François-Régis de Guenyveau (E13), auteur : « Le transhumanisme est en marche »
François-Régis de Guenyveau (E13) fait partie des découvertes de la rentrée littéraire : son roman, Un dissident, a reçu le 1er prix Méo-Camuset et figure dans les sélections du Figaro et des Échos. Rencontre avec cet auteur d’anticipation dont le livre nous avertit : le transhumanisme, c’est pour demain.
ESSEC Alumni : Que raconte Un dissident ?
François-Régis de Guenyveau : C'est l'histoire d'un génie scientifique, Christian, qui veut prendre part au monde moderne. Christian va réaliser son rêve : dans un laboratoire ultramoderne niché au milieu d'une forêt, au nord de New-York, un mystérieux homme d'affaire va lui confier la mission de façonner l'homme de demain.
Mais Un dissident, c'est surtout l'histoire d'une personne qui doute. Peut-on modifier l'homme ? Pourquoi vouloir l'augmenter ? La science est-elle vraiment le seul moteur de l'évolution ? À travers ces questions et les rencontres qui vont échelonner sa vie de chercheur, Christian va progressivement prendre une direction qu'il n'imaginait pas.
EA : Pourquoi avoir choisi la fiction pour aborder un sujet quasi philosophique ?
F-R. de Guenyveau : Il y a cinq ans, je suis tombé sur une conférence de Laurent Alexandre https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Alexandre. Ce brillant entrepreneur et chirurgien expliquait que l'homme qui vivrait 500 ans était déjà né. Cette idée m'a saisi. Je me suis renseigné et j'ai vite compris deux choses : l'avènement de l'homme augmenté était bien une réalité et nous concernait tous, mais ce sujet ne sortait pas encore des cercles philosophiques et scientifiques. Il fallait donc écrire un roman ! La force de la littérature, c'est bien de pouvoir transformer des questionnements de fond en histoires compréhensibles, accessibles au plus grand nombre.
EA : Votre ouvrage semble très documenté. Quelle part de l'intrigue est basée sur des choses réelles, et quelle part est inventée ?
F-R. de Guenyveau : Toutes les innovations qui sont décrites à travers l'histoire de Christian existent déjà. Rien n'est inventé. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui nous ne sommes pas toujours conscients des conséquences de ce qu'on estime relever du « progrès ». L'intrigue est faite pour nous le rappeler.
EA : Croyez-vous à l'avènement du transhumanisme ? Si oui, cela vous inquiète-t-il ?
F-R. de Guenyveau : À ce stade, la question ne se pose plus : le transhumanisme est en marche, c'est un fait. Les innombrables innovations en matière génétique, informatique et neurologique nous le rappellent chaque jour davantage. Il ne s'agit donc ni d'encenser ni de condamner le transhumanisme, mais de s'y préparer. Et pour cela, la meilleure manière n'est-elle pas de renouer de toute urgence avec la plus belle part de notre humanité, à savoir la sagesse, la simplicité, la fraternité ?
Ce qui m'inquiète dans l'avènement du transhumanisme, ce n'est donc pas l'avancée scientifique en soi, mais l'usage qu'on en fait et la place qu'on lui accorde. Servons-nous la science ou la science nous sert-elle ? Sommes-nous réductibles à un patrimoine génétique, à des performances physiques et intellectuelles ? Pour faire la part des choses et anticiper les possibles dérives d'une telle révolution, il peut être utile, pour commencer, de se demander à qui profite cette entreprise.
EA : Comment conciliez-vous carrière de consultant et temps d'écriture ?
F-R. de Guenyveau : Ce sont deux activités qui se nourrissent l'une l'autre et j'ai la chance d'être entouré par deux équipes remarquables : chez Kea&Partners, je travaille pour des missions à mi-temps ; chez Albin Michel, je découvre le milieu littéraire au fil de l'eau et mon éditrice, ainsi que les services de presse et de marketing, m'accompagnent à chaque étape avec beaucoup de bienveillance !
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)
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