Le parrain et la marraine d’EWA Boost’ s’engagent pour l’égalité femmes-hommes
Après avoir parrainé les éditions 2021 et 2022, Thierry Oriez (E85) passe le flambeau à Natacha Raab (E95) qui devient officiellement la marraine du programme de mentorat EWA Boost’ dédié aux femmes diplômées de l’ESSEC (inscriptions ouvertes jusqu'au 30 juin). L’un et l’autre racontent leur engagement pour l’égalité femmes-hommes au sein du réseau ESSEC comme de leur entreprise.
ESSEC Alumni : Pouvez-vous résumer vos parcours respectifs ?
Thierry Oriez : J’ai débuté à la direction marketing de groupes agro-alimentaires, Nestlé puis Lesieur, avant de me spécialiser dans la gestion de maisons détenant des savoir-faire d’exception, toutes membres du Comité Colbert : Baccarat, Christofle, Weston et à présent Henri Selmer Paris, une très belle manufacture d’instruments de musique.
Natacha Raab : J’évolue depuis 23 ans au sein du groupe LVMH. J’ai pu ainsi découvrir différentes maisons : Sephora, Louis Vuitton, Dior et plus récemment FRED Joaillerie, en assurant d’abord des responsabilités marketing et retail, puis en prenant le poste de directrice générale en charge des activités retail, wholesale et e-commerce pour l’Europe, le Moyen Orient, les Amériques et le Japon.
EA : Pourquoi proposer un programme de mentorat dédié aux femmes diplômées de l’ESSEC ?
T. Oriez : Tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler pour ou avec des femmes remarquables et inspirantes. À leur contact, j’ai trop souvent constaté qu’il leur fallait une confiance en soi et une énergie décuplées pour s’imposer dans des environnements souvent inconsciemment machistes. Le programme EWA Boost' permet d’aborder cette réalité avec beaucoup de liberté et aide ainsi les mentees à s’accomplir pleinement.
N. Raab : De façon générale, je suis très favorable au mentoring, à la relation bilatérale qu’il instaure entre des personnes d’expériences différentes et à la « cross-fertilisation » qu’il permet en ouvrant des échanges fondés sur l’objectivité et la bienveillance. Il me semble en outre important de proposer un dispositif spécifique aux diplômées de l’ESSEC car, toutes les études le démontrent, les femmes nourrissent plus de doutes que les hommes quant à leur carrière et leur capacité à pulvériser le fameux plafond de verre. EWA Boost’ invite les talents féminins de notre école à ne pas s’autolimiter et leur offre l’opportunité d’exprimer leur plein potentiel. Le tout dans une dynamique de parité que je considère aussi essentielle : pour rappel, 50 % des mentors du programme sont des hommes.
EA : Quels sont les enjeux spécifiques auxquels EWA Boost’ peut répondre ?
T. Oriez : En soi, les thèmes que nous abordons ne sont pas toujours spécifiquement « féminins », bien au contraire... La mentee peut vouloir évoquer un projet de création d’entreprise, d’expatriation, de changement de secteur ou d’évolution professionnelle… Et quel que soit le point de départ, les réflexions se cristallisent généralement autour de l’équilibre entre ambition professionnelle et réalisation personnelle. Mais si ces questions sont communes à toutes et tous, elles demandent souvent aux femmes plus de volonté et de dynamisme.
N. Raab : De fait, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ressort quasi systématiquement des discussions. Ce qui est tout à fait compréhensible car, quels que soient les progrès réels obtenus en la matière, les femmes continuent aujourd’hui à faire état d’une charge mentale plus élevée que les hommes et, pour celles qui sont mères, à devoir gérer une « double » carrière plus que les pères. Autre enjeu spécifique, dans la continuité du premier : qu’elles aient des enfants ou non, les femmes connaissent souvent des évolutions de carrière décalées par rapport aux hommes, avec des promotions qui n’interviennent pas au même rythme. Il ne s’agit pas d’un problème en soi mais il vaut mieux en être consciente et se positionner en conséquence. Enfin, citons un troisième challenge : statistiquement, les femmes ont plus de difficultés ont à trouver de l’entraide, à créer un réseau efficace et à l’utiliser. Cette question me tient particulièrement à cœur ; je la porte aussi dans le cadre de ma mission en tant que membre du conseil d’administration d’ESSEC Alumni.
EA : Vous participez au programme depuis plusieurs années en tant que mentors. Que retenez-vous de vos expériences jusqu’ici ?
T. Oriez : Je tiens ici à féliciter Christine Malpart (E87) et son équipe pour leur matchmaking très fin. Cette aptitude à déceler des affinités électives joue un rôle central dans la réussite du programme : chaque cas est aussi différent que passionnant. L’approche reste cependant similaire d’une année à l’autre. Au début de la relation, nous posons ensemble le contexte dans lequel s’inscrit la démarche et les objectifs poursuivis. Ensuite, c’est la mentee qui fixer son tempo et ses exigences.
N. Raab : Toutes les expériences ont été bénéfiques, pour moi avec évidence, pour mes mentees je l’espère aussi. Selon moi l’essentiel ne réside pas tant dans la préparation que dans la bonne compréhension des enjeux de la mentee. La phase de démarrage est effectivement cruciale : il faut s’efforcer de bien comprendre voire parfois de décrypter les attentes de la mentee et, si nécessaire, ne pas hésiter à recadrer le discours, à recentrer la perspective ou à fixer le cap. C’est pourquoi je veille à assurer un rythme de rencontre mensuel et, au terme de chaque rendez-vous, à donner un objectif pour le suivant. Ces « contraintes » positives permettent de tirer le meilleur parti du programme qui passe toujours très vite. Quant aux résultats obtenus… c’est à mes mentees qu’il faut demander !
EA : Pourquoi avoir décidé de renforcer votre engagement en devenant respectivement parrain puis marraine d'EWA Boost’ ?
T. Oriez : J’ai endossé ce rôle par attachement profond au programme et par respect sincère pour toute l’équipe qui se donne sans partage avec beaucoup de compétence. Il s’agissait aussi pour moi de tisser un fil rouge entre des personnes qui partagent le même engagement et pour qui j’éprouve de l’admiration et de l’amitié. Je suis vraiment heureux de passer le relais à une personnalité aussi brillante que Natacha, modèle d’enthousiasme et d’implication.
N. Raab : C’est pour moi un réel honneur de succéder à Valérie Accary (E87), Romain Guinier (E87), Véronique Bourez (E85) et Thierry, autant de personnes pour lesquelles j’éprouve également respect et admiration. Avec cette nouvelle responsabilité, j’aspire à donner encore plus de visibilité à EWA Boost’, à développer les liens entre les différentes promotions du programme et à diversifier encore davantage les profils de nos mentees et de nos mentors afin de répondre à la grande diversité des carrières ESSEC. Je compte en outre être force de proposition auprès de l’équipe et, qui sait, peut-être apporter quelques innovations ? Quoi qu’il arrive, je serai à l’écoute de toutes les parties prenantes !
EA : Thierry, quel bilan tirez-vous de votre mandat de parrain ?
T. Oriez : Je suis particulièrement fier d’avoir recruté de nouveaux mentors, parmi lesquels Eléonore Baudry (E95), présidente de Figaret, et Géraldine Decaux (E94), cofondatrice de Lightinderm, toutes deux bluffantes et inspirantes avec leurs parcours riches et leurs expertises reconnues.
EA : Natacha, quel message avez-vous pour la future promotion de mentees ?
N. Raab : Tout simplement : profitez à fond de cette année d’accompagnement, c’est un réel cadeau ! Ce programme vous appartient et il vous appartient d’en prendre le leadership : soyez proactives, challenging, audacieuses, déterminées… Soyez vous-mêmes ! Et savourez que moment passé avec vos mentors.
EA : Comment en êtes-vous venus à vous engager pour la réussite professionnelle des femmes ?
T. Oriez : Mes premières expériences dans le monde de l’entreprise m’ont vite convaincu de la nécessité de faire bouger les lignes. Malgré beaucoup de changements positifs depuis, je reste surpris des nombreuses situations caricaturales, parfois brutales, que rapportent les mentees encore aujourd’hui. Rien n’est gagné !
N. Raab : En toute honnêteté, ma prise de conscience sur ces enjeux s’est faite seulement progressivement. D’autant qu’à titre personnel, je n’ai pas eu l’impression de devoir me « battre » plus que les hommes qui m’entouraient – du moins pas les premières années. Mais il est vrai qu’arrivée à un certain niveau de responsabilité, j’ai senti l’étau se resserrer. Et surtout j’ai commencé à être sollicitée par des femmes qui vivaient des situations clairement injustes par rapport à leur évolution, leur salaire, leur visibilité, leur titre… Bref, l’inégalité, même si elle ne me touchait pas directement, se rapprochait, et faisait de plus en plus écho. À force d’observation et de discussion, j’ai fini par réaliser que oui, le plafond de verre existait ; oui, les comités de direction manquaient cruellement de femmes ; oui, les inégalités de salaires restaient édifiantes ; oui, certaines femmes devenaient invisibles après leur congé maternité… C’est à partir de là que j’ai voulu trouver des solutions pour faire évoluer la société, et vite. D’où mon engagement pour la parité. J’insiste sur ce terme car l’objectif, selon moi, c’est bien qu’on porte un regard paritaire sur un homme et une femme aux compétences égales. À ce titre, encore une fois, le programme EWA Boost’ est exemplaire !
EA : Votre entreprise s'engage-t-elle pour l'égalité hommes-femmes ? Comment ?
T. Oriez : Henri Selmer Paris s’engage avec le soutien de son actionnaire Argos Wityu dans une démarche de Science Based Target (SBT). Aidés par la plateforme d’évaluation EcoVadious, nous mettons en place des reporting précis et des objectifs chiffrés contraignants sur l’ensemble du scope RSE. Pour l’heure, nous sommes plutôt bien notés sur les éléments RH relatifs à l’égalité femmes-hommes même si les progrès doivent se poursuivre. Par ailleurs, nous soutenons la diversité et la parité dans le monde de la musique via l’élaboration de chartes éthiques, le financement d’associations spécialisées et la promotion de ces thèmes lors de journées pédagogiques.
N. Raab : La maison FRED s’engage pour la parité hommes-femmes comme pour la diversité culturelle ou encore l’inclusion de tous les profils. La meilleure façon d’agir, c’est déjà de connaître ses collaborateurs, de suivre certains KPIs qui permettent d’éviter les déséquilibres et de proposer des formations dédiées, notamment sur les biais cognitifs, afin de mieux comprendre et respecter l’autre dans sa singularité. Sans oublier la vision du dirigeant : mon CEO, Charles Leung (E95), qui est un fervent défenseur de l’égalité et de l’ensemble des enjeux de diversité et d’inclusion.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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