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Inès Weber (E11), libre penseuse

Interviews

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08.24.2020

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Dans Reflets #131Inès Weber (E11) raconte la voie unique qu’elle a suivie après l’ESSEC, en mêlant pratique de psychothérapeute et enseignements spirituels. On vous met son portrait en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

Rien ne prédestinait Inès Weber au métier de psychologue. Elle a le déclic en visionnant un documentaire sur Françoise Dolto. « Ce n’est pas tant son histoire qui m’a marquée, que la porte ouverte sur l’intériorité. Je me suis sentie appelée par ce monde. » Inès Weber s’inscrit alors en psychologie à l’Université Paris Diderot, en parallèle de ses études à l’ESSEC.

Une fois diplômée, elle exerce en centre médico-psychologique et en hôpital de jour avant d’évoluer vers une pratique en libéral. « La liberté m’est indispensable. Je sais m’adapter mais j’ai du mal à m’épanouir dans des cadres préfabriqués. Non-conformiste, j’ai besoin de me tailler une vie sur-mesure. Même si j’ai eu des bonnes expériences dans des institutions, il n’en reste pas moins qu’il y a des contraintes, des horaires, des doctrines. Je préfère l’autodétermination, décider des finalités de mon travail. »

Plongée dans la pensée

Les années passent, et Inès Weber continue de creuser le sillon singulier de sa pensée. « En fouillant mon intériorité, j’ai déterré le vestige du judaïsme. J’ai alors rejoint au sein de l’Alliance Israélite universelle un programme non cultuel destiné aux jeunes voulant redécouvrir leurs héritages. J’y ai suivi des cours de philosophie et d’histoire juives, d’exégèse biblique et d’introduction au talmud… »

Inès Weber trouve dans cet enseignement un souffle intellectuel et une sève spirituelle qui enrichissent sa vision de la société et de l’humain. Au point qu’après la Thora, elle se met à lire les textes sacrés d’autres traditions : Évangiles, Baghavad Gita, philosophes de l’islam… Car Inès Weber n’a jamais voulu s’enfermer dans une appartenance. « Je reste une fille de parents athées et d’une République laïque prônant une certaine idée du vivre ensemble. Ce qui m’intéresse dans les écrits religieux, c’est qu’ils posent de grandes questions existentielles qui nous concernent tous. »

Prière de réfléchir

Avide d’échanges avec des gens de tous horizons, Inès Weber finit par créer en 2015 avec le philosophe Abdennour Bidar le Sésame, espace non-confessionnel de méditation, de réflexion et de dialogue réunissant athées, agnostiques et croyants autour des grandes questions de sens qui nous animent tous : l’amour, l’unité, la mort, le progrès d’être, le bien et le mal… « On ne se réfère ni à une seule religion ni à la religion seulement – on puise dans tous les viviers d’inspirations : la philosophie, la littérature, la mythologie, la poésie…». À Paris ou en Provence, chaque rencontre débute par une transmission, souvent proposée par un philosophe, qui ouvre sur un temps d’échange collectif. « On ne propose pas de méthodes. On donne juste accès à des ressources dont chacun peut se nourrir librement pour construire son propre chemin de sens. On n’est pas non plus une voie. On est juste un lieu de partage entre égaux. Tout le monde est maître et élève en même temps. Avec Abdennour Bidar, on a voulu offrir l’opportunité de se rassembler sans avoir à se ressembler. On appelle ça le libre-ensemble. »

Thérapie enrichie

La réflexion qu’Inès Weber mène au Sésame impacte son travail de psychothérapeute. « Je suis passée d’une vision déterministe de l’individu, propre à la psychanalyse, à une vision plus spirituelle, selon laquelle il y a une part d’inconditionné en nous. Et je pense que c’est en partant à la découverte de cette partie de nous, notre noyau essentiel, que nous pouvons dépasser nos problèmes existentiels. ‘Seul exerce une force de guérison ce que l’on est en vérité’ disait Jung, je suis tout à fait d’accord avec lui. Reste à chercher qui on est en vérité ! » L’approche d’Inès Weber se nourrit des travaux de psychologues comme Annick de Souzenelle, Karlfried Graf Dürckheim ou encore Jean-Yves Leloup, « qui ne sont malheureusement pas enseignés à l’université. »

Autre distinction importante : « J’ai remis en cause la notion de patient au profit de la notion d’aspirant. J’ai constaté que nombre de gens venant consulter ne sont pas névrosés, déséquilibrés ou carencés, mais ont au contraire une force intérieure supérieure à la moyenne, qui paradoxalement les affaiblit parce qu’elle les pousse à se poser des questions que les autres ne se posent pas. À être plus exigeants aussi : ils ne veulent pas être adaptés, ils veulent devenir eux-mêmes. » D’où le terme d’aspirant, par lequel Inès Weber désigne des gens qui aspirent à être créateurs de leur propre vie. « Exemple : un jeune adulte qui a du mal à entrer dans la vie active parce qu’il ne veut pas entrer dans le moule. Certains le taxeront d’immaturité. Moi, j’y vois plutôt une forme de résistance, une force de contre-proposition. L’inadaptation n’est pas forcément pathologique. Il peut être très adapté d’être inadapté.Tout dépend si ce à quoi on nous demande de nous adapter nous paraît juste ou non ! » Le parcours d’Inès Weber en est une belle illustration.


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

Paru dans Reflets #131. Pour recevoir les prochains numéros du magazine Reflets ESSEC, cliquer ici.

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