Victoire Martinet (E17) : « En mer, on ne peut pas tricher ! »
Victoire Martinet (E17) prépare la Mini Transat, traversée de l’Atlantique à la voile, en solitaire et en course, sans aucun contact avec la terre, sur des tous petits bateaux de 6,50m. Elle explique pourquoi elle s’est lancé ce défi – et comment vous pouvez la soutenir.
ESSEC Alumni : Pourquoi avoir décidé de participer à la Mini Transat ?
Victoire Martinet : Les sports nautiques m’animent depuis mon enfance, passée près de la mer. Puis j’ai découvert la voile habitable, en régate ou en croisière, pendant mes études – j’ai d’ailleurs été vice-présidente d’ESSEC Voile. Mais c’est seulement en 2019, lorsque j’ai assisté à l’arrivée de la Mini Transat en Martinique, que le déclic s’est fait. Complètement chamboulée par les récits des skippers qui revenaient de ce grand voyage, j’ai décidé de me lancer dans ce défi extraordinaire.
EA : On compte seulement 7 % de femmes parmi les participants. Comment expliquez-vous cette surreprésentation ?
V. Martinet : Avant l’ESSEC, j’ai étudié en prépa scientifique et en école d’ingénieurs : je vois un parallèle entre ces deux milieux, dont beaucoup de jeunes filles se tiennent éloignées par autocensure, à cause d’injonctions et de normes encore très ancrées. Mais les choses changent, et grâce à des modèles comme Sam Davies ou Clarisse Crémer, un nombre croissant de femmes franchissent le cap.
EA : Quelles grandes étapes vous reste-t-il à franchir jusqu’au début de la course ?
V. Martinet : La qualification s’annonce rude : pour prétendre au départ en 2023, il me faut effectuer d’ici fin 2022 1 500 milles lors de courses d’avant-saison sur toute la façade Atlantique, ainsi qu’un parcours « hors course » de 1000 milles entre l’Île de Ré et l’Irlande. En parallèle, il me reste à trouver le financement, acheter le bateau, le mettre à l’eau, et naviguer, seule, de nuit, en course, longtemps… Traverser l’Atlantique ne constituera finalement que la dernière marche de l’escalier.
EA : Quelles problématiques spécifiques une course en solitaire soulève-t-elle ?
V. Martinet : Comme la Mini Transat se déroule sans aucun contact avec la terre, il faut développer des compétences assez transverses pour pallier tous types de problèmes en autonomie : premiers secours, météo, énergie, bricolage, électronique embarquée… En mer, on ne peut pas tricher ! Sans oublier la solitude, qui constitue en soi un sacré défi. Imaginez-vous passer 3 semaines coincé dans une boîte de quelques mètres cubes qui remue sans cesse, sans confort et sans parler à personne…
EA : Vos compétences managériales vous servent-elles dans ce projet ?
V. Martinet : Il s’agit d’un véritable projet entrepreneurial. Recherche de partenaires, création d’une société, gestion des fournisseurs, comptabilité… Les aspects administratifs et financiers s’avèrent au moins aussi importants que la navigation. Je me sers de tout ce que j’ai appris en école et en entreprise.
EA : À terme, envisagez-vous de faire carrière dans la navigation ?
V. Martinet : Je préfère combiner cette passion avec ma vie professionnelle. Je travaille 100 % à distance, j’ai donc pu déménager à Lorient où j’ai installé mon petit bateau. Je navigue le week-end et je mesure ma chance de pouvoir allier les deux.
EA : Quel est votre souvenir le plus marquant en mer ?
V. Martinet : Ma première sortie en solitaire. J’ai « juste » été faire le tour de l’île de Groix – dans des conditions très musclées. J’ai été submergée d’émotions une fois au large, réalisant que j’étais seule maître à bord et que j’avais les capacités de gérer ma monture sans casse. Une belle étape de franchie.
EA : Comment les ESSEC peuvent-ils soutenir votre projet ?
V. Martinet : Vous pouvez devenir partenaire du projet. Si je navigue sur un mini bateau, je propose un maxi support – plus de 100 m2 de voiles pour s’exprimer ! Vous cherchez à vous démarquer ? À booster votre notoriété, dynamiser votre marque employeur et attirer de nouveaux talents ? Fédérer vos collaborateurs et vos partenaires autour d’un projet innovant qui incarne vos valeurs ? Nous pouvons imaginer de nombreuses actions ensemble : conférences inspirantes, projections, jeu-concours, team-building, contenus média, banque d’images, navigations RP, événementiel… Et si vous voulez juste donner un coup de pouce à une camarade, n’hésitez pas à parler de mon projet autour de vous et à suivre mes aventures sur Instagram !
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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