Jean-Marc Jacquot (B19) : « La déforestation atteint un rythme alarmant »
Depuis début avril, Jean-Marc Jacquot (B19) descend tous les matins au sous-sol de sa maison… pour traverser l’Angleterre. Un défi sportif et virtuel un peu fou, pour une cause qui ne l’est pas du tout : son objectif est d’attirer l’attention pour collecter des fonds contre la déforestation. Explications.
ESSEC Alumni : En quoi consiste votre initiative Ride 4 The Planet ?
Jean-Marc Jacquot : Je me suis lancé le défi de parcourir l’équivalent du LeJog, route de 1744 kilomètres traversant le Royaume Uni du Nord au Sud, en vélo et en 1 mois… depuis chez moi, via un simulateur ! Une performance qui me sert de prétexte pour attirer l’attention et collecter des fonds avec le WWF au bénéfice de la lutte contre la déforestation.
EA : Quelle est l’ampleur de la déforestation dans le monde ?
J.-M. Jacquot : La situation est alarmante. Le rythme de la déforestation au niveau mondial atteint aujourd’hui 10 millions d’hectares par an en moyenne, soit 36 terrains de football par minute. Sur le siècle écoulé, notre planète a perdu autant de forêts que sur les 9000 années précédentes. Le problème concerne tous les pays ou presque, mais le Brésil, le Canada, la Chaine, la Russie et les États-Unis ont un rôle particulier à jouer, car ils concentrent à eux seuls la moitié de la surface forestière mondiale.
EA : Quelles solutions pour renverser la tendance ?
J.-M. Jacquot : 85 % de la déforestation est liée aux besoins de l’agriculture – en particulier à la production d’huile de palme (qu’on retrouve dans la plupart des aliments transformés vendus en supermarché) et de graines de soja (dont on nourrit les élevages). Si les consommateurs prenaient conscience du lien entre leurs habitudes alimentaires et la déforestation, ils changeraient probablement leurs pratiques.
EA : Les États n’ont-ils pas la responsabilité d’agir ?
J.-M. Jacquot : Si l’opinion publique se mobilise, les gouvernements suivront. De fait, il faudrait des lois et des règlements pour interdire la fabrication ou l’importation de produits contribuant directement ou indirectement à la déforestation – comme la Norvège le fait depuis 2016.
EA : Les organisations internationales aussi montent au créneau – comme le WWF, dont vous soutenez le projet « Mexique : Restaurer les forêts de l'espoir »…
J.-M. Jacquot : Ce projet vise à la sauvegarde et à la reforestation d’une forêt dans le bassin de Copalita-Zimatán-Huatulco. Dans cette région, les forêts brumeuses de montagne, les forêts tempérées de pins et de chênes, les forêts tropicales sèches, les mangroves et les récifs coralliens se côtoient, et procurent des ressources indispensables aux communautés autochtones qui en dépendent pour leur survie. Tout cela n’empêche malheureusement pas l’exploitation sauvage des forêts, notamment pour y faire pousser du maïs, particulièrement gourmand en eau, ce qui provoque une fragilisation extrême des sols.
EA : Comment le WWF intervient-il pour remédier à la situation ?
J.-M. Jacquot : Pas moins de 1 million d’arbres doivent être plantés. Les autres actions consistent à améliorer les pratiques des agriculteurs conventionnels et à soutenir le développement d’activités alternatives garantissant des revenus décents aux populations riveraines sans porter préjudice aux forêts. Les premiers efforts ont déjà amélioré les conditions de vie de près de 6 500 personnes et profité, de manière plus indirecte, à plus de 22 000 personnes. La consommation d’eau des producteurs locaux de maïs a baissé de 64 % pour l'irrigation, permettant de réduire leurs coûts d'un tiers, tout en augmentant leurs rendements dans les mêmes proportions.
EA : Comment les alumni peuvent-ils appuyer votre initiative ?
J.-M. Jacquot : De simples messages d’encouragement me feraient déjà énormément plaisir ! Vous pouvez aussi partager le lien de mon blog et sensibiliser votre entourage aux ravages de la déforestation. Et pour les plus motivés, contribuer à ma collecte de fonds pour le WWF. Petite information qui peut avoir son importance : 66 % du montant des dons est déductible des impôts sur le revenu…
EA : Et comment peut-on suivre votre périple ?
J.-M. Jacquot : Je poste chaque jour des billets sur mon blog où je rends compte de ma progression quotidienne tout en partageant des informations sur les endroits clés que je traverse virtuellement ainsi que sur la cause que je défends.
EA : Une question « coulisses » pour finir : concrètement, comment ça se passe, une traversée d’Angleterre virtuelle ?
J.-M. Jacquot : J’utilise la plateforme Conqueror Events, connectée à un simulateur. La plateforme permet de visualiser son avancement sur une carte – on reçoit même des cartes postales digitales lorsqu’on passe à proximité d’endroits intéressants. Pour les plus curieux, je présente dans un billet dédié sur mon blog l’ensemble de mon installation et le fonctionnement du logiciel que j’utilise.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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