• Groupe par validation
Retour aux actualités
Article suivant
Article précédent

Franck Annese (E00) : « Le confinement a montré que les Français aimaient lire ! »

Interviews

-

19/08/2020

Exceptionnel : ESSEC Alumni vous donne accès libre au n° spécial COVID-19 de Reflets ! Au sommaire, entre autres : Franck Annese (E00), fondateur du groupe So Press, qui raconte comment le COVID-19 secoue le monde des médias… et comment il résiste à la tempête, lui qui a battu des records de vente cet été en publiant une enquête choc sur Xavier Dupont de Ligonnès dans son magazine Society.

ESSEC Alumni : Comment votre groupe et vous-même avez-vous vécu le confinement ?

Franck Annese : La boîte a vu plusieurs millions de chiffre d’affaires lui passer sous le nez et ce qui devait être une année grandiose sera finalement une année moins grandiose… C’est comme ça. En revanche, cette situation, qui est venue s’ajouter à une crise de la distribution de la presse, a démontré la solidarité de toutes celles et ceux qui font So Press, et nous a permis de montrer pendant le confinement qu’on était le média qui sentait l’époque. Nos couvs de Society ont marqué les esprits, notre newsletter des confiné.e.s a été un énorme carton, et même si tout cela ne nous faisait pas gagner d’argent (nos ventes de mars, avril et mai sont englouties dans la faillite de Presstalis), nous avons marqué des points pour la suite. De nouveaux projets aussi sont nés pendant ce confinement et devraient voir le jour en 2021. Qui sera une année grandiose, donc. Quant à moi, le confinement a été un moment particulier, je ne sortais pas, mais j’ai été très heureux.

EA : Vous venez de lancer un nouveau magazine, So Good, en pleine crise du COVID-19. Le pari semble un peu fou aujourd’hui. Est-ce que ce n’est pas une des raisons pour lesquelles il est aussi bien accueilli ?

F. Annese : Je pense que So Good correspondait déjà à l’époque avant le COVID-19. Il est encore plus légitime aujourd’hui. Il y avait urgence à regarder le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide, urgence à mettre en avant celles et ceux qui se battent pour que demain soit meilleur. C’est un média qui me paraît important.

EA : Pourquoi avoir fait appel au crowdfunding ?

F. Annese : Par nécessité économique, et parce que c’est dans l’air du temps et dans la ligne du projet. So Good est une initiative conjointe avec nos potes d’Ulule. Donc le crowdfunding était une évidence pour nous. C’est un moyen de mobiliser une communauté, et de tester une idée, plus encore que de la financer. Parce que finalement, ce qu’on vend ce sont des abonnements, rien de plus. Mais c’est une sorte d’étude de marché à grande échelle, et c’est très pertinent. Ça nous a confortés dans notre idée qu’on allait dans la bonne direction.

EA : Pour développer de nouveaux projets de presse aujourd’hui, il faut réinventer le modèle ?

F. Annese : Il faut bien connaître la presse, et avoir confiance en l’avenir !

EA : Est-ce que vous étiez prêt à affronter le COVID-19, ou avez-vous dû innover et réinventer vos offres au pied levé ?

F. Annese : On n’est jamais prêts à être confinés, à voir sa salle de concert fermée, à voir ses tournages suspendus ou annulés, à voir les annonceurs déserter les magazines, etc. Personne n’est prêt à voir s’écrouler en quelques jours ce qu’il bâtit pendant 20 ans. Mais on est montés sur ressorts. On a vite rebondi, et on s’est adapté.

EA : En avez-vous gardé une leçon pour l’avenir ?

F. Annese : Toujours travailler avec des gens fiables, de confiance et que l’on apprécie. Ça aide énormément dans ces moments-là. Je suis hyper fier de mon équipe.

EA : Vous avez toujours opté pour une stratégie d’offre. Vous confirmez ?

F. Annese : Toujours. On ne sait pas faire autre chose.

EA : La crise aura-t-elle raison du papier ou est-ce qu’il y a encore des opportunités ?

F. Annese : Il y aura encore des opportunités. Le papier ne va pas mourir de sitôt – la preuve : pendant le confinement, les ventes étaient incroyables. Les Françaises et les Français aiment lire.

EA : Dans le contexte de crise de la distribution grave, le digital va prendre de plus en plus de place. Les annonceurs suivront-ils – et à quel prix ?

F. Annese : Il ne faut pas opposer le digital et la presse. Ce sont des médias complémentaires, avec des cibles différentes et une profondeur différente. On a les deux ici, des médias digitaux et des médias papier. Les deux ont un avenir.

EA : Comment voyez-vous l’avenir de la presse ?

F. Annese : Comme je l’ai toujours dit, c’est un média de temps long, un média « luxe », dans le sens où il n’est pas à la portée de tous car il faut avoir un point de vente près de chez soi, donc c’est un média de centre-ville, de plus en plus. C’est un peu le vinyle pour le marché de la musique. C’est un média pour lequel le lecteur éprouve un attachement très fort, et avec lequel on touche moins de gens mais plus en profondeur.

EA : Croyez-vous que cette crise a changé profondément le business model de la presse ?

F. Annese : Non. La presse a un business model, ce qui est déjà bien – ce n’est pas le cas de tous les médias…


Propos recueillis par François de Guillebon, rédacteur en chef de Reflets ESSEC Magazine

Paru dans Reflets #133 spécial COVID-19. Pour recevoir les prochains numéros du magazine Reflets ESSEC, cliquer ici.

Vous avez aimé cet article ? Pour que nous puissions continuer à vous proposer des contenus sur les ESSEC et leurs actualités, adhérez à ESSEC Alumni !


Image : © Arnaud Calais

J'aime
2886 vues Visites
Partager sur

Commentaires0

Veuillez vous connecter pour lire ou ajouter un commentaire

Articles suggérés

Interviews

Jérôme Adam (E00) : « 1 jeune sur 4 se trouve en situation de vulnérabilité psychique »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

29 octobre

Interviews

Paul Marty (E00) : « La crise énergétique est derrière nous, la transition devant »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

02 juillet

Interviews

Reflets Mag #152 | Tina Robiolle (E00) : une femme de paix

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

30 avril