Mardis de l’ESSEC : Jean-Baptiste Lemoyne (E03), Secrétaire d’État aux Affaires étrangères
Distanciation sociale oblige, les Mardis de l’ESSEC ont achevé leur saison 2019-2020 en ligne, avec Jean-Baptiste Lemoyne (E03), Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la Francophonie. Au cœur de la discussion : la relance du tourisme et du commerce extérieur à l’heure de la crise sanitaire et environnementale.
Malgré un contexte difficile, Jean-Baptiste Lemoyne se veut optimiste : « La France vient de détrôner l’Allemagne sur le plan de l’attractivité économique. » Le Secrétaire d’État se réjouit aussi de la signature du traité commercial entre l’Europe et le Mexique. Il assure que de nombreux garde-fous ont été mis en place pour que cet accord n’entre pas en contradiction avec la volonté de relocaliser et de promouvoir la production nationale ; selon lui, « protéger les intérêts de la France ne signifie pas la rendre indépendante des acteurs extérieurs » mais exige plutôt d’établir des relations commerciales pertinentes et raisonnées avec ces derniers.
L’enjeu environnemental n’est d’ailleurs pas oublié dans ces tractations. « Depuis 3 ans, nous œuvrons pour que les accords de Paris deviennent des clauses essentielles de nos accords commerciaux, c’est-à-dire que nous les plaçons au même niveau que les droits de l’homme dans nos exigences. »
Jean-Baptiste Lemoyne cite en exemple les accords avec le Canada, qui incluent un « veto climatique » ainsi que la reconnaissance des indications géographiques protégées (IGP). « Il s’agit d’une véritable rupture avec l’approche américaine, qui valorise plutôt la marque, au détriment de nos terroirs. »
Car les accords commerciaux ne visent pas seulement à faciliter les échanges, mais aussi à les encadrer. Jean-Baptiste Lemoyne évoque notamment des clauses de sauvegarde « qui permettent de lever les préférences tarifaires si on constate qu’elles déstabilisent les filières concernées ». Il cite le cas de la filière bovine, qui craignait un « déferlement » de viande canadienne sur le continent européen, et qui peut constater aujourd’hui que seules « 5000 tonnes environ sont importées chaque année, soit un steak par Européen par an ». À l’inverse, il fait remarquer qu’aucun accord commercial ne nous lie avec la Chine, ce qui ne l’empêche pas d’« inonder nos marchés ».
Quelles conséquences anticipe-t-il sur le long terme pour le commerce extérieur, suite au COVID-19 ? « Je m’attends à un mouvement de régionalisation, à l’échelle de zones comme l’Europe ou l’Afrique », qui permettrait à la fois de relocaliser une partie de la production tout en diversifiant les sources d’approvisionnement et en diminuant l’empreinte écologique des échanges.
Reste la question épineuse du tourisme, secteur reposant sur des déplacements internationaux que la pandémie et le dérèglement climatique remettent tous deux en question. Jean-Baptiste Lemoyne veut croire à un « tourisme plus durable » en France, qui atténuerait ses externalités négatives sans réduire ses retombées économiques pour le pays. Il rappelle que l’État s’est engagé à investir 1,3 milliard d’euros pour réhabiliter les infrastructures touristiques du pays et les aider à réaliser leur transition environnementale. Et il plaide pour que les Français, de même qu’ils souhaitent consommer plus local, se mettent à voyager plus local. « Ne faite pas le tour du monde, faites le tour des régions de France ! » Un moyen à la fois de relancer le secteur, et de contribuer à souder le pays, à un moment où il a plus que jamais besoin de faire front commun.
Débat animé par Mathilde Bernard (E23). Retrouvez l’intégralité du débat sur YouTube et sur lesmardis.fr.
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