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Culture d'entreprise et conformisme : quand se rebeller devient vital !

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02.03.2021

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Attention : le conformisme tue l’entreprise à petit feu et détruit inexorablement la performance, selon Isabelle Rey-Millet (B00), co-fondatrice de l'agence de conseil en innovation managériale Ethikonsulting.

Un des rares avantages de l’année 2020 aura été d'avoir bousculé le sacro-saint « on a toujours fait comme ça ». Car il devient indispensable d’accepter le non-conformisme, la rébellion et le penser différent.

La culture d’entreprise, oui mais…

La culture d’entreprise fait partie du patrimoine de l’entreprise. Elle en est un élément fondamental : c’est ce qui nous rassemble, c’est ce qui nous ressemble aussi. Complexe, propre à chaque entreprise, faite de rites, de symboles, de valeurs et de croyances collectives, elle porte l’histoire de l’entreprise.  

Sans culture d’entreprise, nous serions juste des groupes de personnes sans rien en commun. Elle forge – avec la gouvernance et le management – les habitudes socioculturelles, les procédures et… les travers.

Ainsi quand la culture d’entreprise devient une conformité, il devient urgent de se poser des questions.

Rien n’est pire que le conformisme

Conformisme : suivre la norme admise par son groupe social, ne pas tenter d’agir, ni même de penser différemment de ce qui est attendu par notre environnement, dans une situation donnée. Exemple : quand le chef parle, personne ne le contredit.

C’est une attitude passive, de soumission aux idées communément admises, aux usages, aux comportements, aux règles morales… du groupe auquel on appartient.

L'individu va s’y conformer, pour éviter le conflit d’abord, mais aussi pour ne pas être rejeté par la majorité, par peur du regard des autres, parce que c’est le moyen de s’intégrer au groupe. Reconnus en tant que membres du groupe, nous allons ressentir un sentiment d’appartenance et être rassurés sur notre existence : le tribalisme fait partie de la nature humaine !

Salomon Asch, sociologue célèbre, a modélisé une expérience dans laquelle il étudie la réaction d’un individu confronté aux erreurs de jugement du groupe auquel il appartient, et qu’il va pourtant suivre alors qu’il n’y adhère pas.

Petit à petit, le conformisme va construire une conformité qui deviendra une norme, une influence qui exercera une pression sociale, et instaurer un état de ressemblance et de similitude que l’on ne remarque même plus… tellement nous y sommes immergés. 

Chacun est responsable

En se conformant petit à petit aux usages, en les relayant, chacun contribue à créer un système figé, rigide et stérile de toute innovation. L’être humain a une forte tendance à penser que le statu quo est bon, rassurant, de sorte que les choses qui semblent en dehors de la norme sont considérées négativement.

En outre, quand les gens sont libres de faire comme les autres, ils ont tendance à faire comme les autres, par faiblesse ou par paresse, par habitude, par facilité… La conformité est confortable : s’habiller toujours pareil, être toujours de l’avis des autres… évite la fatigue décisionnelle.

D’ailleurs, ce conformisme est aussi considéré par de nombreuses sociétés – et par notre société plus généralement – comme une condition de leur bon fonctionnement.

Le problème est que lorsque nous fonctionnons tous identiquement, nous perdons peu à peu notre capacité de discernement. Tout le monde parle de la même façon, utilise les mêmes expressions verbales, le même jargon, partage les mêmes codes, a le même degré d’obéissance à son patron…

On en arrive ici à la notion de « cohésivité » : c’est la consolidation de l’homogénéité d’un groupe, quand tout le monde est formé de la même façon.

C’est ce qui s'est passé à la NASA… 

Lors de l’enquête sur l’accident de la navette Columbia, on a demandé à la directrice de la NASA comment elle s’assurait que les avis divergents étaient connus et pris en compte : elle n’a pas su répondre ! Et pour cause : depuis la création de la NASA, le comité de direction n’était composé que de personnes issues soit de la célèbre université California Institute of Technology (Caltech), soit du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Tout le monde venait du même moule ! Très confortable certes, mais tous étaient incapables de formuler et d’écouter des pensées minoritaires. Quand tout le monde pense la même chose, c’est que plus personne ne pense !

Après deux crashs retentissants (Challenger en 1986 et ses fameux joints gelés), la NASA, déstabilisée dans ses certitudes, a enfin revu son mode de recrutement et ses processus projet pour favoriser la critique. 

Et vous ?

Avez-vous mis en place, dans votre entreprise, des systèmes, des moyens de savoir s’il y a des gens qui ne pensent pas comme vous et pourquoi ? 

S’entourer de gens qui ne pensent pas comme soi, c’est une forme de courage, c’est savoir gérer ses peurs, accepter la contradiction, se remettre en cause. Pour que naisse une intelligence collective – et non pas une pensée unique –, il faut savoir associer des intelligences variées et réussir à effacer les rapports dominants/dominés.

Avez-vous des rebelles dans votre entreprise ? Des gens qui refusent le statu quo, qui se plaisent dans l’inconfort ? Qui font preuve de plus de curiosité et challengent leurs collègues avec bienveillance ?

Si vous ne voulez pas continuer à élever des moutons, recherchez ces personnes qui refusent la conformité, optent pour la créativité, l’ouverture aux choses et au monde. Il y en a certainement dans votre entreprise… ou alors ils sont partis, ils sont devenus entrepreneurs car ils refusaient la conformité. 

Pour peu qu’on le laisse s’exprimer, un rebelle constructif permet de réduire le risque de conformisme et de maintenir l’esprit critique, la créativité et le discernement. Un réel atout.

Au quotidien, en réunion, faites parler les plus jeunes ou les plus timides en premier. Demandez à vos collaborateurs ce qu'ils pensent, quelles sont leurs idées sur tel ou tel projet. Évitez la critique, creusez les idées, questionnez, soyez vous-même ouvert à la critique. 

Donnez de l’espace et des autorisations à ceux qui vous paraissent les mieux armés pour faire face au rouleau compresseur de l’inertie, des habitudes, des procédures, des « on a toujours fait comme ça », trop souvent ancrés dans l’entreprise. Prenez cet espace ! Refusez la conformité et le statu quo !


Extrait de la rubrique Coaching de Reflets #136. Pour voir un preview, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros de Reflets ESSEC Magazine, cliquer ici.

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Image : © Freepik

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