Dans Reflets #125, Valérie Accary (E87), présidente de CLM BBDO et de BBDO Paris, Antoine de Gabrielli (E83), associé chez Companieros, Hélène Lucien (M11), cofondatrice de GeoKaps, et Ghislaine Tandonnet Guiran (E90), déléguée générale de la Fondation RAJA Danièle Marcovici, expliquent comment ils s’engagent, chacun à leur manière, pour faire progresser l’égalité femmes-hommes. On vous offre un extrait de l’article… abonnez-vous pour lire le reste !
Ce n’est un mystère pour personne : nous sommes encore loin d’avoir atteint l’égalité femmes-hommes dans le monde du travail. Antoine de Gabrielli dresse même un constat plutôt désespérant : « En France, 90 % des membres des comités de direction et des comités exécutifs, 75 % des cadres dirigeants et 60 % des managers sont des hommes. Pourtant, les diplômés de l’enseignement supérieur sont à 58 % des femmes. » Ghislaine Tandonnet-Guiran nuance légèrement le tableau : « Les femmes diplômées sont de plus en plus nombreuses, accèdent massivement au marché du travail et choisissent de plus en plus d’avoir des enfants ou non, au moment qui leur semble opportun. » Mais les progrès s’arrêtent là. « Les femmes subissent encore de nombreuses discriminations en termes d’accès à l’éducation, à des emplois qualifiés, et à des rémunérations identiques à celles des hommes. » La loi de 2006 sur l’égalité salariale n’a pas eu les effets escomptés. « Si l’écart net se réduit – il est passé de 27 % en 2009 à 24 % en 20141 – les hommes gagnent encore en moyenne 34 % de plus2. Au rythme actuel, l’égalité ne sera atteinte que dans 100 ans. » Beaucoup sont en outre freinées dans leur évolution de carrière par le fameux plafond de verre. « Les femmes accèdent moins rapidement à un CDI et évoluent plus lentement que leurs collègues masculins. Dans les entreprises privées, deux tiers des postes de cadres sont occupés par des hommes et les femmes n’occupent que 20 % des postes de direction. » Hélène Lucien relève à ce sujet : « C’est particulièrement marqué dans les secteurs traditionnellement genrés (industrie, BTP, finance, banque…), mais la règle s’applique plus ou moins partout. Même dans l’écosystème start-up, les femmes de la tech lèvent l’équivalent de 7 % des montants levés par les hommes. » Valérie Accary cite encore un autre exemple : « Le chômage touche autant les hommes que les femmes après 45 ans… Mais une femme met 30 % plus de temps à retrouver un emploi. »
Pourtant, les mentalités ont bel et bien changé. Antoine de Gabrielli révèle : « En 1990 en France, les femmes avaient en moyenne 5 ans de moins que leur conjoint, et donnaient naissance à leur premier enfant à 25 ans. Elles débutaient donc à peine dans le monde du travail quand leurs conjoints occupaient leurs premières vraies responsabilités. Logiquement, la carrière des hommes était privilégiée. Aujourd’hui, dans les couples de cadres de la GenY, l’homme et la femme ont en moyenne le même âge et les femmes ont leur premier enfant à 30,2 ans. Ça change tout ! Les femmes ne renoncent plus à leur vie professionnelle ni les hommes à leur vie privée : les entreprises ont en face d’elles des femmes et des hommes qui partagent les mêmes contraintes. »
Le décalage semble donc plus fort que jamais entre les valeurs et aspirations des travailleurs, et la réalité du monde professionnel. Pas étonnant dès lors qu’un nombre croissant de diplômé(e)s de l’ESSEC décide de prendre les choses en main.
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Extrait du dossier « Marché de l’emploi : y a du boulot ! » paru dans Reflets #125. Pour accéder à l’intégralité des contenus du magazine Reflets ESSEC, cliquer ici.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
Valérie Accary débute sa carrière chez Saatch&Saatchi Advertising en 1987. Elle y évolue pendant près de 10 ans, jusqu’au poste de directrice générale adjointe. En 1996, elle est nommée directrice générale de CLM BBDO. Six ans plus tard, elle prend la direction générale de BBDO Europe en charge des clients multinationaux, puis en 2005, elle devient membre du Board de BBDO WW avant de prendre la présidence de CLM BBDO et de BBDO Paris.
Antoine de Gabrielli dirige depuis 30 ans Companieros, L’École du Sens au Travail. Il est notamment le créateur des réseaux Happy Men Share More et Happy Bankers, ainsi que membre du Club XXIe Siècle et du Laboratoire de l’Égalité, blogueur, conférencier et auteur de nombreux articles sur la question de l'égalité entre hommes et femmes.
Pendant quinze ans, Hélène Lucien accompagne de grands groupes médias (France Télévisions, Radio France, TF1, Orange, Mediamétrie, Arte, Audiens, DGMIC…) dans leurs stratégies de développement numérique. Puis elle s’associe avec Yann Petit pour développer GeoKaps, plateforme qui structure et analyse la data sociale publique par moments clé, expressions et zone géographique de manière à permettre aux entreprises de converser et améliorer leur connaissance clients. Elle est également vice-présidente d’ESSEC Women Alumni.
Ghislaine Tandonnet Guiran a alterné des périodes en entreprise (Ecofys, Artelia) et des missions de conseil en développement durable auprès d’organisations françaises et internationales comme le Ministère de l’Ecologie, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et diverses agences de l’ONU. Elle est aujourd’hui déléguée générale de la Fondation RAJA Danièle Marcovici, engagée pour l’amélioration des conditions de vie des femmes.
1Selon le Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes
2 Jean Gadrey, Nicole Gadrey « Les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes selon leur niveau de diplôme », La Revue de l'Ires 2017/3 (n° 93), p. 3-24.
Illustration : Antoine de Gabrielli (E83), Ghislaine Tandonnet Guiran (E90), Hélène Lucien (M11) et Valérie Accary (E87)
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