Reflets Mag #138 | Savoir se dire au revoir, ou comment quitter votre entreprise sans vous fâcher
On reste rarement fidèle au même employeur toute sa vie. Mais comment se quitter sans se fâcher ? Dans Reflets Mag #138, Dorothée Decrop (M21), Growth Manager chez Thank you and Welcome, détaille les vertus de l’offboarding, processus que toute entreprise gagnerait à mettre en place pour faciliter les passations et accompagner les départs. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !
Dans beaucoup d’entreprises, la relation employé s’arrête au moment de l’annonce du départ du collaborateur. S’installe alors une ambiance mi-figue mi-raisin, oscillant entre le sentiment de rupture, la peur de désorganisation des équipes et la satisfaction d’accompagner un collaborateur vers de nouveaux challenges.
Dans la pratique, si ces craintes sont légitimes, c’est surtout l’inexistence du process d’offboarding ou son caractère dévalorisant qui peut laisser des traces profondes dans l’organisation.
Qu’est-ce que l’offboarding ?
Véritable pendant du processus d’intégration appelé onboarding, l’offboarding désigne le processus consistant à orchestrer les tâches d’accompagnement du départ d’un collaborateur.
Au même titre qu’on n’a pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression, il ne faut pas sous-estimer la dernière impression que l’on donne en matière de relations de travail, car elle compte ! En effet, savoir dire au revoir et merci est tout aussi important dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle.
Pourquoi ces rituels sont-ils si indispensables au bon fonctionnement d’une entreprise ?
Comme en famille, les rituels en entreprise sont importants. Ils nous rassemblent et participent à la construction de la mémoire collective.
Savoir dire au revoir à un collaborateur :
- c’est aider ceux qui partent à tourner une page, sans sentiment d’inachevé, en leur permettant de partager leur expérience, les savoirs, et avec le sentiment du travail bien fait ;
- c’est rassurer ceux qui restent, en leur permettant à la fois de bénéficier de l’expérience de ceux qui partent et d'être convaincus qu’ils laisseront à leur tour leur empreinte ;
- c’est renforcer la culture de l’entreprise en s’assurant que les rituels perdurent ;
- c’est développer l’expérience collaborateur jusqu’au dernier jour de la relation ;
- c’est s’assurer d’un collectif efficace et performant qui contribuera à la valeur globale de l’entreprise.
Savoir dire merci et au revoir renforce donc l’engagement et le sentiment d’appartenance de ceux qui restent, et rendent ambassadeurs ceux qui partent.
Soigner le départ pour préparer l’avenir
Organiser l’offboarding à chaque départ d’un collaborateur est signe d’une bonne organisation et d’une relation collaborateurs pensée jusqu’au dernier jour de la relation contractuelle.
L’énergie et les coûts engagés entre les différentes étapes que sont le recrutement, l’onboarding et l’offboarding sont de facto déséquilibrés au point que certains professionnels des ressources humaines reconnaissent une répartition de temps et d’investissement de l’ordre d’un 70/30/0, d’autres 90/9/1.
Force est de constater que les derniers moments d’une collaboration sont encore trop négligés… Au même titre que l’intégration était devenue clé, proposer un départ structuré et valorisant permet en effet de booster la marque employeur de l’entreprise et de fédérer les collaborateurs.
Travailler son offboarding est donc un signe de maturité dans ses process RH, qui peut être payant tant auprès du collaborateur en situation de quitter l’organisation qu’auprès de ceux qui restent. En effet, toute personne qui quitte l’entreprise peut continuer à y apporter sa contribution, soit en recommandant la marque ou l’entreprise, soit par l’intermédiaire d’un recrutement boomerang, tout en maîtrise du risque et des coûts sociaux.
Souvent vécu comme un moment de stress, l’offboarding vient mettre à mal une routine déjà éprouvée, il est le process RH révélateur de dispositifs internes mal structurés.
Si les étapes de restitution du matériel appartenant à l’entreprise, de coupure aux accès informatiques et de délivrance des documents administratifs et légaux sont identifiées, les étapes de partage des connaissances internes, la planification et le transfert des tâches pour assurer la poursuite de la mission sont plus difficiles à mettre en œuvre.
Le collectif, ce grand perdant !
La solitude des départs vient heurter ce monde du travail passé en mode « co » (coopération, coopétition, codéveloppement, collaboration). Selon Hay Group, seuls 8 % des collaborateurs déclarent que leur entreprise prévoit un accompagnement dédié.
Le développement des nouvelles technologies conduit à confondre communication et transmission, et laisse l’illusion d’un accès illimité aux informations nécessaires à la bonne conduite de ses missions. Et pourtant… Combien de fois avez-vous réalisé que Michel, Clara ou Stéphane étaient partis sans avoir su ou pu réaliser la passation de leurs savoirs professionnels et bonnes pratiques ?
Le travail ne se résume jamais aux descriptifs des fiches de poste. Qui mieux que la personne qui a précédemment exercé la mission pour informer, guider et aider à la projection des nouvelles missions ? À cela s’ajoutent l’histoire de l’entreprise, sa culture, les relations entre salariés, les savoirs tacites, etc. Tout ce puits de science professionnel, pour peu qu’on laisse s’exprimer les collaborateurs, sera également source d’innovation.
Bienvenue à l’offboarding 2.0
La situation de crise que connaît la France depuis mars 2020 a conduit à la digitalisation de nombreux processus RH. Si, dans un premier temps, la poursuite d’activité restait la motivation première, aujourd’hui un consensus semble dessiner une nouvelle organisation autour d’un modèle hybride durable.
Sous la pression de l’environnement, les DRH doivent adapter les process pour maintenir et renouveler durablement la compétitivité des organisations.
Digitaliser le processus d’offboarding est désormais une option pour s’extraire des contraintes temporelles et géographiques, pour faire gagner du temps et de l’énergie aux équipes sur la recherche d’informations et proposer une démarche circulaire des savoirs internes au bénéfice du plus grand nombre.
Soyons attentifs à notre façon de nous dire au revoir, l’avenir nous dira merci !
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