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Stéphane Leroux (E84) et Jean Mortier (E82) s’engagent pour la Fondation du Patrimoine

Interviews

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22/03/2023

Stéphane Leroux (E84) et Jean Mortier (E82) sont respectivement délégué départemental de l'Île-de-France et délégué thématique bénévolat et délégué départemental des Landes pour la Fondation du Patrimoine. Ils expliquent leurs missions – et appellent les ESSEC à s’engager à leurs côtés. 

ESSEC Alumni : Quelles sont les missions de la Fondation du Patrimoine ? 

Stéphane Leroux : La Fondation du Patrimoine a pour principale mission la sauvegarde du patrimoine rural et de proximité, dont découlent ses autres axes d’actions : l’accès à la culture, la transmission aux générations futures, le développement de l’économie locale et la création d’emplois (notamment via le tourisme et l’artisanat). Elle compte près de 100 salariés et 900 bénévoles dans toutes les régions de France.

EA : Que recouvre exactement le « patrimoine » dont la Fondation s’occupe ? 

Jean Mortier : Nous nous occupons du patrimoine non protégé au sens légal, qu’il s’agisse de bâti, de parcs et jardins, de mobilier ou encore de véhicules d’époque, et que les propriétaires soient privés ou publics. Les biens concernés doivent en outre pouvoir être vus par le public, que ce soit simplement depuis la rue, ou dans le cadre d’expositions ou de visites.

EA : Comment le patrimoine est-il protégé en France ? 

S. Leroux : La loi prévoit deux dispositifs. Premier outil : le classement ou l’inscription au titre des monuments historiques, qui correspondent à deux niveaux de protection plus ou moins élevé. L’État contribue généreusement au financement des restaurations de ces biens, en contrepartie d’un cahier des charges très strict. Deuxième outil : les sites patrimoniaux remarquables (SPR). Les travaux visibles sur les biens situés dans ces périmètres géographiques sont soumis à l’approbation des architectes des bâtiments de France (ABF).


J. Mortier : La Fondation du Patrimoine cible quant à elle le patrimoine qui n’est pas protégé légalement mais qui mérite d’être sauvegardé. Le vivier est immense, souvent rural et de proximité, propriété de particuliers ou de collectivités territoriales, et concerne autant du bâti (églises, moulins, maison d’illustres) que du non bâti (mobilier, transport, naturel et biodiversité).

EA : Quels liens la Fondation du Patrimoine entretient-elle avec l’État ?

S. Leroux : Nous sommes une fondation privée reconnue d’utilité publique.
Notre action est donc indépendante et complémentaire à celle de l’État. Nous intervenons en soutien de la Mission Patrimoine, confiée à Stéphane Bern, en mobilisant des ressources privées (dons de particuliers, mécénat d’entreprises) et publiques (subventions publiques, succession en déshérence, Loto du Patrimoine).


EA : Quelle est votre implication dans le Loto du Patrimoine ? 

J. Mortier : Nos délégations départementales proposent des projets à la Mission Patrimoine qui en retient chaque année un par département en sus de 18 projets emblématiques au niveau national. La Fondation du Patrimoine concourt à l’identification des projets comme au montage des dossiers, verse les financements issus du Loto et suit les réalisations.

EA : Au-delà du Loto du Patrimoine, comment mobilisez-vous des fonds ?


S. Leroux : Nous passons par trois principaux canaux. Primo, l’attribution du label Fondation du Patrimoine qui permet aux propriétaires particuliers de biens situés dans des communes de moins de 20 000 habitants et/ou dans un site patrimonial remarquable de déduire le montant de leurs travaux de leurs revenus imposables (dans certaines limites). Deuxio, la collecte de dons, généralement pour des projets identifiés, au profit le plus souvent de collectivités locales ou d’associations propriétaires de patrimoine remarquable ; là aussi, les donateurs bénéficient d’une réduction d’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur la fortune immobilière. Tertio, le mécénat d’entreprises, le plus souvent sur des projets d’envergure, ouvrant droit à déduction de l’impôt sur les sociétés.

EA : Quels montants parvenez-vous à collecter ? 

J. Mortier : En 2021, nous avons rassemblé 15 millions d’euros via nos collectes et 51 millions d’euros via nos mécénats et parrainages. Nous avons en outre attribué plus de 25 000 labels qui ont généré en moyenne 55 000 euros par chantier. En tout, nous avons ainsi permis de financer pour 595 millions d’euros de travaux (hors Notre Dame de Paris).

EA : Quels sont les projets de la Fondation du Patrimoine pour les années à venir ?


S. Leroux : La Fondation du Patrimoine va renforcer ses actions pour la sauvegarde du patrimoine naturel et la biodiversité, ainsi que sur l’intégration des enjeux d’éco-rénovation dans les projets de restauration du patrimoine bâti, en s’appuyant sur des experts externes et sur des délégués bénévoles dédiés à ces thématiques.


J. Mortier : Nos équipes travaillent aussi à la modernisation de nos outils et de notre fonctionnement avec notamment un effort de digitalisation en vue de développer le don en ligne et d’élargir nos cibles de donateurs.

EA : La Fondation du Patrimoine intervient-elle à l’international ? 

S. Leroux : Nous n’avons pas vocation à intervenir à l’international, mais nous avons des donateurs partout dans le monde, notamment depuis l’incendie de Notre Dame de Paris qui nous a donné une forte visibilité au-delà des frontières et a déclenché un élan de générosité international. Nous cherchons d’ailleurs à mieux nous faire connaître des donateurs étrangers, ainsi que des Français résidant hors du territoire. Nous organisons ainsi prochainement un évènement d’information à Londres.

EA : Vous êtes tous deux délégués bénévoles pour la Fondation du Patrimoine. Quelles missions et activités ces postes recouvrent-ils ?


S. Leroux : La Fondation du Patrimoine compte 21 délégations régionales, toutes dirigées et animées par un bénévole. Celui-ci travaille avec des délégués territoriaux, départementaux et thématiques (architecture, communication, collecte, photographie…) pour identifier les projets, accompagner les porteurs sur le plan administratif et technique, et échanger avec les élus et décideurs locaux.  

EA : Quelles actions avez-vous menées récemment en tant que délégué bénévole ? 

J. Mortier : J’ai vécu une expérience formidable dans un petit village du Nord des Landes, Lencouacq, qui abrite une superbe église du XVIIIème siècle et qui nécessite des travaux d’un montant colossal pour une localité de 450 habitants. Concrètement, j’ai réuni autour du projet le maire, l’Association des Amis de l’Église, les instances départementales, régionales (DRAC) et nationales susceptibles de verser des subventions, l’architecte des bâtiments de France des Landes et un grand donateur. Ensemble, nous avons trouvé des solutions de financement et établi un calendrier d’actions. Ce n’est que le début du sauvetage mais cet exemple montre le rôle clé que nous pouvons jouer.


EA : Quel engagement réclame le poste de délégué bénévole ?

S. Leroux : En moyenne, un bénévole doit consacrer 20 % de son temps à ses missions pour les mener à bien. Il peut cependant organiser ce temps comme il le souhaite. L’idée est en outre de s’engager pour plusieurs années, afin de capitaliser sur l’expérience et d’assurer la transmission à de nouveaux bénévoles. Chacun bénéficie par ailleurs de nombreuses ressources pour monter en compétences : parcours d’intégration au niveau national et régional, portail du patrimoine avec des didacticiels, formation à distance, bases de données, accompagnement des experts du siège…

J. Mortier : Cet engagement est récompensé par les rencontres merveilleuses que l’on fait dans le cadre du travail et par la satisfaction de pouvoir constater l’impact de nos actions littéralement à l’œil nu. Il est très satisfaisant lorsque je circule dans le département de voir telle maison ou tel clocher restaurés dans les règles de l’art grâce à notre intervention !

EA : Quels profils la Fondation du Patrimoine recherche-t-elle pour ses délégués bénévoles ? 

S. Leroux : Les bénévoles ont des profils très variés. Certains ont fait carrière dans le privé à des postes de management, de développement commercial et marketing ou de support technique, d’autres dans le public au sein de collectivités territoriales ou d’administration. Il n’est pas nécessaire d’être architecte ni ingénieur du patrimoine ni professionnel du BTP. Beaucoup ont du temps, voire sont à la retraite, mais nous comptons aussi des étudiants et des actifs qui ont la chance d’avoir un emploi du temps flexible.

EA : Comment les ESSEC peuvent-ils devenir délégués bénévoles de la Fondation du Patrimoine ?


S. Leroux : La Fondation du Patrimoine a besoin de vos compétences en management, finance, marketing, stratégie ou encore audit, ainsi que de votre expérience en relations professionnelles de haut niveau. N’hésitez donc pas à postuler via notre site. Si vous souhaitez en savoir plus avant de vous engager, vous pouvez consulter le portail patrimoine 
et/ou échanger directement avec les délégations régionales ou avec Anne Théry à la direction des ressources humaines (anne.thery@fondation-patrimoine.org).


 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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