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Reflets Mag #138 | Pierre-André de Chalendar (E79), PDG de Saint-Gobain : ses réponses aux défis du temps présent

Interviews

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09/06/2021

En couverture de Reflets Mag #138Pierre-André de Chalendar (E79) raconte les quinze années qu’il a passées à la tête de Saint-Gobain, géant mondial des matériaux de construction, et évoque l’avenir, alors qu’il s’apprête à passer la main. On vous met un extrait de l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

Reflets Magazine : Le 1er juillet prochain, Benoit Bazin prendra la direction générale de Saint-Gobain mais vous conserverez la présidence du conseil d'administration du groupe. Pourquoi un passage de témoin maintenant ?

Pierre-André de Chalendar : Mon mandat d'administrateur est de quatre ans et doit s'achever en 2022. J'avais indiqué depuis longtemps que je n'exercerais pas la direction générale au-delà. Si j'ai proposé d’avancer d’un an ce changement à la direction générale, c’est pour deux raisons. La première est que j'avais lancé un grand plan de transformation du groupe il y a un peu plus de deux ans, avec toute une série d'objectifs portant notamment sur l’organisation du groupe et l’optimisation de notre portefeuille d’actifs. Or à fin 2020, tous ont été atteints avec succès, voire au-delà. Le plan était donc terminé, c'était le moment de passer à autre chose, d'élaborer un nouveau plan stratégique, et je trouvais plus simple et plus adapté que ce nouveau plan soit présenté par celui qui allait le mettre en œuvre. 

RM : Et la seconde raison ? 

P.-A. de Chalendar : C’est que Benoit Bazin, qui a travaillé ces deux dernières années à mes côtés, était prêt. Il bénéficiait de surcroit d’une très bonne dynamique puisque les résultats du groupe au second semestre de 2020 ont atteint un niveau record, avec un rebond du résultat d'exploitation de 22,4 % à données comparables, avec une marge de 10 %. Toutes les planètes étaient donc alignées pour passer la main dans d’excellentes conditions. Le conseil d’administration a validé ce choix.

RM : Comment se passe cette transition ?

P.-A. de Chalendar : Elle se passe très bien. Nous avons une culture forte chez Saint-Gobain, et Jean-Louis Beffa, qui m'avait recruté, m'a dit un jour : « N'oubliez jamais que Saint-Gobain vous dépasse et que vous ne serez que le maillon d'une chaîne. » Je crois en effet que les dirigeants sont au service du groupe et non pas l'inverse ; c'est un guide utile. Dans le choix de mon successeur, le fait qu'il partage ces valeurs me paraissait très important. J'ai embauché Benoit Bazin deux fois. D'abord comme stagiaire en 1992 alors qu'il était à l'École des ponts, puis en 1999. On se connaît donc depuis presque 30 ans. Il a accompli un parcours exemplaire. Il y a un peu plus de deux ans, le conseil l'a nommé directeur général délégué, il est mandataire social, c'est lui qui a piloté au quotidien le plan de transformation que j'avais lancé avec les résultats positifs que l'on sait… Tout cela était donc assez logique. 

RM : Vous avez rejoint Saint-Gobain en 1989 ; comment s'est passée votre arrivée dans ce bastion d'ingénieurs, alors que vous étiez diplômé de l'ESSEC et étiez sorti de l'ENA ?

P.-A. de Chalendar : Elle s’est très bien passée. Je crois que c'est l'une des raisons pour lesquelles Jean-Louis Beffa m'a recruté : parce que j'avais un profil différent. Il est vrai que la culture dominante à l'époque chez Saint-Gobain était une culture d'ingénieurs. C'est en passant par les usines du groupe que j'ai acquis ma légitimité, et assez vite les gens regardent ce que vous faites, pas d'où vous venez.

RM : Malgré la crise sanitaire, 2020 aura été une année record pour Saint-Gobain. Comment expliquez-vous de tels résultats ?

P.-A. de Chalendar : Nous avons été touchés par la crise pendant deux mois. Les bons résultats du deuxième semestre 2020, confirmés par ceux du premier trimestre qui vient de s'achever, puisque nous sommes à 9 % de croissance de notre chiffre d’affaires par rapport à 2019, sont liés au fait que Saint-Gobain est extrêmement bien positionné pour le monde post-crise. 

RM : Qu'entendez-vous par là ?

P.-A. de Chalendar : J’ai la conviction que le Covid a accéléré trois tendances fortes : le monde d'après sera plus local, plus durable et plus digital. Le plan stratégique « Transform & Grow » que j'ai lancé fin 2018 nous a permis d'être très agiles pour faire face à la crise, en donnant le pouvoir à nos équipes de direction dans chaque pays et en supprimant les directions mondiales des métiers, ce qui était une véritable révolution au sein du groupe ! Nous sommes désormais très bien positionnés pour répondre à ce retour en force du « local ». 

RM : Quid de l'enjeu de la durabilité ?

P.-A. de Chalendar : Saint-Gobain apporte des réponses au défi du réchauffement climatique ; c'est un positionnement de longue date. Les sujets sur lesquels nous travaillons sont au cœur des plans de relance, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, et cela ne peut que nous porter. 

RM : Reste enfin la question du digital…

P.-A. de Chalendar : Même si le monde de la construction n'est pas encore très digitalisé, Saint-Gobain est plutôt en avance. Notre bonne adaptation à cette tendance comme aux deux précédentes, associée à une très bonne gestion des coûts, explique nos résultats record au second semestre 2020. J'ajoute que cela nous a également permis de retrouver les faveurs des marchés : notre cours de bourse ces dernières années ne reflétait pas notre performance ni la pertinence de notre positionnement. 

RM : Et comment s'annonce l'année 2021 ?

P.-A. de Chalendar : Elle s'annonce très bonne, les chiffres que nous avons publiés fin avril confirment ceux de la deuxième moitié de 2020 : croissance interne record, chiffre d'affaires en progression de 14,3 % au premier trimestre 2021 par rapport à la même période un an plus tôt, et de 9 % par rapport au premier trimestre 2019… Mais nous devons rester prudents et très agiles. Cette crise est d'une nature très particulière, ce n'est pas une crise économique. Je reste convaincu que nous allons vers une reprise très forte, soutenue par les gouvernements et les banques centrales, ce que les marchés ont d'ailleurs largement anticipé.

RM : Vous ne craignez pas la question de la dette ?

P.-A. de Chalendar : […]

 

Paru dans Reflets Mag #138. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer iciPour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

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