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Guillaume Hermitte (E06), élève à l’ENA : « Je suis passé de l’entrepreneuriat à la fonction publique pour rapprocher les deux mondes »

Interviews

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08.01.2018

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Après dix ans dans l’entrepreneuriat social, Guillaume Hermitte (E06) a intégré l’ENA. Son recrutement signale-t-il le début d’une diversification des profils au sein de l’école formant l’élite politique française ? Témoignage.

ESSEC Alumni : Pourquoi avoir quitté l’entrepreneuriat social pour le service public ? 

Guillaume Hermitte : J’ai toujours éprouvé un vif intérêt pour les politiques publiques. Dans l’entrepreneuriat social déjà, j’essayais d’apporter une réponse au problème de l’emploi et de l’exclusion. Mais je me sentais limité dans mes actions. L’entreprise que j’avais créée, Puerto Cacao, n’arrivait pas à dépasser le statut de TPE/PME, or je voulais agir à plus grande échelle. En même temps, j’étais régulièrement confronté à une administration qui se posait en juge plutôt qu’en partenaire, qui se méfiait de mes activités au lieu de s’en inspirer et de m’aider à les dupliquer. J’ai voulu passer de l’entrepreneuriat à la fonction publique pour rapprocher les deux mondes.

EA : Vous comptez changer les choses de l’intérieur ? 

G. Hermitte : C’est ça. Libérer certains mécanismes, promouvoir de nouvelles pratiques de management et de gestion publique. L’administration est une incroyable matrice, qui abrite un nombre incalculable de cultures et de modes d’organisation, de pouvoirs et de contre-pouvoirs. Alors que cela peut être une vraie force, c’est parfois une source de faiblesse. En son sein, tout comme avec ses partenaires l’administration aurait tout intérêt à renouveler sa façon de dialoguer, de se concerter, de coopérer, notamment en s’inspirant d’approches bottom-up.

EA : L’ENA partage-t-elle votre vision ? 

G. Hermitte : Malgré certaines résistances, comme le maintien du classement à la sortie qui conduit à des comportements plutôt conformistes et à une approche individualiste de la scolarité, la direction a sans conteste engagé un mouvement. L’ENA se positionne désormais comme une école de management public qui, après avoir formé pendant des années des experts administratifs et juridiques, renforce dans son programme l’attention accordée à des notions qui appartenaient jusqu’ici au monde de l’entreprise. Les professeurs nous parlent d’agilité, de gestion libérée, et nous donnent de nouvelles clés pour renouveler les pratiques de gestion publique. La direction des stages gagnerait à accompagner davantage ces nouvelles orientations. Mais plusieurs programmes, dont des missions d’intérêt général auprès d’associations, participent à ce souhait louable de nous confronter au terrain et de nous faire identifier le décalage existant parfois entre les usages administratifs et la réalité que vivent de nombreux acteurs, dont les associations.

EA : Les changements opérés par l’ENA laissent-ils espérer l’émergence d’une génération de politiques d’un nouveau genre ? 

G. Hermitte : Mon profil reste malheureusement assez atypique. Je fais partie de ceux qui sont entrés par le 3ème concours, destiné aux candidats venant du privé. Cette filière mériterait d’être mieux valorisée ; pour l’instant, seules 9 places sur 90 nous sont réservées. La direction mène plusieurs travaux sur la diversification des effectifs et il serait bon que ce 3ème concours soit plus promu. Nous sommes deux dans ma promotion à avoir créé ou géré une entreprise. J’espère que nos successeurs seront plus nombreux dans ce cas.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11), responsable des contenus ESSEC Alumni

 

C’est les vacances ! L’occasion de faire le bilan de l’année écoulée, et de se replonger dans les archives de Reflets ESSEC Magazine. Cet article a été initialement publié mi-2017, dans le n°118au sein du dossier « Demain tous politiques ? », consacré aux diplômés de l’ESSEC issus de la société civile qui s’engagent dans la vie citoyenne. Pour accéder à l’intégralité des contenus de Reflets ESSEC Magazine, cliquer ici.

 

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