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Reflets Mag #141 | Comment nourrir le courage managérial

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25/01/2022

Dans Reflets Mag #141, Isabelle Rey-Millet (EXEC MBA 00) explique pourquoi les entreprises ont intérêt à valoriser le courage managérial – et comment elles peuvent aider leurs collaborateurs à le développer. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire les prochains numéros !

L’entreprise a intérêt à valoriser le courage managérial. Essentiel dans un contexte difficile, car il fait avancer vers l’inconnu, favorisant l’émergence de nouvelles solutions, il est facteur d’innovation et de performance. 

On a tendance à penser qu'il faut de l'adrénaline et de l'instinct pour être dans le courage, que cela n’est donné qu’à un petit nombre de personnes. Une étude, menée aux États-Unis par Cindy Solomon auprès de 1 500 individus, a même révélé que seuls 30 % d’entre eux pensaient être courageux. 

Pourquoi si peu ? Et comment, au quotidien, arriver à développer son propre courage ? Revenons donc sur cette notion, qui mérite clairement que l’on déconstruise ses mythes et que l’on reprécise ses chemins.

3 mythes à déconstruire sur le courage

1. C’est faire des actes héroïques

On associe souvent le courage à des actes de bravoure. Or être un héros, tel que la mythologie ou les films d’action nous le décrivent, n’est pas à la portée de tout le monde ! Et ça tombe bien : nous ne sommes pas tous à même d’accomplir des actes héroïques, et encore moins quotidiennement. En réalité, un acte de courage, ce peut être de nombreux petits actes, et nous pouvons avoir des centaines d’opportunités d’être courageux au boulot.

Dans son ouvrage Choosing courage, Jim Détert a identifié une cinquantaine de situations où nous pouvions faire montre de courage, telles que : ne pas être d’accord avec son boss, prendre des décisions impopulaires, pointer des conflits d’intérêt, contester des procédures absurdes en temps de crise, s’insurger contre des inégalités, contester un ordre incohérent, signaler une situation délicate, ne pas garder le silence face à une conduite non éthique, etc.

2. C’est ne pas avoir peur

Le courage est souvent opposé à la peur : on pense que le courage, c’est ne pas avoir peur. Or, le courage, c’est la capacité d’aller de l’avant malgré la peur ou malgré la douleur. Nous n’avons pas besoin d’être un Bruce Willis face au danger pour être courageux. Le courage c’est, avant toute chose, savoir identifier les éléments qui vont nous permettre de sortir de notre zone de confort, d’agir en cohérence avec nos valeurs. Nous avons tous de nombreux petits courages à actionner quotidiennement.

3. On est (naît) courageux

Le courage n'est pas inné, ça n’a rien d’un trait de caractère : tout le monde peut, à un moment ou à un autre, faire preuve de courage. Le courage peut non seulement être appris, mais il peut aussi être développé. Il est comme un muscle : si nous décidons de le cibler et de le travailler, comme avec un poids que l'on apprend à soulever, il se renforcera. Et avec le poids que l’on soulève, la difficulté s’estompe et le bras se fait plus fort.

3 chemins à explorer pour développer son courage 

1. Altruisme

Le courage implique que l’on pense aux autres. Or, en période difficile, il est facile de se recroqueviller sur soi, pour se protéger et rester dans son petit confort. Mais faire un pas vers l’autre, accepter de partager sa sécurité, son pouvoir, penser au bien commun, ça c’est le vrai courage. C’est le courage des vrais leaders. Il s’agit pour les managers de se détacher de leurs seuls objectifs personnels, des enjeux politiques stériles et d’arriver à trouver le meilleur objectif commun, en gérant à la foi son ego et ses craintes.
 Dans nos sociétés silotées, individualistes et politisées, où le premier réflexe est de penser à soi, penser aux autres devient particulièrement courageux.

2. Discernement

Challenger le quotidien, ne pas se laisser endormir par la douceur des routines, refuser le conformisme : c’est se mettre en capacité de rester lucide vis-à-vis de son environnement et des choses qui dérivent, autour de nous. Est-ce qu’on se pose les bonnes questions ? Est-ce qu’on observe son environnement avec attention ? Est-ce que j’accepte des décisions qui ne sont pas en accord avec mes valeurs ?

C’est aussi être capable de prendre des décisions judicieuses et sages, malgré l’ambiguïté, d’accepter un autre point de vue que le sien, même s’il ne nous est pas favorable.

3. Audace

C’est se lancer, oser être le premier, oser faire la première remarque, oser faire différemment. Pas facile quand on est le premier, voire, parfois, le seul. Mais la bonne nouvelle c’est que, petit à petit, une personne qui ose en influence une autre, et ainsi de suite, pour faire un effet de masse. Car oui, le courage, c’est comme la peur : c’est contagieux ! Et non seulement ces actes permettent de renforcer notre propre capacité de courage, mais cela permet aussi aux autres de développer leur propre courage !

3 astuces pour muscler son courage

1 .Reconnaître les opportunités

On peut savoir quand on peut être courageux : il vous faut identifier les moments où vous avez peur, où vous êtes anxieux, où votre petite voix intérieure vous pose la question : est-ce que je le fais ou pas ? Est-ce que j’ose ou pas ? Est-ce que je reste planqué dans mon confort ou pas ? À tous ces moments-là, dès que ça commence à vous chatouiller intérieurement, allez-y : c’est que vous avez une occasion d’être courageux.

2. Accepter d'être confortable avec l'inconfort

Se pousser à sortir de sa zone de confort, oser faire quelque chose qu’on n’a jamais fait, tout en se disant qu'on a déjà fait des choses plus difficiles, c’est accepter de passer après, c’est oublier son ego, retrouver son humilité, reconnaître ses erreurs et être capable de dire qu’on s’est trompé, qu’il faut revoir le plan, changer le processus… Ce sont juste des petits moments à passer, pour se sentir si bien après.

3. Se demander « quelle est la meilleure chose qui pourrait m’arriver si je fais ça »

Plutôt que de craindre la pire chose qui pourrait nous arriver, plutôt que de se faire peur, prenons un risque (calculé), apprécions le frisson – le thrill – que ce nouveau moment va nous procurer. Imaginons les bénéfices de notre courage. Pas facile, parce que notre cerveau reptilien est conçu pour ça : nous avons toujours tendance à craindre ce qui peut nous arriver. Et comme la peur est une émotion proportionnelle à notre intelligence, à notre connaissance et à notre capacité à faire des liens entre les éléments que nous connaissons, nous n’avons pas fini d’avoir peur… 

En conclusion : osez !

Opter pour le courage ne revient pas à adopter une posture de rebelle, inconsciente ou irresponsable. Cela passe d’abord par le fait de donner l’exemple et ainsi d'autoriser le courage dans ses équipes. Le courage est une vertu du cœur (dont son nom est issu), il permet la confiance, la responsabilisation et l’engagement de ses collaborateurs. Cet article vous a « chatouillé » intérieurement ? Testez aujourd’hui quelque chose que vous avez toujours eu envie de faire sans l’oser !


Paru dans Reflets Mag #141. Pour lire le numéro, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

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