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Nadine Nassar (E97) : « Empêchons la destruction du Liban »

Interviews

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01/09/2020

Un mois après les explosions qui ont ravagé Beyrouth, Nadine Nassar (E97), counsel chez Baker & McKenzie, dresse un tableau affolant des conséquences économiques de la catastrophe – et exhorte les alumni à soutenir son pays en contribuant à la collecte de dons menée par le Chapter ESSEC Alumni Liban

ESSEC Alumni : Quelle était la situation économique du Liban avant les explosions ?

Nadine Nassar : Le Liban, parfois surnommé « la Suisse du Moyen Orient », était déjà au bord de la faillite : dévaluation de la monnaie de plus de 60 %, instauration d’un « capital control » limitant drastiquement les retraits ou transferts en devises étrangères, incapacité de l’État libanais à rembourser sa dette, coût très élevé de la vie, pannes d’électricité quotidiennes et interminables dans la plupart des villes… Une situation critique, qui a donné lieu, toute l’année écoulée, à des manifestations pacifiques de la société civile pour réclamer la démission des gouvernants.

EA : Quelles ont été les conséquences économiques immédiates de l’explosion ?

N. Nassar : Cette catastrophe dépasse par son ampleur les horreurs vécues lors des 15 années de guerre, tant sur le plan humain que sur le plan économique, avec la destruction quasi-totale d’hôpitaux, d’écoles, de bâtiments historiques, de logements, de bureaux, d’enseignes, d’infrastructures industrielles et routières… Une étude a déjà recensé environ 7000 entreprises affectées par l’explosion, ce qui va avoir un impact direct sur l’emploi. Les ONG commencent déjà à s’inquiéter pour le nombre croissant de personnes qui vont avoir besoin de leur aide à plus d’un titre.

EA : En quoi les difficultés économiques préexistantes du Liban compliquent-elles cette situation déjà très tendue ?

N. Nassar : Les particuliers qui font appel à des artisans pour sécuriser leurs logements ou les protéger des intempéries se heurtent aux prix des matières premières et des produits importés, qui avaient déjà explosé avant le 4 août, et se voient dans l’obligation soit de payer en liquide et en devises étrangères (afin d’avoir un prix fixe), soit de verser des sommes énormes auxquelles elle n’ont pas toujours accès du fait des restrictions imposées par les banques. Les entreprises, les hôpitaux et les écoles subissent les mêmes écueils à plus grande échelle encore.

EA : Quelles solutions et perspectives pour l’économie du Liban dans ces conditions ?

N. Nassar : La situation actuelle est perçue par beaucoup comme le résultat de la négligence, de l’incompétence et de la corruption. Une chose est sûre : le redressement passera par des réformes et des changements politiques. Parmi les propositions qui circulent : désignation d’un gouvernement d’intérim, organisation d’élections législatives anticipées, négociations avec le FMI pour restructurer la dette du pays, audit de la banque centrale, investigation indépendante sur les causes des explosions du 4 août…

EA : En attendant, les ONG jouent un rôle crucial dans la gestion de l’urgence… 

N. Nassar : La reconstruction de Beyrouth a déjà commencé grâce aux initiatives de nombreux bénévoles et ONG. Les aides humanitaires doivent continuer, peut-être sous la supervision de l'ONU afin de mieux contrôler l’utilisation des fonds versés. Les alumni peuvent en tout cas contribuer les yeux fermés à la collecte de dons menée par le Chapter ESSEC Alumni pour deux ONG – Arc en Ciel, qui vient en aide aux populations marginalisées, et Offre Joie, qui intervient dans les quartiers défavorisés endommagés. Devant tant d’initiatives et de solidarité, on peut garder l’espoir que le Liban se remettra de cette crise qui menace de le détruire.


Vous voulez participer à la collecte du Chapter ESSEC Alumni Liban par solidarité avec la communauté des alumni libanais ? Faites un don ici !

Propos recueillis par Veary Ngy, responsable communauté internationale d’ESSEC Alumni, Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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