Mardis de l’ESSEC : Ségolène Royal, ambassadrice des pôles
Le 30 janvier 2018, les Mardis de l’ESSEC ont reçu Ségolène Royal, ancienne candidate à l’élection présidentielle de 2007, actuelle ambassadrice des pôles Arctique et Antarctique chargée du suivi de l’alliance solaire et auteur du Manifeste pour une Justice Climatique.
La question du climat a été au cœur du débat – comme elle a été au cœur du parcours de Ségolène Royal tout au long de son parcours : ministre de l’Environnement sous François Hollande, elle a présidé la Conférence de Paris sur le Climat avant de succéder à Michel Rocard au poste d’ambassadrice des pôles et de s’investir personnellement sur le sujet de la justice climatique et de la croissance verte.
Tout un programme
Ségolène Royal dit croire profondément à la dimension « gagnant-gagnant » du combat climatique, qui « n’impose pas de prendre aux uns pour donner aux autres ». Selon elle, il existe des convergences globales d’intérêts autour de cet enjeu, y compris dans des domaines comme celui de la finance verte, dont les acteurs ont tout intérêt à investir pour l’avenir tout en jouissant en contrepartie d’une image positive au sein de l’opinion publique.
Mais comment faire ?
Ségolène Royal l’affirme : il revient à la puissance publique de fixer des directives et un horizon sur le sujet, afin de mettre tout le monde en ordre de marche. Pour autant, la femme politique met en garde contre les travers d’une « écologie punitive » : elle préfère l’incitation à la coercition. Elle récuse en revanche toutes les accusations d’impuissance ou d’abandon de la part de l’État face aux problématiques écologiques. Interrogée sur le retrait de Trump de l’Accord de Paris, elle rétorque qu’il s’agit certes d’un coup dur, mais que le texte n’est pas « laxiste » comme on le prétend souvent, qu’il constitue au contraire un efficace « agenda de solutions », et qu’il aurait été bien trop difficile d’imposer des contraintes mondiales.
Construire l’avenir des hommes… et des femmes
L’implication forte de Ségolène Royal dans le combat écologique ne doit pas faire oublier ses autres engagements, notamment celui en faveur des droits des femmes à travers le monde. Selon l’ambassadrice, les femmes restent bien trop marginalisées et victimes d’un réel problème « d’empowerment » à toutes les échelles – du manque d’accès au pouvoir au manque d’accès aux moyens de production les plus basiques. Ségolène Royal se réjouit donc de la libération actuelle de la parole des femmes, notamment en France, car elle qui a fait voter une loi contre le bizutage sait d’expérience que « dès qu’on libère la parole, les choses changent ».
Une femme libérée
Interrogée sur son rôle actuel au sein du gouvernement, Ségolène Royal affirme n’être présente qu’en tant que consultante. « Je ne suis pas au gouvernement, je rends service et je conserve ma liberté de parole. » Elle n’en réfute pas moins toute idée de rupture entre son action et celle de Nicolas Hulot : si elle est certes en désaccord avec son collègue sur certains points (comme la réautorisation des recherches de pétrole en Guyane ou le recul sur le glyphosate), il n’empêche que son successeur respecte selon elle la loi de transition énergétique, assurant ainsi une continuité.
Et demain ?
Toujours aussi ambitieuse, Ségolène Royal pense déjà à l’avenir. À son avenir professionnel tout d’abord : si elle se concentre pour l’instant sur l’organisation du futur sommet solaire en Inde, elle se dit ouverte à toutes les opportunités politiques, sans savoir exactement d’où elles viendront. À l’avenir politique du Parti Socialiste ensuite : bien qu’elle respecte ceux qui s’engagent dans sa reconstruction, elle estime quant à elle avoir déjà consacré suffisamment de temps à son alma mater et préfère « laisser ce chantier à la nouvelle génération ». Décidément, Ségolène Royal est bel et bien partie sous d’autres latitudes.
Propos recueillis par Pauline Bittou (étudiante)
Illustration : © Noir sur Blanc
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