Julie Lasne (M07), protectrice des animaux : « Nous sommes capables de sauver la planète »
Dans Reflets #129, Julie Lasne (M07), diplômée du Mastère Spécialisé en Marketing Management de l'ESSEC Executive Education, raconte son combat pour défendre les animaux à travers le monde, dans tous les secteurs. On vous met son portrait en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !
Dès l’enfance, Julie Lasne prend conscience de la précarité des choses. « J’ai subi une opération du cœur et plusieurs maladies. » Hospitalisée sur de longues périodes, elle s’éduque souvent à distance de l’école. « Cette situation m’a poussée à me poser les grandes questions très jeune, et m’a donné une proactivité et une indépendance d’esprit. » Elle est aussi inspirée par ses grands-tantes qui, petites, « ont connu la rue après avoir fui la révolution russe en 1917, pour finalement compter parmi les premières femmes ingénieures de France ». Elle en tire une leçon : rien n’est jamais acquis, mais tout est possible. « C’est une peur saine qui vous maintient en état de veille, qui joue le rôle d’un lanceur d’alerte face au risque, pour vous guider et non pour vous empêcher d’avancer. »
Entrée en campagne
À l’âge de travailler, Julie Lasne n’a plus qu’une obsession : changer le monde. Dans cette optique, elle décide de se tourner… vers la communication, pour la portée et l’efficacité des messages publicitaires. « En 30 secondes, on peut sensibiliser des millions de personnes à de grandes causes. » Dès ses études, elle signe un film comme créative pour le HCR, lors des massacres au Rwanda. Puis elle enchaîne les agences prestigieuses – TBWA, CLM BBDO, Y&R, Publicis, McCann-Erickson, BDDP&fils… – et les grands comptes – Absolut Vodka, Courrier International, Wonderbra, Total, Nissan, BMW, Playstation, Fnac, Pepsi… – pour lesquels elle crée des campagnes primées, y compris hors agence (Keljob.com…). Sans perdre de vue son objectif : « Je travaillais aussi sur la Fondation Hulot, Action Contre la Faim, le don d’organes, l’INPES… »
Mais certaines contradictions la dérangent. « On me demandait le même jour de créer une campagne pro bono pour l’Association Nationale de Prévention contre l’Alcoolisme et une autre pour pousser les étudiants à consommer une marque de spiritueux ! »
Mise au vert
Bien qu'elle affronte une série de décès dans sa famille, Julie Lasne démissionne en 2001 avec pour projet de développer une agence en communication éthique. « Problème : à l’époque, en France, peu de gens étaient sensibles à l’économie verte ou à l’entrepreneuriat social. » Elle mène alors plus de 100 entretiens à l’international auprès des acteurs pionniers de la transition écologique et économique, alors inconnus (Blablacar, Tesla, M. Yunus…) et intervient lors de nombreuses conférences pour éveiller les grands dirigeants à la révolution qui s’annonce. « Je leur parlais du covoiturage qui se développait, du bio qui allait envahir le marché, des canards pour remplacer les pesticides dans la riziculture, de maisons passives bioclimatiques construites avec des déchets, de potagers dans le désert sans intrant avec 80 % d’économie d’eau… J’avais identifié 300 initiatives encore confidentielles mais économiquement viables, répliquables ailleurs dans le monde et à grande échelle, et envisagé de créer un site avec l’UNESCO pour les répertorier. Malheureusement la crise de 2008 est passée par là… »
Militantisme tout-terrain
En parallèle de ses entretiens, Julie Lasne intègre le Mastère Spécialisé en Marketing Management de l'ESSEC Executive Education, « pour acquérir les bases de l'entrepreneuriat ». Son diplôme en poche, elle devient ainsi consultante indépendante spécialisée dans l’environnement, le social et l’éthique. « J’ai travaillé avec ProNatura International sur le charbon vert, l’agroécologie, les sols morts ou le reverdissement du désert en Égypte ; avec l’UICN et le MNHN sur la biodiversité dans le monde ; avec le WWF sur la pêche durable ; avec la FAO (ALLIÉS) et le Ministère de l’Agriculture sur la malnutrition ; avec TBWA Non Profit sur les MST et sur les forêts recyclées ; ou encore avec la FHF sur les violences aux urgences. »
Julie Lasne a particulièrement à cœur de bousculer les certitudes. L’une de ses missions la conduit notamment à établir un lien entre illettrisme… et déforestation. « Tout est parti d’un programme d’apprentissage de la lecture destiné à des femmes des zones rurales en Haïti, qui se sont mises à couper le bois sélectivement et à replanter des arbres dès qu’elles ont été en mesure de lire des traités d’agronomie. »
Car Julie Lasne n’adopte jamais une approche purement passive ou spectatrice. « Je ne me contente pas de communiquer sur un problème ; je mets en œuvre des solutions pour le résoudre et m’implique bien au-delà d’une simple mission de conseil. » Au point parfois de se retrouver dans des situations dangereuses. « Je suis menacée de mort dans certains lieux de green washing que j’ai infiltrés… »
Questions de survie
Au fil du temps, Julie Lasne décide de resserrer son champ d’action sur les animaux. Elle entreprend alors à un Master en Sciences du Comportement. « Objectif : montrer comment l’élimination d’une espèce animale entraîne une réaction en chaîne qui finit par impacter l’homme – seul argument susceptible de faire réagir ce dernier… »
Depuis, elle multiplie les programmes d’études, de protection et de réintroduction des fauves, loutres, orang-outans ou gibbons dans divers pays. Elle collabore en outre avec l’ONG CACH pour dénouer les liens entre certaines industries (tourisme, divertissement, volontariat…) et lestrafics d’espèces animales qui financent jusqu’aux organisations terroristes. Sans oublier son implication dans la récente mission ministérielle sur le bien-être de la faune sauvage captive dans les cirques. « Avec toujours la même optique : changer les pratiques certes, mais en visant un résultat gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes. »
Exemples à suivre
Sa prochaine bataille ? « Je veux réaliser un nouveau concept de films mêlant sciences, terrain, cinéma, communication et vision globale, pour faire connaître au grand public les moyens et solutions pour relever les principaux défis de notre temps en matière d’environnement et de protection de la faune sauvage. Après tout, si nous sommes capables de détruire la planète, pourquoi ne serions-nous pas capable de la sauver ? »
Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni
Paru dans Reflets #129. Pour accéder à l’intégralité des contenus du magazine Reflets ESSEC, cliquer ici.
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