Olivier Mogé (M20) : « Le nombre de personnes dépendantes va doubler d’ici 2050 »

Après un passage en fusions acquisitions chez Nomura à Londres et Astorg à Paris, Olivier Mogé (M20) s’est reconverti dans l’accompagnement des personnes fragilisées et dépendantes en prenant la direction partenariats et stratégie du Groupe Proseniors. Il nous raconte son cheminement. 

ESSEC Alumni : Pourquoi avoir quitté la finance pour rejoindre le secteur de l’aide à domicile ?

Olivier Mogé : J’ai beaucoup appris en fusions acquisitions d’un point de vue opérationnel et gymnastique intellectuelle. Néanmoins j’avais envie de contribuer au développement de l’économie réelle et de jouer ma part dans un enjeu social et sociétal. Le choix de l’aide à domicile s’est fait en deux temps : d’abord avec la crise du COVID-19, qui a rappelé à quel point ce secteur était essentiel ; ensuite avec le décès de ma grand-mère, qui m’a sensibilisé aux conditions de travail difficiles des soignants.

EA : Quels sont les principaux enjeux de l'aide à domicile des publics fragilisés en France ? 

O. Mogé : L’allongement de l’espérance de vie et l’arrivée des baby-boomers à l’âge de la retraite entraîne un vieillissement de la population. Conséquence : le nombre de personnes dépendantes est inévitablement appelé à augmenter dans les années à venir – on prédit qu’il passera de 2 millions en 2015 à près de 4,8 millions en 2050. Dans le même temps, les études montrent que 95 % des personnes veulent rester chez eux. L’aide à domicile, c’est la solution à cette équation.

EA : Quelle solution propose le Groupe Proseniors ? 

O. Mogé : Proseniors est un prestataire de services à domicile pour personnes âgées et en situation d’handicap. Nous sommes présents à travers 22 agences dans 10 départements avec 1 500 salariés. Notre spécificité : nous nous sommes fixés comme priorité d’améliorer le quotidien des auxiliaires de vie.

EA : Quelles sont vos fonctions au sein du Groupe Proseniors ?

O. Mogé : Je suis en charge du développement de la stratégie par croissance externe. Nous nous rapprochons de confrères à travers toute la France. J’essaye aussi d’améliorer le coté opérationnel. Je suis notamment allé sur le terrain avec une auxiliaire de vie pour effectuer des prestations (ménage, balade pour chien, préparation des repas) auprès de personnes fragilisées. Cela m’a aidé à mieux comprendre leur quotidien pour pouvoir proposer de nouvelles alternatives à notre stratégie interne.

EA : Comment les alumni peuvent-ils eux aussi s’engager sur ces questions ?

O. Mogé : Le secteur de l’aide à domicile et le métier d’auxiliaire de vie sont méconnus du grand public mais essentiels pour les années à venir. Nous avons besoin d’une revalorisation des conditions de travail de ces intervenants. Commencez par vous rapprocher de vos grands-parents, parents, proches en situation d’handicap qui sont dépendants, et intéressez-vous au personnel qui s’occupe d’eux. Et n’hésitez pas à parler de ces héros du quotidien autour de vous, ainsi qu’à faire pression sur les pouvoirs publics.

EA : En parallèle de votre engagement, vous n’avez pas complètement coupé avec la finance… 

O. Mogé : J’ai rejoint le fondateur du Petit Analyste, site qui cherche à démocratiser le monde de la finance en publiant des articles de vulgarisation et des interviews de professionnels, et nous avons lancé ensemble, sous cette même marque, une offre de coaching. Nous accompagnons des élèves de tous horizons pour décrocher des stages en finance d’entreprise. Là encore, c’est une façon d’aide et une belle aventure humaine ! 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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