Back to news
Next article
Previous article

Reflets Mag #139 | Laurence Fischer (E05), championne sur tous les fronts

Interviews

-

09.13.2021

Désolé, ce contenu n'est pas disponible en English

Reflets Mag #139 consacre un portrait à Laurence Fischer (E05), qui défend les valeurs du sport sur tous les fronts : championnats de karaté, diplomatie française, mais aussi lutte contre les violences faites aux femmes et même scènes de théâtre… On vous met l’article en accès libre ; abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

1995 : championne de France. 1998 : championne du Monde. 1999 : championne d’Europe. « En tout, j’ai décroché dix titres nationaux, sept titres européens dont deux en équipe, et trois titres mondiaux dont un en équipe, sans compter les médailles d’argent et de bronze. » 

Un parcours d’autant plus impressionnant qu’à l’époque, le karaté ne bénéficiait pas d’un accompagnement professionnalisé au sein de l’équipe de France. « Pas de nutritionniste, pas de préparateur mental… Heureusement, j’ai pu compter sur le soutien d’une bourse de la Fondation d’Entreprise FDJ, ou encore d’un ostéopathe précurseur sur le travail spécifique avec les sportifs de haut niveau. »

Des podiums aux cités

En parallèle de ses exploits en compétition, Laurence Fischer travaille au service des sports de la mairie de Marseille où elle s’intéresse à l’impact éducatif et social que peut avoir le sport. « J’intervenais dans les quartiers Nord auprès de jeunes de milieux populaires. J’ai compris qu’il s’agissait d’un formidable outil d’inclusion et d’émancipation, mais aussi d’un vecteur puissant pour véhiculer des valeurs dans tous les domaines de la société. »

Cours d’endurance

Forte de ses convictions, Laurence Fischer décide de faire la passerelle entre le monde du sport et celui de l’entreprise en intégrant l’ESSEC. « J’alternais entre les salles de cours de Cergy et les salles d’entraînement de l’INSEP – aux deux extrémités du RER A ! Et je finançais mes études en travaillant au sein de la Fondation d’entreprise Gaz de France… » Le rythme est intense, mais elle a l’habitude de jongler entre plusieurs activités. « Cette période m’a demandé d’être efficace, persévérante, du lâcher prise aussi… Autant de qualités qu’on développe dans le sport de haut niveau. »

Son diplôme en poche, elle met un terme à sa carrière d’athlète et rejoint le siège français de Nike, où elle s’occupe du sponsoring et marketing de la catégorie Femme.

Coup de théâtre

Pendant cinq ans, Laurence Fischer suit également les cours de théâtre de Jean-Laurent Cochet. Elle porte les mots de Marivaux, Racine, Molière ou encore Victor Hugo, et accompagne Arnaud Churin dans sa mise en scène d’Othello. Un grand écart ? Pas tellement. « L’expérience de la scène est proche de celle du tatami. De grandes similitudes, des contraintes liées au temps, à l’espace, aux règles. Un extraordinaire moyen d’expression. Une grande exigence technique et physique – sur la respiration, la posture… Et un engagement sincère qui te permet d’être libre. » 

Femme de terrain

Recrutée par l’ESSEC au poste de conseillère exécutive sport pour accompagner le Bureau des Sports dans la gestion de ses activités et pour renforcer la place du sport à l’école tant sur le plan pédagogique qu’en termes de rayonnement, elle soutient aussi depuis longtemps de nombreuses associations mêlant sport et enjeux sociaux. « Déjà dans le cadre de mon cursus ESSEC, j’étais partie un mois en Afghanistan avec Sports sans frontières (aujourd’hui Play International) pour appuyer un programme de formation pédagogique à destination des professeurs des écoles et partager mon expertise d’athlète avec la première équipe féminine afghane de karaté. Puis j’ai été membre du conseil d’administration de l’Agence pour l’éducation par le sport et de Premiers de Cordée. »  

Son engagement prend une nouvelle dimension quand elle rencontre en 2013 le célèbre Dr. Denis Mukwege, surnommé « l’homme qui répare les femmes » en référence à son engagement contre le viol utilisé comme arme de guerre en République démocratique du Congo. « Je me suis impliquée dans la Maison Dorcas, structure innovante qu’il a créée en 2008 et qui propose un accompagnement holistique des jeunes survivantes : prise en charge médicale et psychologique, conseil juridique, école gratuite et formation professionnalisante… » Elle fait le constat qu’aucune solution n’est proposée par le corps – celui-là même qui a subi les violences entraînant le traumatisme psychologique. Elle forme alors un enseignant afin qu’il transmette et rende accessible l’activité physique aux victimes. « Pour les aider, le temps de leur séjour au sein de la Maison, à se réapproprier leur corps, à retrouver dignité et estime de soi. Et pour atténuer les syndromes liés au post trauma, comme l’anxiété, les troubles alimentaires, la perte de sensation… » 

Une expérience qu’elle décide de pérenniser : elle crée ainsi Fight For Dignity, en proposant également son travail en France, à Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des Femmes à Saint Denis. « Nous avons lancé une recherche-action en partenariat avec l’Université de Strasbourg et avec un comité scientifique composé de chercheurs, médecins, psychologues et gynécologues pour mesurer l’impact de la pratique et pour développer une méthodologie d’accompagnement des femmes victimes de violences, basée sur le karaté, adaptée et accessible à tous les profils. Objectif à terme : devenir une référence en terme de formation dédiées et essaimer dans tout le pays et au-delà de la RDC. »

Au service de la France

Une ligne directrice guide Laurence Fischer dans toutes les étapes de son parcours : faire vivre les valeurs du sport, activer ses potentialités, maximiser son impact. C’est donc en toute logique qu’on la retrouve aujourd’hui au poste d’Ambassadrice pour le Sport au sein du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères. « Quand on est athlète avec 15 ans d’expérience internationale, on est déjà diplomate car on représente son pays et on défend son excellence. » Son rôle : utiliser le sport comme outil de soft power et de francophonie, maximiser le potentiel d’attraction économique et touristique du sport sur le territoire, accompagner et soutenir les entreprises françaises du secteur du sport… ou encore, contribuer à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024. 


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

Paru dans Reflets Mag #139. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

J'aime
1997 vues Visits
Share it on

Comments0

Please log in to see or add a comment

Suggested Articles

Interviews

Reflets Mag #154 | Nathalie Joffre (E05) : l’art et la mémoire

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

November 12

Interviews

Sandrine Decauze Larbre (E09) : « Rien ne prépare à faire face à 30 élèves »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

November 12

Interviews

Mai Hua (E99) : « Mes docu-poèmes touchent à l'universel en explorant l'intime »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

November 12