Mardis de l’ESSEC : Jean-Paul Agon, PDG du Groupe L’Oréal
Le 13 février 2018, Les Mardis de l’ESSEC ont reçu Jean-Paul Agon, président-directeur général du Groupe L’Oréal. Échange avec un leader des soins et des cosmétiques qui veille aussi à la beauté intérieure de son entreprise.
Jean-Paul Agon n’aimait pas trop l’école. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il quitte HEC à 22 ans, pour rejoindre le groupe L’Oréal dont la culture d’entreprise est, dit-il, « faite pour lui ». Alors que ses amis changent de postes, d’organisations et de métiers au fil du temps, lui passe quarante ans dans « l’entreprise de sa vie ». Et affirme qu’en fin de compte, sa carrière s’en trouve beaucoup plus riche et diverse : non seulement on lui confie tout de suite des responsabilités importantes – « comme dans les start-up ! »– mais en plus il touche à tout (supply chain, ressources humaines, marketing…), ce qui lui permet d’apprendre à grande vitesse.
Sa formule : l’adaptation
Jean-Paul Agon l’assure : s’il a un tel parcours, c’est d’abord parce qu’il a su tirer les leçons de ses erreurs. Petit conseil à ceux qui voudraient suivre sa voie : « Prenez votre temps, travaillez dur, repoussez vos limites. » Et apprenez à jongler entre vie privée et vie professionnelle… Est-ce à dire qu’il faut sacrifier l’épanouissement personnel sur l’autel du profit pour réussir ? Pas du tout, soutient Jean-Paul Agon. Un dirigeant n’est pas forcément seul et isolé – au contraire. Le PDG martèle ainsi que certains membres des comités de direction sont ses amis depuis plus de vingt ans. « L’Oréal n’est pas comme les grosses boîtes financières ou bancaires, l’empathie est une valeur qui compte. » Au fond, L’Oréal est comme une grande famille. Le groupe est d’ailleurs contrôlé par une famille. Une force selon Jean-Paul Agon : ce mode de gouvernance serait plus propice à une visibilité sur le long terme, de même que l’absence de réel organigramme et d’organisation favoriserait la créativité et la diversité.
Son principe actif : l’innovation
On l’aura compris : Jean-Paul Agon adore son métier et son entreprise. « Ce job est fantastique » parce que l’on est au début des choses, que l’on mobilise les énergies, que l’on impulse une dynamique de groupe, que l’on prépare les équipes au changement en clarifiant les directions à prendre. Certes, cela peut exiger de prendre des décisions difficiles – par exemple lorsqu’il faut renoncer à l’acquisition d’une entreprise très performante, faute des moyens nécessaires. Mais ces frustrations ne sont rien quand on consacre la majeure partie de son temps à penser et créer un monde nouveau.
À quoi ressemblera la beauté de demain ?
Selon Jean-Paul Agon, c’est l’Asie qui la dictera. Le directeur général regrette que les Occidentaux ne prennent pas plus soin de leur peau, contrairement aux Asiatiques qui, eux, ont une « super » utilisation des crèmes. Cette clientèle a un potentiel immense ; il en fait sa priorité numéro une – sur le plan des affaires du moins.
Car la beauté de demain se jouera aussi – et surtout – sur le plan du développement durable. L’Oréal veut devenir une entreprise exemplaire, la plus éthique possible. Le groupe s’est ainsi fixé pour objectif de réinventer la composition et la production de l’ensemble de ses produits d’ici 2020, afin qu’ils aient tous sans exception un impact positif sur l’environnement. Le groupe s’engage en outre pour la diversité – notamment pour l’égalité entre les sexes. Jean-Paul Agon pense d’ailleurs que son successeur pourrait bien être une femme. Mais n’est pas près de laisser la place !
Propos recueillis par Hicham Ben Chaïb (étudiant)
Retrouvez l’intégralité du débat en vidéo ici.
Illustration : © Noir sur Blanc
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