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Reflets Mag #142 | Laurent Guérinaud (E99) : Le goût du volant

Interviews

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30/03/2022

Dans Reflets Mag #142, Laurent Guérinaud (E99) raconte sa passion de la voiture, depuis les bureaux des plus grandes marques automobiles jusqu’aux pistes des championnats de kart et de Formule Vee, entre la France et le Brésil. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

« J’ai commencé à conduire à l’âge de 10 ans. » Fils de pilote, Laurent Guérinaud prend alors le volant d’un kart – et rejoint rapidement les circuits de compétition. « À 16 ans, je figurais dans le top 5 national avec une vingtaine de victoires et deux titres de champion d’Île-de-France à mon actif. J’ai même battu un certain Alain Prost lors d’une course amicale ! »

S’il a le niveau pour en faire sa carrière, il lui manque les sponsors. Mais il ne renonce pas à l’automobile pour autant. « Dès l’ESSEC, je me suis orienté vers ce secteur : stages chez Seat, Renault… » Puis il rejoint Peugeot au poste de responsable clientèle. Cerise sur le gâteau : on lui propose de participer aux Rencontres Peugeot Sport. « Cette compétition d’endurance oppose 130 équipes de 2 à 5 pilotes qui dévalent les routes de Belgique, France et Espagne en 206 pendant 3 à 24 heures. Une course de 24h à Magny-Cours est une expérience incroyable ! »

Virage à 360°

Laurent Guérinaud prend une déviation quand il décide de suivre au Brésil son épouse de l’époque. « Mon visa ne me permettait pas de décrocher un emploi sur place, alors je me suis reconverti dans la photographie, que je pratiquais en amateur depuis quelques années. Je me suis formé en lisant des revues spécialisées et en m’inscrivant sur des forums dédiés. »

Progressivement, il multiplie les prises de vues pour des banques d’images, des books, des trombinoscopes d’entreprise ou encore des magazines comme Fotografe Melhor, parution de référence. « Je rédigeais aussi plusieurs colonnes pour eux : conseils techniques, avis d’expert sur des photos soumises par des lecteurs… » Il donne par ailleurs des cours, et expose et vend ses tirages personnels.  

La roue tourne

Au bout de 4 ans, Laurent Guérinaud retrouve la France et la voiture. « Je suis devenu rédacteur en chef de C-Mag, magazine corporate de Citroën. Puis j’ai été promu responsable de la communication interne. »

Mais son cœur reste de l’autre côté de l’Atlantique, où il a rencontré sa compagne actuelle, Solange, brésilienne. « J’ai fini par m’installer définitivement à São Paulo et prendre la direction de la filiale locale de GiPA, institut d’études de référence dans l’après-vente automobile. »

Il découvre un marché très différent de l’Europe. « En vrac : on ne peut pas utiliser un prix HT à cause d’une fiscalité trop complexe ; 80 % du parc fonctionne à l’alcool, le biocarburant est beaucoup plus répandu et tiré de la canne à sucre, à l’inverse on n’a presque pas de diesel ; il y encore un très grand nombre de garages indépendants, pratiquement les uns à côté des autres ; un marché très pulvérisé et volatile, mais en croissance… »

Il apprend donc une nouvelle manière de conduire les affaires – de même qu’il expérimente de nouvelles formes de conduite automobile sur son temps libre. « J’ai pris part à plusieurs Track Days. Le principe : de grands circuits ouvrent leurs portes aux particuliers, qui peuvent faire des tours de piste avec leur propre véhicule. » Il avale le bitume brésilien avec une Audi A3 puis une DS3. « J’avais déjà fait ça en France, mais en moto, avec ma Ducati 900 SSie. Et quand j’ai arrêté la compétition, je me suis inscrit avec ma voiture personnelle, c’était un moyen de combler le manque. » La sensation n’en reste pas moins différente. « Ça ne remplace pas l’adrénaline de la compétition, la lutte avec d’autres pilotes… » En définitive, l’expérience s’avère aussi grisante que frustrante. « À chaque fois que j’assistais au départ d’une véritable course ou que je relisais les coupures de presse sur mes trophées de jeunesse, les larmes me montaient aux yeux. »

Nouveau départ

À l’aube de la quarantaine, Laurent Guérinaud se décide à renfiler ses gants de pilote – cette fois en Formule Vee. « Il s’agit de la catégorie monoplace la plus importante du monde, présente dans une vingtaine de pays, et connue pour avoir été l’antichambre de nombreux champions de Formule 1. À l’origine, le Vee fait référence à la marque Volkswagen, car la plupart des pièces utilisées dans les bolides provenaient de la Coccinelle. Aujourd’hui, les modèles sont plus modernes, ils développent 115 CV pour un poids de 590 kilos avec le conducteur, et affichent plus de 200 km/h en pointe. »

Pressé d’en découdre, Laurent Guérinaud rejoint en cours de route le championnat Paulista, principale compétition annuelle brésilienne. « L’adaptation a été difficile. Je n’avais jamais piloté une monoplace, ce sont des véhicules très sensibles, qui dérapent beaucoup ; le moindre excès d’optimisme vous envoie directement dans le décor… » Ce qui ne l’empêche pas de monter sur le podium dès le premier week-end, déjouant tous les pronostics. « En quelques courses, j’ai été propulsé sur la première marche, retrouvant le goût de la victoire après 24 ans ! J’ai ensuite rattrapé petit à petit mon retard au championnat, et me suis retrouvé au coude-à-coude avec le leader pour aborder l’ultime course – où je l’ai finalement dépassé et suis devenu le premier étranger champion de Formule Vee au Brésil. »

Cette entrée fulgurante dans le milieu attire les sponsors : Rokim Automotive, Chancela, DKDrones, SV Automobiles et finalement Motul. De quoi permettre à Laurent Guérinaud de rempiler pour 2021. « Au début, j’ai joué de malchance : percuté trois fois sur quatre courses, puis victime de problèmes de boîte de vitesses, j’étais loin au classement. Mais je me suis démené pour remonter, jusqu’à talonner à nouveau le leader – et à le battre encore une fois dans la dernière ligne droite, au terme d’une finale mémorable où j’ai subi plusieurs contacts avec d’autres voitures et évité de justesse des débris sur l’asphalte ! » Deux titres en deux ans : Laurent Guérinaud n’a pas perdu la main.

Prochaines étapes

Aujourd’hui, Laurent Guérinaud cherche des sponsors supplémentaires pour, peut-être, changer de catégorie. « Dès cette année, en plus de la Formule Vee, je souhaite participer à des courses de tourisme : Mercedes Benz Challenge ou GT Sprint Race avec des Mustang et Camaro modifiées… Mon objectif : me frayer un chemin jusqu’à la catégorie Stock Car au Brésil, l’équivalent du Super Tourisme européen. »

Pour autant, il ne cherche pas à devenir pilote de métier. « Je ne vois pas le sport automobile comme une profession. Je le vis comme une passion. » À fond !

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

Paru dans Reflets Mag #142. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer iciPour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

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