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Selma Gasc (E19) : « Le projet WOW donne la parole à des femmes puissantes pour inspirer la nouvelle génération »

Interviews

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12/02/2020

Étudiantes en fin de cursus, Selma Gasc (E19) et Isolde Roumy ont lancé le projet WOW (World of Women) pour mettre en valeur des réussites professionnelles féminines. Objectif : inspirer et conseiller les jeunes femmes qui s’apprêtent à entrer sur le monde du travail. 

ESSEC Alumni : Comment est né le projet WOW ?

Selma Gasc : Mon associée Isolde Roumy et moi-même étions sur le point d’entrer dans le monde du travail, et nous nous posions beaucoup de questions. Comment planifier sa carrière en prenant en compte les spécificités du fait d’être une femme dans le monde professionnel ? Comment allier vie professionnelle et personnelle ? Comment prospérer dans un milieu d’ordinaire masculin ? Impossible de répondre seules… Nous avons donc décidé de partir à la rencontre de femmes qui ont eu des parcours professionnels exceptionnels pour en tirer des leçons et les partager avec notre génération via un site Internet et de courtes vidéos sur les réseaux sociaux.

EA : Pourquoi avoir choisi de cibler l’Afrique pour vos premières rencontres ?

S. Gasc : Notre projet fonctionne sous un format d’édition : chaque année, une nouvelle équipe part sur un nouveau continent pour y interviewer une centaine de femmes. Nous avons choisi l’Afrique comme premier continent, tout d’abord parce que nous avions une appétence personnelle pour la région, mais surtout parce que cela nous semblait le plus logique. L’Afrique est un continent en pleine construction, et cette évolution se fait en grande partie grâce à des femmes qui défient les clichés et les idées préconçues. Nous souhaitions les mettre en avant.

EA : Comment avez-vous sélectionné les pays que vous avez visités ?

S. Gasc : Nous avons choisi 11 pays, chacun ayant une problématique précise par rapport à notre projet. Par exemple, nous avons exploré les conséquences du printemps arabe sur les libertés des femmes en Égypte, les changements amenés par l’élection d’une femme présidente en Éthiopie, ou encore les conséquences paradoxales du génocide pour la parité au Rwanda.

EA : Quelles figures féminines avez-vous rencontrées à cette occasion ?

S. Gasc : Nous avons rencontré des femmes travaillant dans des secteurs aussi divers que la politique, l’économie, la culture, la santé, l’urbanisme, l’éducation et l’agriculture. On peut citer Rose Moses au Kenya, fondatrice d’Eco Makaa Solutions, qui produit des briquettes de charbon écologiques ; Gaëlle Biteghe, ex-CEO de Ecobank Gabon, la banque panafricaine ; Fatma Guenoune, présidente de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer ; ou encore Nigest Haile, en Ethiopie, fondatrice d’ENAT Bank, seule banque au monde à être opérée et dirigée majoritairement par des femmes.   

EA : Quelles questions leur avez vous posées ? 

S. Gasc : Pour mieux s’intégrer dans un milieu masculin, faut-il modifier son apparence et son attitude ? Y a-t-il un leadership, un style de management féminin ? Quel est le meilleur âge pour avoir des enfants et comment les intégrer à sa vie professionnelle ? Est-il possible d’obtenir un équilibre ? Etc.

EA : Et quelles réponses avez-vous obtenues ?

S. Gasc : S’il y a une chose sur laquelle toutes les femmes rencontrées s’accordent, c’est qu’il faut avoir un plan de carrière. À 10 ans si possible, avec des étapes-clés et des objectifs à court-terme. Autres recommandations : ne pas s’autocensurer, ne pas se sentir limité par sa formation, se débarrasser de ce sentiment de culpabilité qui pèse sur les femmes actives, prendre le temps de partager ses compétences avec les autres, etc. Nous avons aussi reçu des conseils incongrus, l’un deux nous venant de Patricia Zoundi Yao, serial entrepreneuse ivoirienne : « Choisissez votre propre vocabulaire. Par exemple, moi, quand on me dit non, j’entends oui ! »

EA : Quel écho rencontre votre initiative ?

S. Gasc : Chaque femme rencontrée nous a aidées à élargir notre réseau, et à accéder à un public que nous n’aurions pas pu toucher autrement. Notre contenu gagne progressivement en visibilité ; nous sommes en discussion avec des médias locaux et internationaux pour partager notre contenu après de la nouvelle génération… Le but ultime est de réussir à toucher les jeunes femmes et partager avec elles nos découvertes, que ce soit à travers des conférences, des ateliers ou des rencontres.  

EA : Quelles suites comptez-vous donner à cette expérience ?

S. Gasc : La première édition a posé les jalons pour la suite : une nouvelle équipe va partir dès l’été 2020 sur un nouveau continent, l’Asie ! Avec toujours le même but, rencontrer des femmes puissantes pour mieux comprendre comment elles ont forgé leurs parcours et s’en inspirer. Entretemps, nous allons continuer à compléter le panorama France, en faisant des entretiens avec des femmes de pouvoir ici. À suivre sur notre site, ainsi que sur Facebook, Instagram et LinkedIn !


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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Illustration : Isolde Roumy et Selma Gasc (E19)

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