Ce livre est un objet dangereux. Une fois déchiré le cellophane, le lecteur, prêt à dévorer ce qu'il croit être un polar, se retrouve dans une joute à mort avec l'auteur. Il se mue en détective alors qu'il est en réalité la victime… et le meurtrier.
L'arme du crime est évidente. Il la tient entre ses mains. Il la palpe, il la malaxe, en tourne les pages. Et c'est lui qui va l'actionner.
Pourquoi avoir acheté un livre intitulé Lire Tue ? Ayant de surcroît l'apparence et les proportions d'un paquet de cigarettes ?
Pourquoi avoir ôté le cellophane formant l'ultime protection contre cet objet dangereux ?
Pourquoi avoir poursuivi malgré l'avertissement – ou plutôt la menace – de la première page : « Lisez plus avant vous êtes mort » ?
Le lecteur n'aurait-il pas acquis l'œuvre de trop ? N'a-t-il pas cru un peu vite que lire procédait d'un acte unilatéral et sans conséquence ? Des produits alimentaires sont retirés par millions des grandes surfaces lorsqu'on détecte en eux des risques infinitésimaux, mais la littérature n'est soumise à aucune surveillance sanitaire parce que personne n'estime qu'elle puisse être nocive…
Et pourtant. Une fois le volume ouvert, le lecteur n'a d'autre choix que de l'avaler d'une traite, comme un paquet de sèches. Pour apprendre, au seuil de sa vie, de la lecture et de la mort, qui il était réellement.
Lire tue
Philippe Nicolas (E88)
Éditions Cohen & Cohen
93 pages
21 €
Du même auteur : Les Fleurs jumelles, Les Âmes peintes
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