Mardis de l'ESSEC : Les francs-maçons en question
Le 12 janvier 2016, les Mardis de l’ESSEC ont accueilli Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France, et Serge Moati, ancien franc-maçon. Deux hommes de l’ombre pour faire la lumière sur la franc-maçonnerie.
C’est l’histoire de la franc-maçonnerie, et à travers elle, ses croyances, qui ont d’abord été débattues. La pluralité des origines de la franc-maçonnerie a été revue et résumée dans son ensemble : les bâtisseurs de cathédrales, le mysticisme chrétien, l’ésotérime médiéval, les Lumières de France et d’Angleterre… Une longue discussion sur la IIIème République s’en est ensuivie : Ferry, l’affaire des fiches, le ministère Combes… Après ce voyage historique à travers les siècles, subsiste une question : cette diversité généalogique expliquerait-elle la plasticité de la pensée franc-maçonne ?
Serge Moati s’en défend : pour lui, la maçonnerie a pour socle commun une sorte de religion universelle sur laquelle tout le monde est d’accord. Brandissant la constitution d’Anderson, il affirme qu’un maçon est obligé d’obéir à la loi morale afin de « n’être jamais un athée stupide ni un libertin irrélegieux ». Le fondement de la maçonnerie serait donc la croyance en Dieu. Un point sur lequel Serge Moati appuie avec insistance, soulignant l’aspect initiatique, moral et spirituel de la franc-maçonnerie, expliquant les traditions et le vocabulaire de celle-ci (loge, atelier, temple, obédience) et témoignant de sa propre pratique – des pages et des pages de rituels à apprendre par cœur.
Daniel Keller, moins radical, rappelle pour sa part l’importance des questions de société dans le travail maçonnique. Il parle de philanthropie et de solidarité, valeurs essentielles selon lui dans l’idéal maçonnique, garantes de la spiritualité humaniste et immanente du mouvement.
Comment concilier cette visée philanthropique et la réputation d’élitisme de la franc-maçonnerie ? Daniel Keller rétorque : la franc-maçonnerie est essentiellement composée de classes moyennes, il y a une diversité sociologique assez exemplaire parmi ses rangs. Et d’ajouter avec humour : « C’est beaucoup plus facile d’entrer en maçonnerie que d’entrer à l’ESSEC ! Tout le monde est bienvenue. »
Sans trop insister sur les parallèles entre les deux institutions, nous pouvons cependant nous accorder à faire nôtre la mission essentielle de la franc-maçonnerie telle que Daniel Keller la définit : « améliorer l’homme et la société ». Alors à nos tabliers et planchons !
Propos recueillis par Clémence de Villepin (étudiante)
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