Dans Reflets #119, François-Xavier Craquelin (A97) raconte comment, en pleine crise de la vache folle, il a rejoint la Normandie pour élever des bœufs au cidre. Audacieux ? Pas plus que de créer une entreprise à Paris, assure-t-il.
Quand François-Xavier Craquelin intègre l’ESSEC, il sait déjà qu’il finira par reprendre l’exploitation de ses parents. « Je voulais acquérir les compétences nécessaires à la modernisation de nos activités. » Il pense faire ses classes dans l’industrie agroalimentaire, mais change d’approche après son service militaire chez Prisme 95, structure spécialisée dans l’aide à la création d’entreprise et à la bancarisation de publics en difficulté. « Entre un RMIste qui cherche à ouvrir sa boulangerie et un agriculteur qui veut sauver sa ferme, les problématiques ne sont pas si éloignées. Ce que j’apprenais au contact de ces populations servait bien plus mon projet qu’une expérience de contrôleur de gestion au sein d’un grand groupe. » Il en tire notamment une leçon de courage : « Si eux, qui partaient de rien, pouvaient y arriver, je n’avais aucune excuse pour ne pas me lancer. »
Retour à la terre
François-Xavier Craquelin, après quelques années dans le milieu associatif, rentre donc au foyer – prêt à changer de modèle. « On a arrêté l’activité laitière au profit de l’élevage, et on a planté des pommiers pour faire du cidre bio. » Assez naturellement, il en vient à produire… du bœuf cidré. « Je me suis inspiré d’une vieille tradition du Pays de Caux, où les anciens donnaient du cidre aux bêtes abattues à Pâques. À dose raisonnable, l’alcool attendrit la viande. » Mais ce n’est pas son seul secret de fabrication. « L’important, c’est de veiller au bien-être des animaux. Cheptel de taille confidentielle, rations d’herbe, de luzerne, de pois et de féveroles issus de l’exploitation et garantis sans OGM, massages, et même musique classique dans les étables… On prend le contrepied de l’élevage intensif. »
Une approche qui fait recette : « Certains comparent notre viande au fameux – dans tous les sens du terme – bœuf de Kobé… Mais c’est autant la qualité du produit que la sincérité du projet qui séduit. On refuse de travailler avec la grande distribution. On privilégie les bonnes tables, à Paris et à l’étranger mais aussi en région, car on est très attaché au local. Et on ne se contente pas de livrer la marchandise : on explique au restaurateur comment parler de notre démarche à ses clients, parce qu’on tient à la transparence et à la traçabilité. »
Et François-Xavier Craquelin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. […]
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11). Pour consulter l’intégralité du portrait, cliquer ici.
Illustration : François-Xavier Craquelin © Arnaud Bertereau - Agence Mona
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