Club Business Angels : « Nous investissons dans des startups à fort potentiel »
Depuis près de 15 ans, le Club Business Angels (ESSEC BA) rassemble des passionnés d’entrepreneuriat et d’innovation pour investir dans des startups à fort potentiel de croissance en phase d’amorçage. Bilan et explications de ses coresponsables Patrick Legrand (E74) et Didier Boullery (E80).
ESSEC Alumni : Quelles sont les missions de votre club ?
Patrick Legrand : ESSEC BA a pour vocation d’investir dans des projets entrepreneuriaux à fort potentiel de croissance dans tous les secteurs, avec une nette prédominance de l’économie numérique. Cette mission exige un engagement personnel important, car nos membres n’apportent pas seulement des fonds, mais offrent aussi leur accompagnement à titre bénévole.
EA : À quels profils votre club s’adresse-t-il ?
Didier Boullery : Notre communauté est ouverte à toutes les personnes motivées par l’innovation sous tous ses aspects, souvent tech mais pas uniquement. Il faut aussi se montrer prêt à entrer au capital d’une start-up en phase d’amorçage, ou « seed », soit un à trois ans après le démarrage, quand les premiers produits sont vendus ou les services délivrés aux premiers clients. Une fois cet investissement réalisé, vous pourrez en outre participer à notre comité stratégique ainsi qu’à nos assemblées générales.
EA : Concrètement, comment fonctionnez-vous ?
P. Legrand : Toutes les deux semaines, nous organisons des séances durant lesquelles nous écoutons deux ou trois pitchs – comptez 20 minutes de présentation et 10 minutes de questions. À l’issue de ces échanges, celles et ceux qui le souhaitent parmi nous, dans la limite de deux ou trois personnes, peuvent décider d’analyser l’opportunité. Cette étape du processus prend du temps et de l’énergie : elle consiste en six à dix heures d’intense concertation avec la start-up pour examiner tous les aspects de son business. Si l’évaluation s’avère positive, nous entrons alors dans la phase dite de « closing » : rédaction du pacte d’associés, préparation de l’augmentation de capital, nomination du comité stratégique, souscription et apport des fonds…
EA : Pouvez-vous donner des exemples de projets dans lesquels vous avez investi ?
D. Boullery : Nous avons découvert plusieurs pépites en 2022. Mycophyto conçoit des solutions de revitalisation des sols et de biostimulation des plantes pour des productions agricoles moins dépendantes des engrais et productives ; elle a levé 4,15 M € et entre désormais en phase d’accélération et d’industrialisation. DeepLife développe une plateforme d’ingénierie cellulaire pour prédire, in silico, la réponse de cellules à des perturbations dues à un virus, un médicaments ou encore une édition génétique ; elle a levé 6 M €. Carbon Waters produit des additifs de haute performance préformulés à base de graphène pour une meilleure performance environnementale et sanitaire ; elle a levé 2 M €. Biomemory ambitionne de devenir un acteur majeur de l’écriture et du stockage de données numériques dans un ADN de synthèse biocompatible et bio-sécurisé ; elle a déposé deux brevets CNRS/Sorbonne Université et levé 5 M €. Inga propose des produits ménagers et d’hygiène zéro déchet pour mettre fin aux 140 milliards de feuilles d’essuie-tout et 62 milliards de cotons démaquillants jetés chaque année en France ; lauréate d’Act for Impact de BNP Paribas, elle a levé 450 K € et réalisé la campagne de crowdfunding la plus importante de l’histoire d’Ulule. Enfin, J’achète fermier ! fournit une solution clef en main aux éleveurs laitiers pour leur permettre de transformer leur production à la ferme et ainsi d’obtenir une juste rémunération ; elle a levé 3,2 M €.
P. Legrand : Nous avons en outre réalisé deux belles sorties. Neta, qui conçoit des systèmes de mesure non destructifs utilisant une technologie brevetée dite photo-acoustique, a été rachetée par un grand intégrateur américain 30 mois après notre investissement. Et Bleexo, plateforme RH SaaS multimodules proposant des outils pour développer le sentiment de reconnaissance au sein de l’entreprise et mesurer l'engagement des équipes, a été rachetée par Silae, groupe spécialisé en informatique RH et paie.
EA : Quels liens entretenez-vous avec l’écosystème ESSEC ?
D. Boullery : Côté école, nous avons lancé le programme « ESSEC BA en résidence » qui vise à coacher les étudiants et jeunes diplômés incubés chez ESSEC Ventures. Côté ESSEC Alumni, nous avons naturellement développé des rapports étroits avec le Club Entrepreneurs.
EA : Plus largement, quelle place occupez-vous dans le milieu des business angels français ?
P. Legrand : Il y a 12 ans, nous avons conclu un partenariat unique avec Paris Business Angels (PBA), le plus important club de business angels français. Les membres d’ESSEC BA peuvent assister à ses séances de pitchs et faire du partage d’expérience avec ses 190 adhérents. Par ailleurs Didier et moi-même siégeons au conseil d’administration.
EA : Comment s’organise votre équipe ?
D. Boullery : Avec Patrick, nous nous occupons des premiers contacts avec les alumni désireux de nous rejoindre. Nous avons en outre la chance de pouvoir nous appuyer sur les salariés de PBA pour toute la partie logistique de nos comités de sélection. Sans oublier le soutien de l’équipe d’ESSEC Alumni !
EA : Comment les alumni peuvent-ils contribuer à vos activités ?
P. Legrand : Avant tout, n’hésitez pas à venir à nos sessions de pitchs en visio ou en présentiel chez l’un de nos partenaires, comme Bpifrance par exemple, ou encore à nos afterworks. Et si vous identifiez des porteurs de projets à bon potentiel, discutons d’une mise en relation !
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
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Image : © AdobeStock
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