Mardis de l'ESSEC : Yves Perrier (E76), DG Amundi
Le 22 mars 2016, les Mardis de l’ESSEC ont reçu, en partenariat avec l’association ESSEC Transaction, Yves Perrier (E76), directeur général d’Amundi, leader européen de l’asset management. Une leçon de finance, mais aussi de management et de philosophie.
Celui qui a hésité entre une carrière de footballeur professionnel et la classe préparatoire, entame le débat par une phrase qui laisse songeur : « Pour être un vrai sportif de compétition, il faut être un battant, mais il faut aussi savoir perdre ». Et de filer la métaphore sur le business. Car l’homme se définit d’abord comme un bâtisseur d’entreprise qui, après avoir fait ses classes à la Société Générale puis au Crédit Agricole, pilote le rapprochement des pôles de gestion d’actifs des deux banques, et en assure la direction depuis. A-t-il si souvent perdu que ça ? La question reste ouverte.
À l’aise et pédagogue, le patron d’Amundi ne cède pas au jargon et sait mettre les considérations techniques – nécessaires quand on règne sur plus de 1000 milliards d’actifs – à la portée de son auditoire. Soucieux de donner un visage humain à son secteur, il se présente en capitaine d’industrie, qui après avoir porté son groupe sur les fonts baptismaux, s’attache aujourd’hui à lui conférer la taille critique nécessaire pour en faire un producteur en série, proposant des produits financiers standardisés comme d’autres vendent des Porsche ou des cafetières. Face à la concurrence asiatique et américaine, il se propose de concevoir un modèle européen à la structure allégée et à l’organisation taylorienne. On lui fait remarquer que ce modèle économique implique un recours abusif aux stages ? Balivernes ! Les opportunités d’évolution interne des stagiaires sont très ouvertes dans sa maison... C’est en tout cas ce qu’affirme ce farouche défenseur du management des hommes, carence selon lui des grandes écoles de commerce françaises. Oser prendre des risques, oser se lancer dans l’aventure ! Voilà ce qu’Yves Perrier appelle de ses vœux, lui qui constate au quotidien que « dans les projets ce qui manque le plus ce ne sont jamais les capitaux... ce sont les hommes ! »
De fait, Yves Perrier ne se contente pas de maîtriser les carnets de souches, et distille par petites touches sa vision des profils à soigner. Formation continue et esprit collectif sont ses chevaux de bataille : le marché du travail de demain recrutera des personnes souples, capables d’apprendre et de s’adapter tout au long de leur vie professionnelle ; des personnes humbles, qui auront conscience qu’ « on n’est rien par soi-même, on existe par le collectif dans lequel on est immergé ». Un mot de la fin parfaitement approprié pour un homme aux airs de philosophe du business.
Propos recueillis par Diego Mermet (étudiant).
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