Il aura fallu pas moins de trois traducteurs - Louis Armengaud Wurmser (E11), Johan-Frédérik Hel Guedj et Mikaël Gómez Guthart - pour retranscrire la pensée de David Samuels. Aussi luxuriante que les paysages du Brésil où l’auteur a grandi, aussi sinueuse que son histoire familiale mêlant tradition judaïque et trafic nippo-américain de machines à sous, cette pensée est à l’image du réel : inclassable, inquantifiable, retorse à toute tentative de simplification. Et cette réalité dont il accepte volontiers de s’encombrer – dût-il, pour cela, user de tranquillisants et frayer dans l’univers interlope des maisons de repos – se retrouve aujourd’hui menacée par les formules algorithmiques qui inondent notre quotidien. Recueil de reportages couvrant les années 1990, les deux mandats d’Obama et l’accession au pouvoir de l’imprévisible Trump, Seul l’amour peut te briser le cœur dresse le bilan d’une descente aux enfers qui ne dit pas son nom, un cocktail d’articles qu’un barman déluré et aussi frappé que les personnages du livre aurait pu surnommer l’American Death Trip. Brillante et subversive, cette anthologie de textes à la frontière de l’essai et de la nouvelle brosse un portrait sans concession de l’Amérique.
Seul l’amour peut te briser le cœur
David Samuels
Traduction par Louis Armengaud Wurmser (E11), Johan-Frédérik Hel Guedj et Mikaël Gómez Guthart
Éd. du Sous-Sol, département des Éd. du Seuil
554 pages
24,50 €
Commentaires0
Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.
Articles suggérés