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Karena Belin (E98), co-fondatrice de WHub : « Il est très facile de créer une entreprise à Hong Kong »

Interviews

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13/08/2018

Hong Kong attire un nombre croissant d’entrepreneurs venus du monde entier – dont de la France. Les explications de Karena Belin (E98), co-fondatrice de la plateforme de mise en relation entre start-up WHub. 

ESSEC Alumni : Quels indicateurs indiquent-ils que Hong Kong est en train de devenir un centre névralgique mondial de l’entrepreneuriat ? 

Karena Belin : Le phénomène a commencé en 2015, lorsque Hong Kong a fait son entrée dans le Top 25 du Global Startup Ecosystem Ranking établi par Startup Genome (ex-Compass Report) – et s’est classée parmi les 5 écosystèmes enregistrant la croissance la plus rapide. La même année, le WebSummit de Dublin a sélectionné Hong Kong pour accueillir la première édition asiatique de sa conférence annuelle, Rise ; le mot « start-up » a fait son apparition dans le plan budgétaire annuel de la ville ; et plusieurs levées de fonds ont atteint le million de dollars, voire la dizaine de millions, suscitant l’intérêt des médias. Depuis, les espaces de co-working se sont multipliés, passant de 10 à plus de 100, et de nombreux programmes d’accélération se sont ajoutés aux incubateurs publics du Hong Kong Science and Technology Park and Cyberport (HKSTP) – dont zeroth.ai, premier accélérateur au monde spécialisé dans l’intelligence artificielle ; brinc.io, l’un des meilleurs accélérateurs asiatiques dans le domaine du hardware ; et Supercharger, accélérateur leader de la fintech en Asie. Le nombre de concours d’entrepreneuriat et de hackathons a aussi fortement progressé. Les éditions locales des Startup Weekends, d’ailleurs co-organisées par le Français et ESSEC Matthieu Bodin (C11), remportent un franc succès. Et on compte désormais plus de 2500 start-up à Hong Kong.

EA : Comment Hong Kong a-t-elle fait pour prendre une telle importance ? 

K. Belin : Hong Kong a capitalisé sur sa présence historique dans le commerce international pour devenir l’un des centres financiers et logistiques les plus importants du monde. La ville a de nombreux avantages, dont un secteur public efficace, un cadre réglementaire simple et protecteur hérité de la colonisation britannique, et une profusion de prestataires performants dans les domaines juridique et comptable. En outre, les taxes sont relativement faibles, et faciles à comprendre : il n’y a pas d’impôt sur les plus-values ; la tranche d’imposition sur le revenu la plus élevée est de 17 % ; et l’impôt sur les sociétés est à taux fixe, à savoir 16,5 % prélevés sur les bénéfices. Bref, il est très aisé de créer une entreprise à Hong Kong, quelle que soit votre nationalité : vous pouvez vous faire enregistrer en l’espace d’une journée, par voie électronique. Vous n’avez même pas besoin d’être présent sur le territoire ! Et comme la langue officielle est restée l’anglais, vous n’êtes pas obligé de parler chinois.

EA : Les entrepreneurs étrangers sont-ils nombreux à Hong Kong ? Et plus particulièrement les Français ?

K. Belin : Plus d’un tiers des entrepreneurs à Hong Kong viennent de l’international. Parmi eux, les plus représentés sont les Américains (20,7 %), puis les Britanniques (13 %), les ressortissants de la Chine continentale 11,3 %)… et les Français (10,3 %) ! Les Échos ont d’ailleurs publié un article il y a un an environ sur les nombreuses réussites entrepreneuriales françaises à Hong Kong. Ils citaient notamment Le Petit Croissant, service de livraison de petit-déjeuner français ; Rest Solution, solution de support informatique ; NO!W No Waste, plateforme e-commerce spécialisée dans les produits zéro déchet ; et Hirely Events, marketplace et plateforme SaaS dédiée à l’événementiel. De fait, les Français sont très présents dans l’entrepreneuriat hongkongais – au point que le gouvernement français a sélectionné Hong Kong pour figurer parmi ses 11 hubs techs mondiaux, aux côtés de Londres et New York. French Tech Hong Kong propose tout un ensemble de services aux entrepreneurs français souhaitant s’installer sur place – mentors, réseau, outils financiers, informations sur l’écosystème… L’initiateur de ce projet n’est d’ailleurs autre que Matthieu Bodin, encore lui ! Autre dispositif intéressant : Business France et Bpifrance ont lancé « Accelerated China », programme d’immersion et d’accélération ouvert à 12 start-up de la French Tech par an, qui leur permet d’avoir accès à divers centres technologiques de Beijing, Shanghai et Shenzhen, en lien avec Hong Kong.

EA : La tech semble omniprésente à Hong Kong…  

K. Belin : Hong Kong compte 5,5 millions d’internautes actifs (soit 75 % de la population), affiche un taux de pénétration mondial des smartphones de 232 % (soit le plus fort du monde) et bénéficie de la deuxième vitesse de connexion moyenne la plus rapide du monde. Donc oui, Hong Kong est une ville hyper connectée, ce qui ouvre de nombreuses opportunités aux entrepreneurs de la tech.

EA : En l’occurrence, les start-up de Hong Kong affichent-elles un bon taux de réussite ?

K. Belin : De fait, 2017 a marqué un tournant. En janvier, LaLaMove, une application de livraison B2B, a levé 30 million $ et annoncé qu’elle prévoyait d’entrer en bourse dans les deux ans. En avril, handy by TinkLabs, solution mobile pour voyageurs, a levé 40 million $ en série C, qui sont venus s’ajouter aux 120 million $ obtenus lors des précédents tours. En septembre, TNG FinTech Group, fournisseur de services financiers sur mobiles, a levé 115 million $, un score jamais atteint en série A jusque là par une Fintech. Et en novembre, WeLab, plateforme de prêt gérant WeLend à Hong Kong et Wolaidai en Chine, a levé 220 million $ en série B+. Et ce n’est que le début !  

 

Propos recueillis et traduits par Louis Armengaud Wurmser(E11), responsable des contenus ESSEC Alumni

 

C’est les vacances ! L’occasion de faire le bilan de l’année écoulée, et de se replonger dans les archives de Reflets ESSEC Magazine. Cet article a été initialement publié fin 2017, dans le n°121,  au sein du dossier « Chine : la tentation française » consacré aux diplômés de l’ESSEC qui s’expatrient – et réussissent – en Chine. Pour accéder à l’intégralité des contenus de Reflets ESSEC Magazine, cliquer ici. 

 

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