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Patrice Bonfy (E08), fondateur du Paternel : « Nous vivons une révolution silencieuse de la paternité »

Interviews

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10/04/2018

Patrice Bonfy (E08) vient de lancer le recensement 2018 des entreprises qui aident les hommes à s'impliquer dans leur paternité. L’occasion de le rencontrer pour en savoir plus sur Le Paternel, média digital qu’il a fondé et qui porte l’initiative.

ESSEC Alumni : Quel projet défendez-vous avec Le Paternel ?

Patrice Bonfy : Il y a, en 2018, en France, 2 millions de pères de la Génération Y, ou « Millenials ». Quand on interroge ces pères, via diverses études internationales, on constate 2 principaux points de consensus entre eux, et de rupture avec les générations précédentes.
D’abord, 60 % considèrent être impliqués à égalité dans les tâches de soin et d’éducation des enfants. Et ils trouvent ça normal. Ce n’est pas un acte revendicatif, juste une mise en pratique de la parité, à laquelle ils sont attachés.
Ensuite, 70 % regrettent qu’il manque de contenus pertinents pour eux sur Internet. Cela signifie qu’ils s’impliquent intellectuellement dans leur paternité, se posent des questions, interrogent Google, et n’obtiennent en réponse que des articles qui ont été rédigés pour des femmes, jusque-là principales audiences de ce type de contenus.
Le Paternel veut accompagner et amplifier cette révolution silencieuse de la paternité. Concrètement, cela se traduit par la publication de contenus qui font écho à l’expérience et aux attentes des pères millenials. Par ricochet, ces contenus racontent à une cible plus large ce que vit la nouvelle génération de pères.

EA : S'agit-il d'un média militant ?

P. Bonfy : Il y a une multitude de parcours et d’expériences singulières de la paternité (et de la parentalité). Nous ne souhaitons pas militer pour telle ou telle école, mais plutôt être un catalyseur et un relais de discussion.
Après, en tant que « média digital de la nouvelle génération de pères », Le Paternel est tout de même naturellement engagé sur 2 fronts éditoriaux : la parentalité paritaire (parents impliqués à égalité), parce que, sans pères impliqués, pas de lecteurs, et la parentalité raisonnée (intérêt pour les conclusions de la science et des experts pour les choix d’éducation), sinon, rien à raconter !

EA : Quel est le business model du Paternel ?

P. Bonfy : Le Paternel est un média gratuit, sans sponsor. Nous tirons nos revenus du prolongement sur le terrain de notre mission d’évangélisation de la révolution de la paternité (et de la parentalité) : nous proposons aux organisations un service de Chief Family Officer externalisé, pour les aider à prendre en compte l’expérience et les attentes des parents modernes, dans leur marketing et leur communication.
Nous croyons que la prise en compte de l’expérience parent moderne (vs « uniquement » l’expérience client) est un facteur clef de différenciation et de compétitivité. Et nous sommes convaincus que les entreprises, par la définition de leurs produits et services, par leurs angles de communication, ont un énorme rôle à jouer dans l’amplification de cette révolution de la paternité.

EA : Vous venez en particulier de lancer un recensement des entreprises qui aident les hommes à s'impliquer dans leur paternité. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative ? Comment les alumni peuvent-ils y participer ?

P. Bonfy : Le congé paternité est aujourd’hui sous les feux de la rampe : le gouvernement étudie son allongement ; quelques entreprises font la une des médias en annonçant la mise en place de congés paternités rémunérés de 6 à 15 semaines. Clairement, c’est un moment clef pour l’implication d’un père dans le soin et l’éducation des enfants, et Le Paternel est sans concession pour son prolongement.
Mais nous avons décidé d’aller plus loin en partant à la rencontre des entreprises pour découvrir des initiatives peut-être plus faciles à mettre en œuvre, et qui ont déjà un impact important sur les collaborateurs jeunes papas. Notre but avec ce recensement est d’interviewer un maximum de responsables RH et/ou dirigeant(e)s pour avoir une vision large des dispositifs permettant d’accompagner les jeunes papas (et parents) et de leur impact sur les collaborateurs. Au fur et à mesure de notre recensement, nous publierons des articles pour raconter nos découvertes. Puis nous éditerons, début 2019, un guide complet des dispositifs d’aide à la parentalité des collaborateurs d’une entreprise. Tous ces contenus mentionneront, si elles le souhaitent, les entreprises avec lesquelles nous discutons. Si vous êtes intéressé par la démarche, vous pouvez vous inscrire ici !
À terme, nous envisageons de développer une version RH de notre service de Chief Family Officer externalisé. Mais pour l’instant, nous sommes dans la découverte et le partage.

EA : Quels autres outils que le congé paternité peut-on utiliser pour équilibrer les rôles entre les parents ? L'évolution sur ces sujets doit-elle forcément passer par les gouvernements et la loi ?

P. Bonfy : On le voit, le rééquilibrage des tâches de soin et d’éducation des enfants est apparu spontanément dans la nouvelle génération de parents. L’évolution éventuelle du congé paternité sera une réponse aux attentes exprimées par la nouvelle génération de pères et de mères. Le gouvernement et la loi ne font qu’accompagner, et éventuellement amplifier, des évolutions sociales déjà engagées.
Les moteurs de cette évolution sont multiples et variés. Encore un beau territoire d’exploration éditoriale pour Le Paternel ! Mon intuition personnelle, à creuser, est que les outils digitaux, en diminuant les barrières à l’entrée dans les tâches de parentalité (trouver des informations sur la gestion de telle ou telle situation, commander en ligne des couches et autres produits, gérer des services comme la réservation d’une babysitter dans une appli, etc.), jouent un rôle majeur dans le rééquilibrage des rôles entre les parents.

EA : Vous positionnez votre média sur le rôle du père, mais vous parlez plus encore de parentalité. Y a-t-il une différence pour vous entre paternité et maternité ?

P. Bonfy : Le Paternel tutoie le père nouvelle génération pour l’encourager à s’immerger sans complexe dans son rôle de parent. Le ton et les angles sont adaptés pour que le lecteur père se sente « inclus », mais le thème est plutôt la parentalité, en général, qu’une vision particulière de la paternité.
Les questions du rôle du père et de la mère sont nombreuses et passionnantes. Nous les aborderons au fil de la ligne éditoriale du Paternel, avec le moins de parti pris possible, en donnant la parole à la science, aux experts et aux expériences singulières.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)

 

En savoir plus :

www.lepaternel.com

 

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