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Estelle Peyen (M99) : « Les peuples du désert peuvent nous aider face au changement climatique »

Interviews

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23/03/2021

Estelle Peyen (M99) lance le projet XCSS Climate Can’t Wait, qui mêle sport et immersion avec des peuples du désert pour sensibiliser aux enjeux du changement climatique. Explications. 

ESSEC Alumni : Quel a été votre parcours avant XCSS Climate Can’t Wait ?

Estelle Peyen : J'ai occupé divers postes de direction dans la distribution avant de me reconvertir et de devenir nutritionniste du sport. Ma préoccupation aujourd’hui : accompagner la santé et la performance (sportive, professionnelle, artistique…) au naturel en luttant contre la sédentarité – et plus largement éduquer aux enjeux croisés du bien-être et de l’environnement pour construire un monde durable, viable et porteur d'espoir.

EA : Comment le projet XCSS Climate Can’t Wait s’inscrit-il dans cette visée ?

E. Peyen : XCSS Climate Can’t Wait combine ski de fond et course à pieds sur sable d’une part, et rencontres avec des peuples du désert d’autre part, pour attirer l'attention sur les modes de vie de ces derniers, et en tirer des enseignements susceptibles de nous aider à nous adapter face à des enjeux climatiques comme la montée des températures, l’aridité, les conditions sanitaires en milieux chauds… L’événement permet en outre de donner de la visibilité à des partenaires, notamment des structures de recherche, qui apportent des réponses à ces questions.

EA : Quand aura lieu la première édition ? 

E. Peyen : La première édition est prévue pour le second trimestre 2022 dans le Sahara marocain. Nous prévoyons une édition par an, dans un désert différent à chaque fois. Objectif : multiplier les actions auprès du plus grand nombre possible de communautés natives et d’écosystèmes, et établir des passerelles pérennes sur le plan scientifique, pédagogique, économique, culturel… 

EA : Qui peut participer à l’initiative ?

E. Peyen : Tout le monde peut nous rejoindre sous réserve d'adhérer à notre charte et à nos valeurs. Le niveau sportif ne doit pas constituer un obstacle : nous proposons deux formats de circuits, l’un « accessible », l’autre « ardu », pour lesquels les inscriptions sont ouvertes, sur présentation d'un certificat médical, et dans la limite de 50 places. L’enjeu n’est pas la performance physique, mais l’implication et l’engament dans la cause climatique.

EA : Pourquoi les peuples du désert sont-ils bien placés pour sensibiliser les sociétés urbaines aux enjeux climatiques ?

E. Peyen : D'ici 2070, 19 % de la Terre connaîtra les mêmes températures extrêmes que les zones les plus chaudes du Sahara aujourd'hui. S’immerger avec ces peuples dans leurs milieux naturels et partager cette expérience au travers d'images et de documentaires permettra d’envoyer un message fort et de diffuser leurs savoirs et savoir-faire auprès de ceux qui en auront probablement besoin demain.

EA : Concrètement, que peuvent nous apprendre les peuples du désert ? 

E. Peyen : Économie et sobriété de consommation, adaptabilité et résilience… Ces communautés sont habituées à (sur)vivre en connexion étroite avec leur environnement et dans des conditions très difficiles. Elles ont dû développer des stratégies de protection ainsi qu’une forme de résilience pour se maintenir malgré des ressources naturelles limitées voire inaccessibles. Nos sociétés urbaines auront besoin du même « bouclier mental » pour affronter les évolutions climatiques.

EA : Inversement, les peuples du désert ont-ils besoin d’une aide extérieure ?

E. Peyen : Nous pouvons leur apporter un soutien financier, médical et technique, notamment en architecture et urbanisme (pour freiner l'avancée du désert) et en imagerie satellite (pour modéliser les zones naturelles à restaurer). Sans oublier la coopération agricole : la survie de ces populations dépend aussi de leur connaissance des semences.

EA : Où en est le développement du projet XCSS Climate Can’t Wait ?

E. Peyen : Notre équipe comprend à ce jour 15 membres bénévoles (direction de projet, communication, empreinte environnementale, audiovisuel, réalisation, technique/sport, préparation mentale…), 1 partenaire média et 1 partenaire en équipements écoresponsables. Nous avons déjà lancé les demandes d'autorisations nécessaires auprès du Maroc, et initié en France des échanges avec divers représentants du sport, de l’enseignement et de la recherche en agronomie et en biologie humaine.

EA : Quelles sont vos prochaines échéances ?

E. Peyen : Les chantiers s’annoncent nombreux dans les mois à venir : élaboration de protocoles d'études (sciences de la vie et de la terre, psychologie, climatologie, exobiologie…), lancement d’une campagne de communication, création et essais de prototypes, prospection de partenaires, organisation d'un stage immersif et préparatoire en France…

EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir votre projet ?

E. Peyen : Avant tout, relayez notre initiative et nos posts LinkedIn pour attirer l'attention du public sur notre cause ! Par ailleurs, en tant qu’association à but non lucratif, nous recherchons des donateurs et sponsors : à bon entendeur… Toute personne souhaitant rejoindre notre équipe de benévoles est également la bienvenue. Enfin, si vous avez des contacts dans la recherche, nous sommes preneurs ! Vous pouvez entrer en relation avec nous via l’adresse xcss.climate@gmail.com.

EA : D’autres alumni sont-ils déjà impliqués dans le projet XCSS Climate Can’t Wait ? 

E. Peyen : François-Xavier Nottin (M05), président de Green Leaf Company, a recommandé notre association au 1% for the Planet en s'engageant à nous reverser son don, ce qui nous a ouvert l'agrément par le collectif. Et Alain Risbourg (B00), fondateur de Covivance et co-responsable du pôle Transformation des Entreprises d’ESSEC Transition Alumni, relaie régulièrement nos publications sur ses réseaux. Merci à eux !


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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