Reflets Mag #137 | Vivre sereinement le changement, c’est possible
Le monde d’aujourd’hui est volatile, incertain, complexe et ambigu. Plutôt que de lutter contre le changement au risque de s’essouffler, il est temps d’apprendre à s’adapter sereinement, explique Sophie Lordet (M18) dans Reflets Mag #137. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !
55 % des salariés déclarent ressentir chaque semaine du stress au travail1 alors que 4 managers sur 10 pensent, dans le même temps, qu’il est plus difficile de manager aujourd'hui qu’avant la crise du coronavirus2.
Savoir s’adapter au changement est une nécessité vitale. Pour autant, c’est loin d’être naturel et ce, même pour les individus les plus avides de nouveauté. Le changement est généralement perçu comme une perte et rarement comme une opportunité de gain. Il demande, en outre, un effort et peut s’avérer émotionnellement épuisant. Il met à mal la stabilité et les repères que nous nous sommes créés et qui nous rassurent, pour nous obliger à naviguer à vue et à sortir de notre zone de confort. Cela peut avoir des effets néfastes sur notre santé physique et psychologique et, de fait, sur notre performance.
Mais alors, devons-nous nous résigner à subir les changements qui nous entourent en tentant, tant bien que mal, de suivre le rythme sans perdre pied ?
Absolument pas. À cette vision fataliste fait place une approche positive du changement qu’il est tout à fait possible d’envisager sous réserve de le considérer non pas comme un phénomène externe que l’on doit subir, mais comme une émanation même de l’entreprise que l’on cultive à son image.
Pour cela, deux principes fondamentaux doivent être respectés : se recentrer sur l’essentiel, à savoir les hommes et les femmes qui travaillent dans les entreprises, et déployer une politique d’accompagnement qui repose sur cinq principaux leviers : le sens, le développement des compétences, l’apprenance, la mise en action et l’exemplarité.
(Re)donner du sens
Chacun de nous a besoin de sens pour avancer : celui-ci renforce le sentiment d’appartenance et donne une raison d’agir. Dans ces univers en mouvement, beaucoup ne savent plus très bien pourquoi ils font ce qu’ils font, amenant une perte importante de motivation. Redonner du sens, c’est fixer des objectifs clairs et ambitieux, tournés vers l’avenir et dépassant le seul seuil de l’entreprise. Au-delà de ce qui est fait, c’est expliquer pourquoi on le fait à l’échelle de l’organisation, de la société voire du monde, mais aussi à l’échelle de chaque individu. Cela revient à fixer et à communiquer la vision et la mission de l’entreprise tout en travaillant sur les leviers individuels de motivation.
Développer les soft skills
Dans un environnement professionnel qui se modifie de plus en plus vite, les compétences doivent être renouvelées en continu. Les soft skills jouent ici un rôle fondamental. Elles sont considérées, par les études les plus récentes, comme les compétences clés à posséder pour travailler en entreprise plus encore que les compétences techniques. On y retrouve principalement les compétences d’intelligence émotionnelle, de collaboration, de créativité, de communication ou encore d’apprenance. Accompagner les individus pour qu’ils développent leurs soft skills n’est plus un luxe mais une nécessité. Il en va notamment de la capacité à attirer et fidéliser les talents qui sont de plus en plus exigeants quant à l’attention portée sur leur développement. C’est également essentiel pour maintenir un haut niveau de performance dans des environnements marqués par la diversité et la multiplicité des interactions.
Développer l’apprentissage continu
L’accompagnement du changement doit être pensé de manière dynamique et constante en partant non plus de l’organisation et de son mode de fonctionnement, mais des individus. Cela suppose une remise en question continue des acquis et des certitudes de chacun, avec un travail continu sur les états d’esprit et les comportements. Pour reprendre l’expression de Jim Hemerling, il faut passer d’un « état d’esprit fixe » où chacun pense avoir raison, à un « état d’esprit de croissance » où le rôle est d’écouter, apprendre, coopérer. Pour cela, il faut se tourner vers des modalités d’accompagnement nouvelles, non plus isolées mais continues, qui privilégient l’intelligence collective et l’apprentissage en situation de travail et qui portent de nouvelles postures telles que l’écoute, l’inclusion, la bienveillance ou encore la collaboration.
Impliquer et responsabiliser
Pour engager dans une nouvelle dynamique, il est essentiel d’impliquer toutes les parties prenantes. Au-delà d’être informé et développé, chacun doit pouvoir s’exprimer et participer à la réflexion et à la construction du projet de l’entreprise. La mise en place de pratiques managériales innovantes permet ainsi de rendre les individus acteurs et responsables. On peut citer quelques pratiques qui ont déjà fait leurs preuves tels que les co-labs, espaces qui favorisent la collaboration et les échanges, les « shadow comex », comités exécutifs bis qui stimulent l’innovation et l’esprit critique, ou encore les « open talks », temps d’échanges organisés qui facilitent les contacts directs entre la direction et le reste des équipes.
Montrer l’exemple
Les dirigeants doivent adopter les postures qui sous-tendent une culture agile, positive et bienveillante. Ils doivent être capables de fixer un cap tout en restant à l’écoute, ouverts aux échanges et à la contradiction. Cela veut dire laisser parler mais aussi prendre en compte les avis et suggestions, dans une limite clairement fixée pour ne pas laisser place à la désillusion. Ils doivent promouvoir la prise d’initiatives en autorisant le droit à l’erreur et le « test and learn ». Il est essentiel, enfin, qu’ils s’impliquent dans la démarche de développement des compétences pour montrer qu’ils portent l’esprit de croissance tant attendu.
Mettre en place une culture du changement permanent, où celui-ci est vécu non plus comme un risque mais comme une opportunité, est à la portée de tous. Cela suppose, toutefois, de déployer les actions appropriées et de s’inscrire dans une logique de temps long où chaque petit pas compte.
Extrait de Reflets Mag #137. Pour voir un preview, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros de Reflets Mag, cliquer ici.
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1 Source : HBR
2 Source : Groupe Cegos
Image : © AdobeStock
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