par des infirmières scolaires réquisitionnées, sans masque ni gants.

Sur les 15 premiers cas constatésen Guyane depuis le début de l’épidémie, cinq patients sont désormais guéris. Less cinq premiers cas avérés étaient des habitants de Saint-Laurent-du-Maroni, de retour du rassemblement religieux de l’Eglise de la Porte ouverte chrétienne qui s’est tenu du 17 au 24 février à Mulhouse, en Alsace. Parmi ces cinq cas, on comptait trois enseignants, dont deux avaient repris les cours au retour des vacances. Au Centre spatial guyanais de Kourou, les lancements de fusées ont été suspendus. Deux cents techniciens et ingénieurs russes sont confinés dans leur hôtel, à Sinnamary, à 60 kilomètres de Kourou, dans l’attente d’être rapatriés en Russie. Dans la forêt guyanaise, les mines d’or continuent de fonctionner normalement. « Nous sommes sur des sites isolés, donc nous avons l’habitude d’une certaine forme de confinement », explique Benoit Boulhaut, directeur d’exploitation d’une mine à Maripasoula.

Des craintes sur les capacités hospitalières

Même si les territoires ultramarins ne sont pas encore passés au stade 3 compte tenu du nombre relativement peu élevé de cas constatés, la plupart ont d’ores et déjà adopté des mesures de confinement ou pour limiter les déplacements en provenance de la métropole ou des pays voisins. Mercredi soir, le préfet de la Guadeloupe, Philippe Gustin, a annoncé des restrictions sur les vols aériens commerciaux, tant au départ, sur motifs impératifs, qu’à l’arrivée, le transporteur aérien devant alors communiquer la liste des passagers, qui feront l’objet d’un suivi sanitaire.

A Mayotte, les vols vers les Comores, Madagascar ou le Kenya ont été suspendus. Les déplacements aériens entre la métropole, Mayotte et La Réunion ont été limités aux regroupements familiaux et au retour pour les résidents. Les renvois des clandestins vers les Comores ont été suspendus et le centre de rétention vidé et fermé par décision préfectorale. Les craintes de la population et des autorités portent sur les capacités hospitalières, déjà saturées, et sur les stocks de produits de première nécessité, alimentaires notamment.

Même chose en Nouvelle-Calédonie. Depuis lundi, toute personne arrivant sur le territoire doit être mise en quatorzaine ou en autoconfinement à son domicile. La décision avait été prise dès dimanche de ne plus accueillir de bateaux de croisière. A partir du « début de la semaine prochaine », selon le président du gouvernement, Thierry Santa, les vols à destination de la Nouvelle-Calédonie devraient être suspendus. Les personnes y séjournant actuellement sont invitées à prendre leurs dispositions pour anticiper leur retour le plus rapidement possible.

Fragilité sanitaire de la population

Dans la plupart des territoires ultramarins, les dispositions applicables en métropole s’appliquent également. A l’exception de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française, dont les gouvernements disposent de la compétence en matière de santé. Après les premiers cas confirmés, la Nouvelle-Calédonie s’apprête à passer directement à la phase 3 et à un confinement total.

Les trois parlementaires de Calédonie ensemble, opposition de centre droit, ont toutefois jugé ces mesures « très insuffisantes ». Ils mettent en avant la fragilité sanitaire de la population, fortement touchée par le diabète, les insuffisances respiratoires et l’obésité. « Dès lors, la pandémie sera encore plus puissante et dévastatrice qu’ailleurs », s’est inquiété le député Philippe Gomès.

En Polynésie française, le gouvernement local a adopté des mesures similaires. Les navires de croisière n’ont plus la permission de débarquer de touristes sur les îles polynésiennes. Toutefois, les Polynésiens se saluent traditionnellement par deux bises et cette coutume se maintient malgré une communication intensive autour des gestes barrières.

L’île principale, Tahiti, est dotée d’un hôpital moderne mais qui ne compte que quelques dizaines de lits en réanimation. Les autres îles et atolls, répartis sur une surface grande comme l’Europe, sont très peu équipés en infrastructures médicales. Comme en Nouvelle-Calédonie, les maladies cardiovasculaires, l’insuffisance rénale et le diabète font aussi craindre un taux de mortalité important en cas d’épidémie.


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