En attendant votre prochain entretien individuel avec ses coachs, le Service Carrière d’ESSEC Alumni vous donne ses conseils pour évoluer dans le marché du travail. Aujourd’hui, Solveig Debray Sandelin vous alerte sur le risque de burn out.
Historiquement, les professionnels de la santé sont les premiers à avoir vu apparaître le burn out. Leur métier a en effet la particularité de les mobiliser au-delà des périodes dites « ouvrées », lors des gardes et astreintes sur de larges plages horaires – avec pour conséquence de provoquer troubles et privations de sommeil, susceptibles de mener jusqu’à des états d’épuisement physique et psychique.
Aujourd’hui, ni le burn out ni la mise en disponibilité excessive des travailleurs ne sont plus l’apanage du secteur médical. On constate malheureusement une étonnante démocratisation, voire une banalisation du phénomène. Une personne sur quatre déclare ainsi aller travailler avec anxiété, une sur trois en garder un sommeil altéré, une sur quatre avoir subi au cours de sa carrière un problème de type dépression – et on estime à environ une personne sur dix la proportion de salariés souffrant aujourd’hui de burn out. Un syndrome qu’il faut donc considérer avec sérieux, d’autant qu’il peut dans certains cas pousser au suicide.
Le facteur commun à ces états : la surcharge de travail et l’exigence d’une disponibilité disproportionnée, aujourd’hui artificiellement généralisée par les outils de connectivité. Le burn out est dû à un stress professionnel permanent, continu, prolongé et répété. À l’image d’une batterie qui se décharge, la personne s’étiole et n’a plus les moyens de faire face.
Un déni individuel et collectif
D’un côté, des individus qui ignorent leurs limites physiques et intellectuelles, comme si la reconnaissance de leur hiérarchie ou l’intérêt qu’ils portent à leurs fonctions justifiait tous les sacrifices ; de l’autre, des organisations qui ne se censurent jamais, multipliant les sollicitations tant que ne leur est opposée aucune protestation. Tel un bon soldat, le candidat au burn out répond à toutes les demandes dans l’instant, donne jusqu’à plus soif. Mais la corde finit par craquer. Il suffit que l’organisation lui reproche une erreur, un défaut de performance ou de motivation (ce qui, par fatigue, finit fatalement par arriver), pour qu’il s’effondre soudainement, n’ayant plus aucune ressource pour faire face à une nouvelle source de stress. Le cocktail délétère du burn out, c’est précisément la surcharge de travail additionnée au manque de soutien du management.
C’est aussi l’inconscience, voire le déni : la victime du burn out ne voit pas qu’elle épuise ses forces, ne se rend pas compte qu’elle n’est prend même plus de pauses, que ce soit au rythme de sa journée (pause-café, pause-déjeuner), au rythme de sa semaine (week-ends), ou même au rythme de l’année (vacances). Ces ruptures de cadence sont pourtant essentielles pour se recharger en énergie.
Les conséquences physiques ou psychiques sont multiples, mais une chose est constante : plus long est le déni de ces symptômes, plus longue est la guérison.
La responsabilité de tous
En application de l’article L4121 du code du travail, l’employeur se doit de protéger la santé physique et mentale de ses collaborateurs. Les organisations ont ainsi pour mission d’initier ou de poursuivre des actions d’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT). Elles se doivent d’éclairer les managers sur le sujet de la charge de travail et la prévention des risques psychosociaux (RPS). Le manque de cloisonnement entre vie privée et vie professionnelle est explicitement montré du doigt par le droit à la déconnexion, qui arrive clairement sur le devant de la scène.
Or un salarié sur trois seulement dit avoir un retour régulier de son manager sur ses résultats quantitatifs et qualitatifs. Sensibiliser les managers aux RPS, à leur rôle de soutien et aux bienfaits du feed-back est la première démarche à mettre en place : promouvoir un management empathique qui rime avec « ménagement » des équipes.
Mais vous devez, vous aussi, vous écouter. Pour éviter de sombrer, ne cessez jamais de vous questionner sur votre condition physique et mentale. Apprenez à observer les signes émis par votre corps tels que fatigue, poids, nutrition, qualité de sommeil, souffrances musculaires. Écoutez votre environnement ou mobilisez l’aide d’un tiers pour bénéficier d’un regard tiers plus objectif. Reprenez des pauses, sportives notamment, ménagez-vous du temps pour vous et pour vous déconnecter (au sens propre du terme).
Sur ce plan, les approches de méditation en pleine conscience fournissent des techniques particulièrement efficaces pour gagner en sérénité – autrement dit, en discernement. Elles permettent de gagner en vigilance, en concentration, et d’être moins réactif au stress. Et pour répondre à ceux que cette approche d’apparence ésotérique laisserait sceptique, les neurosciences démontrent qu’on peut apprendre à mettre un voile sur la neuroplasticité et les neurones miroirs, afin de ne pas sur-réagir aux stimuli externes. Selon cette approche, le sang-froid devient un trait de caractère que l’on peut littéralement muscler, à force de travail et d’entraînement. N’hésitez pas à demander plus de renseignements au Service Carrière d'ESSEC Alumni !
Illustration : © topntp26 / Freepik
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