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Avis aux ESSEC : « L’Afrique manque de moyens face au COVID-19 »

ESSEC Alumni News

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04.09.2020

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ESSEC Alumni soutient la campagne Oxygen for Africa menée par l’ONG Alima pour aider le continent africain, particulièrement vulnérable face au COVID-19. Rencontre avec le DG d’Alima Augustin Augier (ESCP 2002), le président d’Alima UK Stéphane Epin (ESSEC 2002) et l’ancien DAF et actuel administrateur d’Alima Mathieu Dufour (EDHEC 2007), qui vous encouragent à faire un don.

ESSEC Alumni : Alima alerte sur le risque énorme encouru par l’Afrique. À quel point le continent est-il exposé au COVID-19 ?

Augustin Augier : Aujourd’hui, le Covid-19 est en Afrique, avec plus de 10 000 cas en date du 7 avril. Nous n’avons pas d’éléments scientifiques laissant penser que nous n’y verrons pas la même courbe épidémique que dans le reste du monde, ni que le développement du virus peut y être freiné par des éléments comme la température de l'air par exemple. 

EA : L’Afrique a-t-elle les moyens de se protéger face au COVID-19 ?

A. Augier : Le continent est limité en terme de moyen, tant au niveau du diagnostic qu’au niveau de la prise en charge, dans des proportions significativement supérieures à ce que l’on connaît actuellement en Europe. Dans la plupart des pays d’Afrique, il n’y a qu’un seul laboratoire capable de tester des cas suspects, et qui fait au mieux quelques dizaines de  tests par jour. Il est évident que dans les zones rurales, les malades ne peuvent être détectés. Les gens n’ont pas l’habitude d’aller dans les centres de santé quand ils sont malades, et de toute façon il n’y aura ni kit de prélèvement ni chaîne logistique pour le transférer vers un laboratoire. Donc ce que l’on voit des cas en Afrique ne reflète qu’une infime proportion des cas réels.

EA : Une autre spécificité africaine est que la population est jeune. Cela peut-il limiter les risques pour le continent ? 

A. Augier : Pas vraiment. On sait qu’un tiers des gens hospitalisés en France ont moins de 60 ans et ont d’autres pathologies. Et cette population-là existe en Afrique. D'autant plus qu'en Afrique, à la différence de la France, les patients avec des comorbidités ne sont le plus souvent ni identifiés ni stabilisés, ce sont souvent des cas invisibles, d’autant plus à risque.

EA : À cela s’ajoute la fragilité des systèmes de santé… 

A. Augier : Le problème est particulièrement aigu en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, qui comptent beaucoup moins de lits d’hospitalisation et de professionnels de santé qu’ailleurs. Il y a, par exemple, cinquante fois moins de médecins au Burkina Faso qu'en France. Dans ces pays, on ne parviendra pas à soigner la population des moins de 60 ans aussi bien qu’en Europe. Bref : partant de ces constats, la mortalité probable sur le continent africain sera sans doute très supérieure à celle observée dans le reste du monde.

EA : Alors que près de 4 milliards d’individus sont confinés dans le monde, qu’en est-il aujourd’hui en Afrique ?

Stéphane Epin : Dans une majorité de pays africains, notamment les plus fragiles, le confinement des populations est rendu impossible par leur fragilité et leur vulnérabilité. Si des mesures d’accompagnement social ne sont pas prises, ce sont forcément les plus vulnérables qui vont souffrir du confinement : ceux qui vivent grâce à une économie informelle, une économie de survie et consomment le soir ce qu’ils ont gagné pendant la journée ; ceux qui vivent dans des camps de réfugiés ; ou encore ceux qui vivent dans des bidonvilles. 

EA : Comment peut-on éviter le pire sur ce continent ? Faut-il privilégier une stratégie préventive globale ou plutôt tout axer sur les soins ?

Mathieu Dufour : Il faut des mesures de solidarité énormes pour permettre aux pays africains de mettre en œuvre le confinement. Il y a des moyens de distribuer de l’argent, à large échelle, en ciblant les plus faibles. Cela peut se faire notamment grâce aux nouvelles technologies et aux transferts monétaires par téléphone qui sont très répandus aujourd’hui en Afrique, en particulier dans les grandes villes, qui risquent justement d’être très affectées. C’est l’opérationnalisation de ce filet social qui rendra le confinement possible. Reste à engager la volonté politique des États africains et à mobiliser la solidarité internationale.

EA : Le risque d’une explosion des cas en Afrique met-il en péril la sécurité sanitaire dans le reste du monde ?

S. Epin : On peut certes raisonnablement espérer que l’épidémie en Europe sera maîtrisée d’ici quelques semaines. Cependant l’Afrique va bientôt connaître des pics de contagion et de mortalité similaires, voire largement supérieurs à ce que nous avons connu, et si nous n’agissons pas, c’est non seulement un continent entier qui va s’enflammer, mais aussi l’Europe qui va inévitablement rechuter, vu notre proximité géographique. Il est grand temps de comprendre qu’il faut sortir des stratégies nationales et adopter une vision globale. On ne pourra pas gagner en se battant uniquement à l’échelle locale, car le virus reviendra par d’autres entrées. 

EA : Quels seraient donc les besoins immédiats et d’ici quelques mois ?

A. Augier : Aujourd’hui, nous avons besoin d’une triple solidarité : une solidarité financière, une solidarité en matériel pour éviter que chacun s’approvisionne de son côté, et une solidarité en ressources humaines. On l’a vu avec Ebola, en 2014, en Afrique de l’Ouest. Des milliers de soignants volontaires sont venus appuyer leurs collègues locaux et 3 milliards de dollars ont été mobilisés pour les seuls trois pays touchés.  Ce n’est évidemment pas pensable de demander à des médecins français d’aller aider en ce moment en Afrique. Mais une fois que la vague sera passée chez nous, alors devra s’installer la même solidarité entre personnels médicaux. La Chine, pays producteur de biens médicaux, doit d’ailleurs se mobiliser immédiatement.

EA : Comment Alima peut-elle s’inscrire, avec d’autres ONG, dans cet accompagnement ?

A. Augier : Après des discussions animées et complexes face à une épidémie inédite d’une maladie inconnue, Alima a fait trois choix. Primo, maintenir nos programmes médicaux réguliers pour les centaines de milliers de patients et les communautés extrêmement vulnérables que nous aidons chaque mois, c’est-à-dire ne pas fermer nos projets réguliers et les maintenir coûte que coûte. Deuxio, assurer la prise en charge pour les cas confirmés de COVID-19 dans nos pays d’intervention, à travers l’augmentation des capacités d’hospitalisation et l’appui en oxygénothérapie ; nous montons ainsi au moins 6 hôpitaux dédiés aux patients COVID, soit plus de 1000 lits avec des soins adaptés. Tertio, participer à la recherche et l’adapter aux besoins des populations les plus fragiles tout en respectant les standards éthiques.

EA : Comment les alumni peuvent-ils participer à cet effort ?

M. Dufour : Aujourd’hui, Alima a besoin de financements privés afin de pouvoir prendre en charge les dépenses stratégiques que les bailleurs institutionnels ne couvrent pas : constitution d’un stock central de matériel, lancement d’une campagne de recrutement, développement des protocoles de recherche… Nous cherchons notamment des fonds à très court terme pour acquérir 800 concentrateurs en oxygène, ainsi que du matériel de protection pour nos soignants. Un concentrateur en oxygène coûte 1000 €, tandis qu’équiper tout le personnel d’un hôpital en tenue de protection pendant 3 mois revient à 10 000 €. Toutes les mobilisations sont donc essentielles pour nous. Faites un don !

EA : Est-il trop tôt pour envisager l’après COVID-19 en Afrique ?

A. Augier : Difficile de faire des projections sur ce qui peut arriver. On n’a pas connu en Afrique de précédent d’épidémie qui se répande aussi vite. Ce que l’on peut imaginer d’après ce que l’on sait de cette maladie, c’est une mortalité élevée et des conséquences économiques, politiques et géopolitiques de grande amplitude, d’autant que le continent connaît déjà beaucoup de conflits. Autrement dit, on entre dans un grand inconnu. 


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NB : Alima est une association loi 1901 d’intérêt général. À ce titre, les dons effectués donnent droit à une réduction fiscale pour les donateurs résidents français.

Si vous êtes assujetti à l’IFI, vous pouvez bénéficier d’une déduction de 75 % du montant de votre don IFI dans la limite de 50 000 € grâce à notre partenariat avec la Fondation de l’Académie de Médecine.

Les dons des particuliers ouvrent droit à une réduction sur l’IR égale à 66 % des sommes versées dans la limite de 20 % du revenu imposable.

Les dons des entreprises sont déductibles de l’impôt sur les sociétés à hauteur de 60 % dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires. Pour les sociétés au capital inférieur à 200 000 €, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt de 60 % du don dans la limite de 10 000 euros.


À propos d’Alima

Créée en 2009, Alima a pour ambition de transformer la médecine humanitaire à travers l'innovation et la recherche. Son modèle est unique. En combinant action humanitaire, recherche et partenariats locaux, Alima propose le modèle le plus efficient de la médecine humanitaire actuelle : on soigne mieux, à moindre coût, tout en créant de l'innovation et en renforçant les capacités locales. Alima s'assure ainsi que son investissement aura l'impact humain le plus important possible. Alima intervient aujourd’hui dans 12 pays d’Afrique pour soigner plus de 4 000 personnes chaque jour. 

Face aux risques importants de la propagation du COVID-19 en Afrique, Alima a lancé la campagne de levée de fonds Oxygen for Africa afin de financer l’achat de 800 concentrateurs en oxygène pour permettre la prise en charge des cas graves de COVID-19 dans ses différents pays d’intervention. Vous pouvez soutenir leur action, plus que jamais nécessaire pour répondre à l’urgence sanitaire, en faisant un don ici


Propos recueillis par François de Guillebon, rédacteur en chef de Reflets ESSEC Magazine

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Image : © John Wessels

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