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Dany Allaoui (B94), business angel : « On ne doit investir que dans les projets que l’on comprend »

Interviews

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07.06.2017

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Selon le magazine Challenges, 4 442 business angels ont financé 305 start-ups en France en 2014. Des chiffres qui n’auraient pas cessé d’augmenter depuis. Les précisions de Dany Allaoui (B94), entrepreneur et business angel lui-même.

ESSEC Alumni : La France abrite-t-elle beaucoup de business angels ?

Dany Allaoui : Selon les sources, il y en aurait entre 5 000 et 6 000 actuellement. On en dénombre sept fois plus en Grande Bretagne et soixante-dix fois plus aux États-Unis.

EA : Quel est leur profil ?

D. Allaoui : Les business angels ont une double mission : financer les entreprises en amorçage et leur consacrer du temps en les accompagnant et en leur apportant leur expertise et leur réseau.
Leur profil varie entre banquiers, chefs d’entreprise, retraités, consultants… Il s’agit le plus souvent de personnes physiques qui possèdent des liquidités, sans être forcément millionnaires. Mais ce sont avant tout des hommes ou des femmes passionnés par l’aventure entrepreneuriale. Ils jouent souvent un rôle crucial en aidant une équipe dynamique mais peu expérimentée à anticiper et contourner les risques d’échec.

EA : Certains business angels français sont-ils connus du grand public ?

D. Allaoui : On peut citer Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister, fonds d’investissement ISAI), Xavier Niel (fondateur de Free), Jérémie Berrebi (Kima Ventures), Marc Simoncini (fondateur de Meetic, Jaïna Capital), ou encore Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée.com), qui investit en direct dans de nombreuses start-ups. Mais il en existe beaucoup d’autres qui ne font pas les gros titres des journaux.

EA : Quels sont les principaux réseaux de business angels en France ? 

D. Allaoui : On distingue tout d’abord les Réseaux de Business Angels, terme qui regroupe un ensemble disparate et non uniforme de réseaux organisés dans les régions ou de réseaux fonctionnant dans une logique de club. Le premier ensemble comprend soit des réseaux non lucratifs ouverts, visibles et peu coûteux, spécialisés dans les apports peu élevés (souvent moins de 300 000 €). Ils mettent en relation entrepreneurs et investisseurs avec des droits d’accès à leurs services. Le second ensemble est constitué de réseaux commerciaux qui cherchent à rentabiliser leur activité de mise en relation entre entrepreneur et investisseurs. Ils financent des dossiers qui nécessitent des levées de fonds élevés ; leur accès est réservé à une certaine catégorie de personnes. On  peut évoquer dans cette catégorie les réseaux des diplômés des écoles – comme le Club Business Angels, initié par Jean-Marie Belloc (E73), qui a signé un partenariat avec Paris Business Angels, ou comme les réseaux dédiés au sein de Grandes Écoles Entrepreneurs, ou encore comme Femmes Business Angels – mais aussi les cercles d’investisseurs qui se consacrent à des secteurs spécifiques, les réseaux amicaux ou familiaux, et j’en passe.
On se doit ensuite mentionner l’Association France Angels, créée en 2001, qui a pour double but de multiplier fortement et rapidement le nombre de business angels actifs et de rendre accessibles les réseaux de business angels à tous les créateurs d’entreprises à fort potentiel sur l’ensemble du territoire national.
Sans oublier les business angels des plateformes de crowdfunding, marché à part entière qui ne cesse de gagner en importance depuis quelques années.

EA : Comment un entrepreneur français peut-il entrer en contact avec des business angels ?

D. Allaoui : Un peu comme pour une lettre de candidature spontanée lors de la recherche d’emploi, l’entrepreneur doit d’abord choisir sa cible en fonction de critères qui lui sont propres. Certains pensent qu’il faut arroser tous azimuts : c’est une grave erreur, qui peut se révéler fatale. Il faut tester sa communication et affiner son discours pour convaincre, par exemple en participant à une séance de la Centrifugeuse de Projets en région parisienne ou dans les Hauts de France.
Ici comme dans d’autres domaines, les recommandations personnelles facilitent grandement les introductions. À cet égard, suivre une formation comme le Mastère Spécialisé Centrale-ESSEC Entrepreneurs, qui donne accès au réseau de ces écoles et inclut un séjour aux États-Unis pour rencontrer les business angels de la côte Ouest, peut s’avérer très rentable.

EA : Comment les business angels sélectionnent-ils leurs entreprises ?

D. Allaoui : On ne doit investir que dans les projets que l’on comprend. La lecture du business plan est utile, mais rien ne remplace la relation personnelle avec l’entrepreneur. Le livre Tout ce que vous n'apprendrez jamais à Harvard de Mark H. McCormack en parle remarquablement bien : le plus important ne se dit pas dans les réunions officielles. Il faut rencontrer l’entrepreneur chez lui, discuter à bâtons rompus. Car au-delà du retour sur investissement financier, un business angel et un entrepreneur se lancent dans une aventure humaine commune.
C’est aussi la seule manière de s’assurer qu’on a bel et bien affaire à un entrepreneur – un vrai. Les bonnes idées sont légion, mais rares sont ceux capables d’emmener une équipe vers le développement d’une entreprise de taille intermédiaire (ETI).
C’est le sens de l’offre que je développe avec Jean-Joseph Boutigue, Jean-Marie Belloc et Sylvie Mattéra, et qui vise à intégrer les principes de la Centrifugeuse de Projets au cœur du cursus de formation d’entrepreneurs de toute école de commerce ou d’ingénieurs.

EA : Quels conseils pouvez-vous donner aux business angels ?

D. Allaoui : Ne vous fiez pas au premier business plan, il est faux dès son édition. Ne croyez pas que cela sera facile et rapide, il faut compter entre 6 et 12 mois en moyenne pour lever des fonds. Et comme au poker, évitez d’investir plus de 6 % de votre capital.
Enfin, pour finir sur une note optimiste, n’oubliez jamais que vous vous lancez avant tout dans une belle aventure humaine, qui peut vous mener très loin.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11), responsable des contenus ESSEC Alumni

 

À propos de Dany Allaoui (B94)

Dany Allaoui, entrepreneur et expert du développement commercial avec ROI rapide sur des projets à forts enjeux, est business angel de huit start-ups. Responsable du Club Entrepreneurs d'ESSEC Alumni, il vient d’être élu président de l’association Grandes Écoles Entrepreneurs.

 

Article paru dans Reflets #115. Pour s’abonner et accéder à l’intégralité des contenus, cliquer ici

 

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