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Olivier Karcher (E11) : « La médiation d’affaires peut résoudre les conflits liés à la crise »

Interviews

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28/05/2020

La crise peut tendre les relations entre organisations. Olivier Karcher (E11), dirigeant-fondateur du cabinet OK Médiation, explique pourquoi et comment la médiation d’affaires permet aux entreprises de sortir par le haut d’une situation de conflit. 

ESSEC Alumni : En quoi consiste le métier de médiateur d’affaires ?

Olivier Karcher : La médiation d’affaires s’adresse aux professionnels qui ne parviennent pas à trouver d’issue à des conflits entre entreprises, associés, actionnaires. Le médiateur, par le cadre qu’il propose, les aide à sortir de cette difficulté et à créer eux-mêmes une solution qui leur convient.

EA : Pourquoi un médiateur d’affaires peut-il s’avérer utile dans le contexte actuel ?

O. Karcher : La crise actuelle bouleverse les relations d’affaires : pour beaucoup, il est impossible d’honorer certains engagements – conditions de paiement, de livraison, objectifs à atteindre… En s’intéressant à chacune des parties, la médiation révèle leurs besoins respectifs, et leur situation. Par exemple, les problèmes de trésorerie ne se posent pas avec la même acuité au même moment pour chacun, et cette asymétrie peut être un levier révélé en médiation pour sortir du contrat devenu inapplicable et trouver une autre solution.

EA : Quels types de solutions un médiateur propose-t-il ? 

O. Karcher : Le médiateur ne propose pas lui-même de solutions, considérant que les parties connaissent mieux que lui leurs propres intérêts. La vocation du médiateur est de travailler sur la relation et la recherche des intérêts communs, ce qui permettra alors aux parties de créer ensemble des solutions sur mesure.

EA : Quel serait un exemple de médiation réussie ?

O. Karcher : Prenons le cas d’une société de gardiennage exigeant des dédommagements importants pour une rupture de contrat considérée comme abusive. La médiation permet de révéler que le dirigeant est affecté dans son honneur de cette fin brutale après 5 années de relations satisfaisantes. De son côté, l’entreprise cliente reconnaît qu’il n’y a pas eu de faute commise : la rupture du contrat était la décision personnelle d’un dirigeant, depuis parti. Après cette reconnaissance réciproque, les parties conviennent de la solution suivante : l’ancien client publie un communiqué pour préciser que la rupture du contrat n’a rien à voir avec la qualité de la prestation, et de son côté, la société de gardiennage baisse sensiblement sa demande financière.

EA : Concrètement, comment se passe une médiation ?

O. Karcher : Le médiateur peut être sollicité par une partie ou les deux. Il y a généralement des entretiens préalables séparés, pour permettre au médiateur de connaitre la situation et aux parties de comprendre ce qu’est la médiation. Ensuite, en rencontre plénière, les parties commencent généralement par réaffirmer leurs positions. Le point critique est donc de les conduire à exprimer quels sont, derrière les positions incompatibles, les intérêts partagés : la confiance, la pérennité financière de l’entreprise, etc. Si cette étape critique se passe bien, alors les parties réconciliées vont pouvoir créer ensemble leurs solutions sur mesure.

EA : Comment êtes-vous devenu médiateur ? Quelles compétences, quel parcours faut-il avoir pour ce métier ?

O. Karcher : J’ai commencé à me former à la médiation à l’Institut ESSEC IRENE, puis au CMAP (Centre de médiation et d’arbitrage de Paris), ainsi que dans d’autres structures. La médiation n’est pas une activité d’expert. Il ne s’agit donc pas de développer des compétences techniques, mais plutôt des dispositions : l’écoute inconditionnelle, la disponibilité, la reformulation. Tout ce qui permet aux parties d’exprimer authentiquement ce qui compte pour elles. Là est la vocation du médiateur.


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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