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Reflets Mag #154 | Nicolas Hieronimus (E85), DG du groupe L'Oréal

Interviews

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31/10/2024

En couverture de Reflets Mag #154, Nicolas Hieronimus (E85) explique comment le groupe L’Oréal réalise plus de 40 Mds € de CA annuel malgré l’explosion des coûts de production et sans faire de compromis ni sur le made in France ni sur les objectifs environnementaux et sociaux. Découvrez un extrait de l’article en accès libre… et pour lire les prochains numéros, abonnez-vous !

Reflets Magazine : Avec un chiffre d'affaires record de 41,2 milliards d'euros en 2023, en hausse de 11 %, et une hausse de + 7,3 % au premier semestre malgré une conjoncture plus difficile, quels sont, en quelques mots, les secrets de la réussite continue de L’Oréal ?

Nicolas Hieronimus : Si L’Oréal surperforme le marché de la beauté année après année, renforçant sa place de leader mondial de la beauté, c’est d’abord grâce à la force de son modèle multipolaire. Être présent dans 150 marchés, dans toutes les grandes régions du monde et dans tous les circuits de distribution (grande distribution, sélectif, e-commerce, pharmacie, professionnels) nous protège des soubresauts conjoncturels. D’autre part, notre réussite repose sur notre capacité d’innovation sans cesse stimulée et la créativité de nos équipes. Nous gardons un esprit d’entrepreneur et de conquête !

RM : Sur quel modèle repose la stratégie de L'Oréal, quelle est sa culture d'entreprise ?

N. Hieronimus : Notre modèle repose sur la volonté de nous concentrer sur un seul métier : la beauté, rien que la beauté mais toute la beauté. Cette expérience plus que centenaire dans les cosmétiques, associée à des équipes talentueuses et une connaissance profonde des consommateurs, nous donne un avantage concurrentiel considérable. Mais ce qui fait la force de L’Oréal et qui constitue son principal marqueur identitaire, c’est l’innovation. L’Oréal est toujours restée fidèle à son ADN d’entreprise née d’une innovation et créée par un scientifique. Or, le marché de la beauté est un marché d’offre porté par l’innovation, L’Oréal y occupe donc une position unique avec ses 4 000 chercheurs, ses experts en beauty tech, et des investissements en recherche et innovation (R&I) de 1,3 milliard d’euros, plus importants que nos trois plus gros concurrents réunis. Naturellement, l’innovation et la créativité infusent toute notre culture d’entreprise. Cette culture est centrale et transcende les générations. Elle s’incarne dans des aphorismes parmi lesquels « Savoir saisir ce qui commence », que nous devons à l’un des dirigeants emblématiques de L’Oréal, François Dalle. Il s’agit de perpétuer ce qui fait le succès de L’Oréal : une entreprise pionnière, agile et toujours à la pointe.

RM : Comment réussissez-vous à être extrêmement compétitif tout en produisant en France ?

N. Hieronimus : Ce n’est pas antinomique, au contraire : être une entreprise française est un atout considérable. La France incarne la beauté et notre pays lui voue depuis des siècles une véritable passion. L’Oréal perpétue cet héritage d’un « made in France » qui véhicule des valeurs d’innovation, de savoir-faire et d’excellence, servi par un tissu industriel unique. Le groupe n’a d’ailleurs jamais cessé d’investir sur le territoire depuis la création de l’entreprise à Paris il y a 115 ans. Notre pays reste notre vaisseau amiral. Il est une terre de savoir-faire où nous réalisons un quart de notre production mondiale dans nos 11 usines. En France, L’Oréal, c’est 15 000 emplois directs et près de 100 000 emplois en équivalent temps plein avec les effets d’entraînement de notre activité. L’hexagone reçoit aussi 70 % de nos investissements mondiaux en R&I et concentre plus de la moitié de nos 4 000 chercheurs. 

RM : Comment votre groupe a-t-il géré la hausse des prix des matières premières et celle des prix de l'énergie ?

N. Hieronimus : En 2022 et 2023, effectivement, comme toutes les entreprises, nous avons fait face à une inflation des coûts entrants, due à l’augmentation des coûts de l’énergie et de nombreuses matières premières. Mais nous avons fait le choix d’absorber une grande partie de ces hausses. Et lorsque nous avons augmenté nos prix de vente, nous l’avons fait de manière très ciblée, en nous appuyant sur le lancement de nouveaux produits innovants avec des propriétés et des fonctionnalités justifiant un prix plus élevé.

RM : Dans un contexte économique incertain, comment maintenir des engagements puissants en matière de transformation environnementale, et de réduction de son empreinte carbone ?

N. Hieronimus : En réalité, l’un ne s’oppose pas à l’autre et surtout, l’un ne va pas sans l’autre. La responsabilité environnementale est, depuis près de 10 ans, un pilier de notre stratégie de double performance, économique et financière d’un côté, sociale et environnementale de l’autre, et nous avons la conviction que ces deux dimensions se renforcent mutuellement. Nous avons donc des objectifs ambitieux, y compris à court terme, à échéance 2025 ou 2030. Nous avançons pour atteindre le 100 % énergie renouvelable sur tous nos sites, ou encore 100 % de plastique d’origine biosourcée ou recyclée. Et nous appliquons la même rigueur et la même détermination dans la réussite de nos objectifs financiers et extra-financiers. L’Oréal est d’ailleurs la seule entreprise au monde à avoir été récompensée avec un AAA par le Carbon Disclosure Project (CDP) depuis 8 années consécutives. De plus, parce que cette transition environnementale doit intervenir dans toute l’industrie pour avoir l’impact nécessaire, nous mobilisons notre écosystème, nos partenaires, et parfois même nos concurrents, pour mettre en place des initiatives collectives. C’est ce que nous avons fait avec 70 entreprises de notre secteur pour lancer l’EcoBeauty Score, un système commun de notation de l’impact environnemental des produits cosmétiques. Mais nous voulons aussi contribuer à relever les défis environnementaux et sociaux, par de l’impact investing, des actions de solidarité, de prévention ou de reconstruction. Notre démarche s’incarne dans des initiatives comme nos fonds dédiés à l’économie circulaire ou encore à l’urgence climatique.

RM : Comment une entreprise centenaire comme L’Oréal fait face à la révolution technologique et peut continuer à être innovante ?

N. Hieronimus : C’est justement notre capacité à embrasser toutes les révolutions technologiques qui explique notre capacité à innover et à prospérer depuis 115 ans ! Donc la recherche scientifique et la technologie sont au cœur de l’organisation et de la stratégie de L’Oréal. Nous avons été parmi les premières entreprises à opérer notre transformation digitale et à nous engager dans la beauty tech dont nous sommes le leader, avec la promesse d’une beauté plus personnalisée, plus inclusive et plus durable pour les consommateurs. Chez L’Oréal, les métiers de la tech et de la data représentent plus de 8 000 collaborateurs sous la direction de Barbara Lavernos, directrice générale adjointe, en charge de la Recherche, de l’Innovation et de la Technologie, avec laquelle j’ai eu la fierté d’ouvrir le CES 2024 à Las Vegas. En quelques années, nous avons par exemple pu développer des innovations de rupture comme L’Oréal Water Saver, un pommeau de douche qui fonctionne par collision de gouttelettes micro-ionisées sous haute pression pour réduire jusqu’à 65 % l’utilisation d’eau dans les salons de coiffure. Ou encore SpotScan+ de La Roche-Posay, un outil d’analyse des peaux acnéiques, basée sur l’intelligence artificielle, qui recommande des routines de soins personnalisées. Ces innovations transforment la vie des gens, proposent des services toujours plus adaptés à l’infinie diversité des besoins de beauté, et participent à un monde plus inclusif et plus durable.

RM : Quelle est la place de l'IA, et plus particulièrement de l'IA générative, dans votre activité ?

N. Hieronimus : [suite de l’article à découvrir dans Reflets Mag #154]

 

Propos recueillis par François de Guillebon, rédacteur en chef de Reflets Mag

Paru dans Reflets Mag #154. Voir un aperçu du numéroRecevoir les prochains numéros.

 

Image : © Stéphane de Bourgies / L’Oréal

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