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Ultra-trail, triathlon, marathon, haute montagne… Ces ESSEC sportifs de l’extrême

Interviews

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05/07/2023

Les diplômés de grandes écoles ont le goût de la performance… et certains plus encore que d’autres ! Portraits de 10 alumni qui ont relevé des défis sportifs hors du commun.

Thomas Ostré (EXEC M21), le triathlon à fond

Thomas Ostré affiche de nombreux triathlons emblématiques à son compteur, dont plusieurs Ironman et un Norseman en Norvège. « Lors de cette épreuve redoutée et redoutable, vous partez pour 3,8 km de nage dans un fjord à 12°C, puis vous enchaînez sur 180 km de vélo avec plus de 3 000 mètres de dénivelé positif et vous achevez par un marathon de 42,195 km dont le dernier tiers en trail au sommet du Gaustatoppen. Après 12h44 d’effort, j’ai atteint la 46ème place au classement général, la 40ème au classement homme et la 1ère place en tant que Français amateur. »

Cependant il ne s’agit pas du défi le plus éprouvant qu’il se soit lancé. « Je me suis récemment mesuré à l’Enduroman, aussi connu sous le nom d’Arch to Arc, qui consiste à rallier Paris et son Arc de Triomphe depuis Londres et sa Marble Arch le plus rapidement possible. » Au programme : 140 km de course à pied entre Londres et Douvres, 45 km de nage pour traverser la Manche et 300km de vélo de Calais à Paris. « Plus de 8 000 personnes ont gravi l’Everest, près de 100 sont allés dans l’Espace… mais seules 52 personnes sont parvenues à finir cette course ! » Et Thomas Orse en fait partie. « J’ai effectué une première tentative qui a échoué après 15h30 de course et surtout 6h dans la Manche où, en proie au mal de mer, j’ai subi d’incessants vomissements tout en nageant… Mais je suis reparti trois semaines plus tard et cette fois j’ai réussi – malgré une tendinite au talon. » Cerise sur le gâteau : il détient le record du monde sur la partie vélo du trajet accomplie en 11h40.

Un exploit qu’il considère comme collectif. « Le triathlon peut passer pour un sport individuel. Or il repose sur une équipe : quand on traverse la Manche, on est suivi par un bateau, et je peux vous assurer qu’on a pleinement conscience de son importance ! Par ailleurs je me suis entouré d’un coach et de professionnels de santé pour la préparation, de partenaires qui m’ont aidé pour la logistique. Sans oublier le soutien sans faille de mon entourage personnel. Je suis très sensible à cette dimension. Déjà plus jeune, je pratiquais le hockey sur glace en tant que gardien de but, soit un rôle individuel au service du groupe. » Il dresse un parallèle avec le management. « Dans le sport comme dans l’entreprise, l’entraide, la confiance, la communication, le partage constituent à mes yeux autant d’atouts clés pour l’émancipation de chacun. Bien entouré, tout devient possible. »  

Florence Chevallier (E07) au sommet du Kilimandjaro

Fin 2022, Florence Chevallier et son mari effectuent l’ascension du pic Uruhu, sommet du Kilimandjaro et point culminant de l’Afrique. Une aventure personnelle – mais aussi un moyen d’attirer l’attention pour collecter des fonds au profit de la Fondation KEAF, créée en l’honneur de Krystel El Adm (E08), victime de l’explosion du port de Beyrouth en 2020, et dédiée aux enfants défavorisés du Liban. « Nous habitons à Dubaï et nous voulions soutenir une cause régionale. La crise qui affecte le Liban se ressent très fortement par ici. »

Pour s’entraîner, Florence Chevallier rejoint un groupe de trekkers locaux. « Nous nous levions à 4 heures du matin pour rejoindre les montagnes des Emirats du Nord et accumuler les kilomètres et les mètres de dénivelé, sous une chaleur qui pouvait atteindre 45°C. Un bon test de résistance ! » Elle utilise en outre l’application Alltrails pour improviser des randonnées de 5 heures partout où la mènent ses déplacements professionnels. « Par ailleurs, je pratique la gymnastique plusieurs fois par semaine depuis des années, ce qui me donne beaucoup de mobilité et de souplesse. Je ne me blesse pas facilement. »

Cependant la dimension psychologique s’avère tout aussi déterminante. « Rien ne prépare vraiment aux effets de l’altitude et du manque d’oxygène. Il faut accepter l’idée de se sentir mal pendant des jours – se lever avec une migraine, se retrouver avec toutes sortes de symptômes inquiétants et ne pas paniquer, aller ‘pole, pole’, ‘doucement, doucement’ en Swahili. Il s’agit d’une expérience très introspective, réclamant constance et confiance. Particulièrement le dernier tronçon : on commence à minuit et on embarque pour 16 heures de montée et de descente sur des pentes vertigineuses, alors qu’on a déjà au compteur plusieurs jours de marche et d’acclimatation. »

En définitive, le couple a levé 30 000 $ pour la Fondation KEAF. « Et nous avons chacun perdu 5 kg ! » Florence Chevallier a aussi tiré des bénéfices professionnels de cette expédition. « Relever ce type de défi constitue un excellent moyen d’inspirer les équipes et d’affirmer son leadership, de développer des compétences comme la concentration et la détermination, et d’apprendre à mobiliser le meilleur de soi, c’est-à-dire à identifier ses éléments déclencheurs de motivation pour améliorer ses performances et son engagement dans l’effort et le travail. »

Thibaud Coudriou (E10), le pro du vélo

Dès sa majorité, Thibaud Coudriou emploie ses vacances à parcourir l’Europe à vélo avec ses sacoches. Parfois à deux, et souvent seul aussi. « Paris-Nice, Paris-Berlin, Paris-Barcelone, Paris-Istanbul… J’aimais sillonner les petites routes le nez au vent, camper, aérer mon esprit, faire travailler mon corps. Explorer. Explorer mes propres limites et celles de mon monde. » 

Des limites qu’il repousse de plus en plus loin. D’abord en se lançant pendant un mois sur la Karakorum Highway dans l’Himalaya, qui va du Kirghizistan au Pakistan en passant par la Chine – périple où l’accompagne Thibaut Dejean de la Batie (E10), pour sa part en… roller (voir paragraphe dédié). Ensuite en parcourant les fjords de Norvège avec Anne Dardelet (E11). Et enfin, à l’issue de ses études, en entreprenant un périple encore plus long, plus difficile : la traversée de l’Amérique Latine en solitaire. Soit 8 000 km en 10 semaines qui le mènent en Équateur, au Pérou, en Bolivie, en Argentine et au Chili. « Au fil des semaines et des kilomètres, alors que j'étais tourné vers l'extérieur et vers les gens qui croisaient ma route, un tout autre voyage a progressivement démarré – un voyage au plus profond de moi même, entre introspection et plénitude. Effet de l'altitude, des endorphines, ou de l'omniprésence du catholicisme en Amérique Latine ? La spiritualité a en tout cas été l'invitée surprise de mes pérégrinations. »

Suivront encore deux expéditions solo – un Paris-Palerme et un tour de l’Atlas au Maroc – ainsi qu’un Paris-Saint-Jacques de Compostelle avec Olivier Eisenzimmer (E10) avant qu’il raccroche ses crampons. Enfin presque : « Si je ne pars plus à l’aventure, je fais désormais des courses cyclistes, ainsi que des marathons, des trails et du crossfit. »  

Marianne Florea (BBA 12), la traversée des déserts

À l’origine « coureuse du dimanche », Marianne Florea monte progressivement en puissance à partir de 2021. Elle débute par des courses sur route allant du 5 km au semi-marathon, puis passe à l’ultra, d’abord avec le HMDS (Half Marathon Des Sables), course de 120 km en 3 étapes dans le désert du Wadi Rum en Jordanie. « J’ai fini 3ème féminine ! » Un an plus tard, elle s’attaque au MDS (Marathon Des Sables) qui double la difficulté – littéralement : cette fois, le parcours s’étend sur 250 km en 5 étapes dans le Sahara. « Il faut supporter une température qui peut atteindre 55°C et affronter des tempêtes de sable tout en portant un sac à dos de 6,5 kg avec toute son alimentation pour la durée de la compétition (essentiellement des sacs de riz), son duvet, sa couverture de survie, ses produits de pharmacie… » La préparation réclame autant un entraînement physique,  avec 100 à 150 km de course par semaine, que logistique : « Pour chaque article que je devais emporter, j’ai recherché le meilleur rapport qualité / poids. Et pour composer mon stock de nourriture, j’ai calculé que j’avais besoin d’environ 16 000 calories en tout, ainsi que de 80 grammes de glucides par heure de course. » Une approche raisonnée et stratégique qui se nourrit de sa pratique en tant que consultante. « Pour moi, il ne peut y avoir de performance sans objectif. De même qu’en entreprise, j’établis toujours des plans avec des jalons, en course à pied, je prévois tel nombre de séances d’entraînement et d’heures de sommeil pour atteindre tel chrono ou classement. Et je mesure régulièrement mes résultats à l’aide de KPI. »

Thibaut Dejean de la Batie (E10), le roller à 100 à l’heure

Thibaut Dejean de la Batie est un adepte des courses d’endurance en roller depuis plus de 20 ans. Il débute au sein du PUC Roller, club parisien qui l’emmène de la capitale à Chartres, Orléans, Giens ou Dieppe pour des entraînements sur plusieurs centaines de kilomètres. Puis il entre dans le circuit des compétitions dont il devient un régulier, qu’il s’agisse de la One Eleven, parcours de 111 km en Suisse où il se hisse jusqu’à la 2ème place, des 24 Heures du Mans en solo où il atteint là aussi le 2nd rang sur près de 150 patineurs avec plus de 550 km au compteur, ou encore du Challenge du Centre, course de six heures. Parallèlement, il se prend aussi de passion pour les raids, toujours en roller, parfois en alternance avec le VTT pour atteindre des zones autrement inaccessibles. Il traverse ainsi l’Himalaya avec Thibaud Coudriou (E10) (voir paragraphe dédié), fait l’ascension du Mont Ventoux, franchit les Alpes depuis la France jusqu’à l’Italie, parcourt les étendues désertiques de l’Iran, explore les reliefs de l’Inde… C’est ce qui s’appelle rouler sa bosse.

Thomas Legrain (E96), une endurance à toute épreuve

Passionné d’ultra-trail, Thomas Legrain a notamment couru l’UTMB, la Diagonale des Fous, le Marathon des Sables, l’Ultra-Marin, l’Ultra 6000D, l’Endurance Trail, l’Ardennes Mega Trail, le Grand Raid 6666, la Fusion Race, la Spince Race ou encore le Tor des Géants. Cette dernière expérience l’a particulièrement marqué. « Il s’agit de franchir 340 kilomètres, dont 31 000 mètres en dénivelé positif et autant en négatif, soit près de quatre fois l’ascension et la descente de l’Everest. En une seule course de 150 heures non-stop, on traverse toutes les plus hautes montagnes d’Europe : le Mont Blanc, le Mont Rose, le Mont Cervin, les Grandes Murailles et la Dent d’Hérens, le Grand Combin, les Grandes Jorasses et le Grand Paradis. Les dangers sont nombreux : conditions météorologiques hostiles (froid glacial, nuit noire, rafales de vent, pluie, grésil, tonnerre, foudre), reliefs vertigineux, privation de sommeil, hallucinations… J’ai dû m’entraîner pendant trois ans et apprendre à tenir en dormant 30 minutes toutes les 24 heures pendant 6 jours. »

Une aventure inoubliable, d’autant qu’elle rejoint son autre passion extrême : celle des grands sommets. « J’ai déjà effectué l’ascension du Mont Blanc (4807 m), du Kilimanjaro (5895 m – en 48h !) et de l’Aconcagua (6962 m) pour mes 50 ans. Comme on dit : ‘sky is the limit’. »

Marion Faucher-Peres (E09) et Maïa Courjaret (M09), raides dingues de raids

C’est la passion du sport qui les a rapprochées : course à pied en compétition pour Marion Faucher et index 2 au golf pour Maïa Courjaret, devenue en 2014 championne de France individuelle corpo. Ensemble, elles se lancent un premier défi en 2012 : l’ascension du Mont-Blanc. « Objectif atteint après 20 heures d’efforts qui nous ont marquées à jamais… À peine redescendues, nous avions déjà envie de repartir. » Souhait réalisé en 2013, avec leur participation au Raid Amazones l’Arbre Vert, raid aventure multisports 100 % féminin composé de 6 jours de canoë, VTT et course par équipe de trois. « Beaucoup d’émotions pour une belle 11ème place sur 88 équipes ! » Depuis, elles continuent de partager 2 à 4 jours de micro-aventures dans la nature chaque année : course d'orientation, saut en parachute, randonnée sur les crêtes des volcans du Cantal en raquette ou encore traversée de l'Auvergne en traîneau à neige avec nuits sous la tente par -6°C… « Au quotidien, ces défis nous permettent de maintenir un réel équilibre avec nos vies professionnelles, de sortir de notre zone de confort et de puiser plus profondément dans nos ressources grâce à la force supplémentaire qu’a pu nous donner la pratique en équipe. Nous nous connaissons mieux, individuellement, l’une l’autre également. »

Jean-Luc Ayme (E91), du marathon d’Annecy au Trail du Ventoux

Adepte de la course à pied depuis de longues années, Jean-Luc Ayme participe à son premier marathon en 2016 à Annecy. « J’ai réalisé une performance tout à fait honorable de 3h25 malgré des conditions dantesques : vent violent, pluie battante… » L’expérience, loin de le refroidir, lui donne envie de s’essayer au trail. Cependant les deux disciplines s’avèrent très différentes. « Le marathon demande de maintenir une vitesse ‘cible’ à peu près constante. À l’inverse, le trail exige de doser l'effort en fonction du terrain, du dénivelé, des sensations… »

Si on peut s’inscrire à un club ou prendre un coach pour s’entraîner, Jean-Luc Ayme bâtit son propre programme physique en allant piocher des idées sur Internet. « Contrairement à ce que préconisent beaucoup, je suis incapable de tenir un rythme de 4 à 5 séances par semaine ; je n’ai pas le temps et, après plusieurs blessures, je connais les limites de mon corps. Je m'en tiens donc à 2 ou 3 sorties en pleine campagne, au cœur du Luberon, là où j’ai la chance d’habiter. » Au fond, seul lui importe de prendre du plaisir. « De toute façon je ne serai jamais champion du monde, donc autant m'amuser ! »

Ce qui ne l’empêche pas de s’engager dans des compétitions réputées très difficiles. « J’ai récemment participé au Trail du Ventoux, course mythique de 46 km avec 2 400 mètres de dénivelé positif, d’autant plus dure que le trajet mène de la plaine, où il fait 20°C, au sommet, où il neige. Sans compter le Mistral avec des rafales pouvant dépasser les 100 km/h ! » Malgré deux chutes et des crampes dans la descente, il franchit la ligne en 6h09 et se classe 16ème dans sa catégorie. Un bon résultat qu’il attribue en premier lieu à son mental : « Il ne faut pas viser la performance à tout prix, l'optimisation permanente. Cette logique fonctionne pour le sprint, pas pour la longue distance – de même que la stratégie d’une entreprise ne peut se réduire à maximiser le résultat à très court terme. Du moins c’est ma conviction : dans un domaine comme dans l’autre, il faut travailler sur le temps long, accepter d'avancer progressivement et faire preuve d'endurance. »

Cédric Leclercq (E22) tient les distances

Cédric Leclercq a récemment fini l’IronMan de Nice. « 11h20 pour venir à bout de 3,8 km de natation, 170 km de vélo et d’un marathon ! À l’arrivée : une 275ème place sur plus de 2 500 inscrits. » Un résultat obtenu grâce à 15h d’entraînement par semaine en moyenne sur les 4 mois précédant la compétition. « On m’a souvent demandé comment je faisais pour être si peu fatigué malgré toute cette activité physique. J’attribue justement cette énergie à la rigueur de la préparation qui inclut aussi une alimentation équilibrée et l’arrêt de l’alcool. » Il en tire un enseignement plus large : « En intégrant du sport régulièrement à votre quotidien, vous gagnez largement en productivité et vous renforcez votre prédisposition mentale à vous consacrer à votre travail. »

Une forme d’hygiène de vie qui trouve son prolongement dans son engagement parallèle pour les mobilités décarbonées. « Lors de mon cursus à l’ESSEC, je me suis rendu de Cergy à Helsinki en vélo pour y effectuer mon échange universitaire. Une aventure de 55 jours au cours de laquelle j’ai parcouru 6 700 km à travers 8 pays, dans des conditions parfois difficiles : 80 km par jour en moyenne dans les montagnes norvégiennes contre 200 km sur les routes plates allemandes ! » Expérience qu’il a réitérée un an plus tard pour revoir ses camarades rencontrés lors de son premier séjour. « Un nouveau voyage inoubliable qui nous a menés dans 11 pays au cœur de montagnes majestueuses comme les Dolomites et les Alpes Slovènes, le long des plus grands fleuves d’Europe et au détour de certaines des plus belles villes du continent : Milan, Vienne, Münich… »

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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