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Ihoby Lysiane Rabarijohn (EXEC PROG 17) : « L’art africain accède à une meilleure reconnaissance internationale »

Interviews

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06/09/2021

Consultante en art, Ihoby Lysiane Rabarijohn (EXEC PROG 17) œuvre pour la promotion de l’art contemporain de Madagascar et de la diaspora malgache. Rencontre alors qu’elle organise l’exposition La Voix, le Loin en France. 

ESSEC Alumni : Quels sont les projets artistiques les plus marquants sur lesquels vous ayez travaillé ?

Ihoby Lysiane Rabarijohn : J’ai fait partie de l’équipe qui organisait le premier pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise de 2019. J’ai aussi coordonné l’exposition du photographe le plus connu à Madagascar : Pierrot Men, lors du festival PhotoSaintGermain 2019. Et je me suis occupée de la coordination à Madagascar d’Exceptions d’Afrique, exposition sur les métiers d’art dans le cadre d’Africa saison 2020 présentée à Artcurial, à Paris, en juin 2021.

EA : Aujourd’hui, vous présentez l’exposition La Voix, le Loin avec l’artiste pluridisciplinaire et poète Jean Luc Raharimanana…

I. L. Rabarijohn : Il s’agit d’une exposition itinérante, qui va voyager à travers le monde et prendre des formes différentes selon les lieux : résidences, installations ou encore performance scénique. L’odyssée commence en France, au Musée Européen de Bibracte, jusqu’en novembre 2021, avec un parcours artistique dans forêt du Mont Beuvray : les poèmes se lisent sur des supports inhabituels, la voix fait écho à la musique, la musique aux images, l’image aux sculptures – ces dernières symbolisant le passage vers le monde des esprits et des ancêtres à Madagascar, tout en renvoyant à certains récits propres à Bibracte, comme le mythe de la dame blanche et le mythe de la Pierre de la Wivre.

EA : Quelles sont les spécificités de l’art malgache ?

I. L. Rabarijohn : L’art malgache se partage entre art ancien ou « traditionnel » (tissage, vannerie, reliefs gravés, sculpture…) et formes originales articulées autour de pratiques importées. Par exemple, entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, les peintres malgaches ont utilisé les possibilités techniques occidentales pour exprimer une sensibilité locale, en privilégiant des thèmes propres à leur société : activités, personnages ou encore paysages typiques comme les rizières des hautes terres. Puis la fin de la colonisation a marqué un besoin de se singulariser, d’affirmer son appartenance et de restituer l’univers malgache en exploitant des référents symboliques traditionnels ainsi que la richesse de la littérature orale locale. Enfin, aujourd’hui, les contacts accrus avec l’extérieur grâce à la technologie encouragent les artistes contemporains à une recherche plastique avec de nouveaux médiums et matériaux. Ce jeune mouvement, plus engagé, tente de sortir de l’académisme tout en puisant dans la prolificité culturelle malgache.

EA : Quelle place l’art malgache occupe-t-il sur la scène internationale ? 

I. L. Rabarijohn : L’art malgache augmente sa visibilité grâce à sa présence dans un nombre croissant de manifestations artistiques prestigieuses et grâce à la meilleure reconnaissance dont bénéficie l’art africain en général, avec l’organisation de nombreuses expositions dédiées dans le monde et le développement de biennales et de foires comme 1.54 Contemporary African Art Fair ou AKAA. Concomitamment, un marché se structure peu à peu, avec l’appui de certains collectionneurs et galeries internationales.

EA : On parle souvent d’art africain. Cette notion a-t-elle un sens ? Les travaux des artistes du continent africain ont-ils des caractéristiques communes ?

I. L. Rabarijohn : L’Afrique compte 54 pays, qui ont chacun leurs spécificités culturelles. On peut cependant constater que les pratiques artistiques incorporant l’abstraction visuelle, les motifs géométriques, la récupération, le recyclage et la transformation des matériaux sont fermement ancrées sur l’ensemble du continent.

EA : Retrouve-t-on certaines de ces caractéristiques dans l’art malgache ?

I. L. Rabarijohn : On peut retrouver certaines caractéristiques comme l’usage des motifs géométriques et la transformation des matériaux dans les œuvres locales. Toutefois l’art malgache a connu d’autres influences, notamment asiatiques, qui font son originalité et le distinguent de toutes les productions du continent africain.


Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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