Reflets Mag #153 | France - Inde : les liaisons fructueuses
Reflets Mag #153 consacre un dossier à l’Inde et à sa puissance économique grandissante. Parmi les intervenants : Jean-Marc Séré-Charlet (E92), consul général de France à Bombay, et Guillaume Vigier (E04), responsable du service d’appui aux entreprises (SAE) de la Chambre de commerce France-Inde (IFCCI), sur les relations du pays avec la France, son septième investisseur. Découvrez l’article en accès libre… et pour lire les prochains numéros, abonnez-vous !
Reflets Magazine : Quels sont les liens économiques et diplomatiques entre l’Inde et la France ?
Jean-Marc Séré-Charlet : La France et l’Inde sont liées par des partenariats stratégiques depuis plus de 25 ans dans des secteurs clefs comme la défense, l’énergie nucléaire civile et le spatial. Plus récemment, nous avons élargi notre coopération à de nouveaux secteurs, notamment autour de la zone indo-pacifique où notre pays compte plus d’un million de ressortissants. Avec la croissance exceptionnelle de son marché (7,7 % prévu en 2024), l’Inde offre de nombreuses opportunités pour nos entreprises. Dans l’autre sens, les Indiens commencent à accroître leurs investissements en France : le PDG de Tata Sons vient d’annoncer le lancement à la Défense d’un centre d’excellence en innovation axé sur l’intelligence artificielle qui va permettre de créer 150 emplois.
Guillaume Vigier : Un dynamisme dont témoigne la visite du président Macron pour la fête de la République indienne début 2024 et celle du Premier ministre Modi en France en tant qu'invité d'honneur mi-2023, au cours de laquelle les deux dirigeants ont dévoilé la feuille de route Horizon 2047, fixant le cap pour les relations entre nos deux pays d’ici au centenaire de l'indépendance de l'Inde.
RM : Quel rôle l’Union européenne joue-t-elle dans le développement des échanges entre la France et l’Inde ?
G. Vigier : L'Inde et l'Union européenne négocient actuellement un accord de libre-échange qui donnera un élan considérable au commerce bilatéral. Les discussions tournent autour de trois domaines principaux : la libéralisation du commerce par la réduction des barrières tarifaires, non-tarifaires et réglementaires, et la facilitation de l’accès aux marchés ; la protection des investissements ; et la protection des indications géographiques.
RM : Aujourd’hui, dans quels domaines la coopération franco-indienne se déploie-t-elle ?
J.-M. Séré-Charlet : La plupart des groupes du CAC 40 sont implantés localement – Alstom pour la fabrication de ses trains, TotalEnergies dans les énergies renouvelables, BNP Paribas qui a ouvert son premier bureau à Bombay dès 1865 – mais aussi des acteurs de la tech comme Ubisoft. Dans ma seule circonscription (qui recouvre l’ouest du pays), on trouve des grands groupes comme Sanofi, Dassault, Michelin ou L’Oréal, mais aussi de nombreuses PME et même des micro-entrepreneurs.
G. Vigier : En tout, on dénombre plus de 1 000 établissements français en Inde, dans de nombreux secteurs : défense et aérospatial, agroalimentaire, pharmacie, transport et logistique, automobile, biens de consommation, luxe… Les fonctions de support informatique, d’ingénierie et de R&D occupent à elles seules environ 100 filiales – dont 65 implantées dans les cinq dernières années. Résultat : Capgemini emploie près de 300 000 salariés sur le territoire, BNP Paribas 15 000, la Société Générale 7 000. Parallèlement, Alstom pilote six unités industrielles et plusieurs centres d'ingénierie sur place, L'Oréal possède deux usines dans l'Himachal Pradesh et à Pune, et Michelin Tyres produit au nord de Chennai, tandis que Schneider Electric a investi 50 millions € dans une usine intelligente à Hyderabad, Safran 150 millions € dans deux sites industriels également à Hyderabad, ou encore CMA-CGM 130 millions € dans la modernisation d'un terminal à Bombay dont elle a obtenu la concession pour 30 ans.
RM : Quelles sont les perspectives pour les relations entre l’Inde et la France dans les années à venir ?
J.-M. Séré-Charlet : Outre le soutien de la France à l’Inde pour l’obtention d’un siège permanent au Conseil de sécurité, nous sommes appelés à renforcer notre coopération sur la scène internationale, notamment dans le cadre du G20 et de l’Alliance solaire internationale que nos deux pays ont initiée et qui vise à faciliter l’accès au financement à bas coût de projets photovoltaïques.
G. Vigier : La technologie devrait aussi constituer un axe important : Emmanuel Macron a annoncé une année de l’Innovation France-Inde pour 2026. Autres opportunités : tous les projets de développement indiens dans des domaines d’expertise française, comme les infrastructures de transport, d’accès à l’eau ou de traitement de déchets, les énergies renouvelables et le nucléaire, la défense et l’aéronautique. Enfin, les produits de luxe français disposent de réels débouchés dans les centres ur bains comme Bombay et Delhi, qui figurent parmi les 10 villes du monde abritant le plus grand nombre de milliardaires.
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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Image : © AdobeStock
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