EA : L’obtention de l’agrément pour lancer une agence de voyages est soumis à d’importantes contraintes réglementaires. Comment avez-vous procédé ?
B. Florin : Nous avons obtenu nos diplômes en 2009. A l’époque, la loi exigeait de satisfaire à trois critères : apporter 100 K € de garanties financières ; obtenir une assurance de responsabilité civile professionnelle ; et avoir travaillé au moins trois ans en tant que cadre dans une agence de voyages. Ce dernier critère était éliminatoire. Cependant la loi de modernisation de l’économie de 2010 devait le supprimer.
E. Triebel : Malgré l’incertitude, c’était une opportunité. En attendant le vote, nous avons consolidé notre business plan avec l’appui d’alumni et d’ESSEC Ventures.
B. Florin : Nous avons en outre monté une association, statut qui donne le droit d’organiser 6 voyages par an. C’était la version bêta du Vélo Voyageur…
EA : Comment se sont passés les premiers séjours que vous avez organisés ?
E. Triebel : Il a fallu désapprendre le professionnalisme tel qu’on nous l’enseigne à l’ESSEC… Le rapport aux hôteliers nécessite beaucoup de temps. Tout repose sur le relationnel et sur l’humain : il n’est pas question de négociation, ni même de chiffres ; la plupart des interlocuteurs ne maîtrisent pas Excel !
B. Florin : Une amie graphiste nous a formées à la cartographie. Nous avons créé nous-mêmes notre site Internet. Antoine Paucot (E75), directeur général d’Ikhar, a eu la gentillesse de diffuser notre offre dans sa newsletter.
La formule a immédiatement remporté un franc succès grâce au bouche-à-oreille de nos amis ! Dès l’été 2010, nous avions une clientèle d’une centaine de personnes.
EA : Aujourd’hui, en quoi consiste votre offre ?
E. Triebel : Le Vélo Voyageur propose un séjour clé en main. Nous nous occupons de la réservation des hébergements, de la location de vélos équipés, du transport des bagages. Nous fournissons un descriptif détaillé du parcours accompagné d'un livret touristique. Nous garantissons une assistance 24h/24.
B. Florin : Grâce à des centaines de partenaires, nous pouvons proposer des itinéraires dans une quinzaine de régions françaises, une dizaine de pays européens, ainsi qu’au Cambodge et en Inde. Chaque trajet est déclinable en différents niveaux de standing : les étapes peuvent se faire en relais château comme en hôtel 2 étoiles… La règle est le sur-mesure : à partir de notre catalogue et en se fondant sur notre expertise, nous pouvons imaginer une formule personnalisée pour chacun de nos clients.
EA : Quelle clientèle attirez-vous ?
E. Triebel : Loin de nous adresser à des sportifs, nous promouvons une pratique de loisir, ce qui nous permet de toucher un public très large.
De nombreux particuliers font appel à nous, principalement des cadres et des professions libérales, pour une semaine de vacances en famille comme pour un enterrement de vie de jeune fille le week-end.
Nous ciblons également les comités d’entreprise, avec des groupes de 20 à 30 personnes, souvent des novices, pour 3 jours de voyage.
Enfin certaines structures nous sollicitent pour l’animation de séminaires de team building. Le vélo est parfaitement adapté à ce type de démarche : c’est une activité ludique, accessible à tous ou presque ; en outre c’est dans l’air du temps, à l’heure du développement durable et de la RSE.
EA : En 2012, vous avez présenté le Trophée SNCF du Tourisme Responsable. Vous inscrivez-vous dans la vogue du tourisme vert ?
B. Florin : Le vélo véhicule des valeurs écologiques intrinsèques. C’est un moyen de transport qui ne pollue pas et qui sensibilise aux paysages, à la nature : on devient plus conscient de son environnement, et donc plus respectueux.
Dès lors, il nous paraît naturel de participer à des opérations de sensibilisation. Pour la Semaine de l’Ecomobilité, nous avons organisé le concours des Trajets Verts en entreprise. Chaque entreprise devait parcourir la plus grande distance possible en vélo sur le trajet domicile-travail en mobilisant le plus grand nombre de participants.
E. Triebel : Pour autant nous n’en faisons ni un dogme, ni un argument marketing. Notre axe, c’est plutôt le plaisir et le bien-être, sur le modèle de l’Allemagne, où les caisses maladie subventionnent les randonnées cycliques.
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